- Penitence de Canossa
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Pénitence de Canossa
Le 24 janvier 1076[1], le pape Grégoire VII ayant refusé que les évêques soient nommés par des laïcs, le roi Henri IV, futur empereur germanique, fait prononcer la déposition du souverain pontife par le concile de Worms. Peu après (février 1076), le pape réplique en excommuniant le souverain germanique, et en déliant les vassaux de celui-ci de leur serment de fidélité.
Les princes du royaume se révoltent et en octobre 1076, à Trebur, menacent de déposer Henri IV si l’excommunication n'est pas levée avant le 2 février 1077 date pour laquelle ils demandent aux deux belligérants de se rendre à Augsbourg. Dans cette ville, lors d'une diète générale d'empire présidée par le pape, ils pourront prendre une décision définitive après les avoir entendus tous les deux[2].
Henri doit absolument agir avant que le pape ne vienne à Augsbourg. Au plus fort de l’hiver, il lui faut traverser les Alpes ; le col du Brenner est le chemin le plus facile en raison de sa faible altitude mais il est fermé par les princes du sud ; il passera par le col du Mont-Cenis, qu’aucun souverain n’avait plus emprunté depuis près de deux siècles.
Le moine chroniqueur Lambert d'Hersfeld, adversaire convaincu d'Henri IV, écrit ceci dans ses Annales :
« Les montagnes élevées dont les cimes touchaient les nuages, et par lesquelles passaient le chemin, étaient couvertes de masses de neige et de glace tellement monstrueuses qu’aucun cavalier, aucun homme à pied ne pouvait faire un pas sans danger sur les pentes raides et glissantes… Le roi loua donc quelques personnes qui connaissaient le terrain, des gens du cru, familiers des sommets abrupts, pour marcher devant sa suite sur les rochers escarpés et les immenses névés, et faire tout ce qui était possible pour rendre cet horrible chemin plus facile à parcourir pour ceux qui les suivaient. Ceux-ci avançaient tantôt à quatre pattes, tantôt en s’agrippant aux épaules de leurs guides, parfois le pied de l’un deux dérapait sur le sol verglacé, il tombait en glissant sur une bonne partie de la pente. Cependant, la reine et sa cour furent assises sur des peaux de bœuf et traînées par les guides de montagne. Les chevaux ont pu être, pour une partie d’entre eux, descendus à l’aide de dispositifs spéciaux, tandis que d’autres étaient tirés par les pattes qu’on leur avait attachées. Mais parmi ceux-ci beaucoup succombèrent, beaucoup furent gravement blessés, quelques-uns seulement sortirent indemnes de ce péril »La suite des écrits de Lambert d'Hersfeld, source principale de ces événements, nous dit que le pape, en apprenant l'arrivée d'Henri IV, se réfugie au château de la comtesse Mathilde de Toscane à Canossa, une bourgade située à vingt kilomètres au sud-ouest de Reggio d'Émilie. Devant les remparts, pieds nus dans la neige et vêtu seulement d’une cotte de laine comme un pénitent, le roi Henri attend trois jours et trois nuits dans le froid. Jamais un roi ne s’était à tel point humilié. Mais son stratagème réussit, en apparence du moins : Grégoire VII n’a d’autre choix, le 28 janvier 1077, que d’accueillir le pénitent repenti dans le giron de l’Église – le risque que le roi soit déposé était pour l’instant écarté.
La vérité historique souffre cependant de l'esprit partisan de Lambert d'Hersfeld envers le pape Grégoire VII. Ainsi l'encyclopédie allemande Meyers[3] juge que « son portrait d'Henri IV est l'une des plus lourdes calomnies portées contre cet ennemi du pape, et n'est donc pas juste ».
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Henri Tribout de Morembert Le diocèse de Metz, 1970, p. 35
- ↑ La papauté au Moyen Âge Revue des deux mondes, p. 602
- ↑ Cf. Meyers Konversationslexikon, éd. de 1888
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