Paul de Magallon

Paul de Magallon est une des grandes figures spirituelles de l'Ordre de saint Jean de Dieu. Né à Aix-en-Provence en 1784, Paul restera attaché à sa terre natale. En témoigne sa dévotion aux saints vénérés dans cette région : sainte Marie-Madeleine, saint Victor, saint Ferréol ou saint Lazare.

D'une famille aristocrate, il est condamné à l'exil pendant la période révolutionnaire ; il est élevé à la Cour de Prusse.

Devenu militaire, il est capitaine d'Empire dans les armées napoléoniennes. Lors de la campagne de Russie, il aspire déjà à un engagement religieux et songe un instant se faire dominicain.

Sous la restauration, il devient enseignant à l'Ecole polytechnique ; il fréquente l'élite catholique de son temps. Il se passionne alors pour saint Augustin, il en recommande la lecture à son frère. Paul se sent proche du brillant rhéteur devenu chercheur de Dieu.

A cette époque, il s'imprègne également de la spiritualité ignatienne, il intègre la Congrégation de la sainte Vierge (embryon à partir duquel la Compagnie de Jésus renaît en France) ; celle-ci rassemble des jeunes hommes désireux de penser et de vivre leur foi.

Dans l'esprit de cet engagement, Paul visite les malades dans l'hôpital de la Charité, la rencontre des malades dans cette ancien maison des Frères de saint Jean de Dieu constitue sans doute un bouleversement dans sa vie intérieure.

Mais c'est à Marseille qui sera son chemin de Damas. Il y rencontre en effet, Frère Hilarion avec qui il réalise la restauration de l'Ordre, en fondant des asiles d'aliénés et des centres de soins.

On a vu plus haut l'impact tout à fait exceptionnel de son engagement apostolique. Où donc puise-t-il sa force ?

Paul est un être brûlé par la Charité : il aime cette prière : "allume en nous Seigneur le feu de ton amour et la flamme de ton éternelle charité".

Sa communion avec le Christ se réalise essentiellement par la contemplation eucharistique. Pour Paul, l'Eucharistie est l'une dilatation de Charité. Son adoration lui donne de reconnaître toute la tendresse et l'amour du Christ.

Le deuxième lieu de son ressourcement est la méditation de la Parole de Dieu. Paul affectionne particulièrement la prière des psaumes et la contemplation du ministère de compassion du Christ.

En religieux augustinien, Paul trouve l'unité de tout son être dans la Charité : unité de sa vie contemplative et de sa vie apostolique.

Lors d'un voyage en Algérie où il souhaite fonder un hôpital, Paul se recueille sur la tombe de saint Augustin et en ramène un brin d'olivier qu'il plante à son retour dans le parc de l'hôpital de Lyon.

Après avoir restauré l'Ordre en France, il est nommé assistant général de l'Ordre à Rome, il fréquente alors l'univers de la cour pontificale ; il est apprécié du Bienheureux Pie IX qui déclarera en apprenant sa mort : le Père de Magallon, quel saint !

Lors de ses voyages, il manque pas de s'arrêter dans les sanctuaires mariaux : Notre Dame de Garde, Notre Dame de Lorette, Notre de Fourvière. Paul recommande à ses Frères de souvent penser à l'humilité de Marie.

Cet homme qui fréquente les grands de son temps, ecclésiastiques ou hommes publics, reste d'une profonde humilité en toute circonstance. Ainsi termine-t-il souvent ses lettres par la formule : votre très indigne petit frère.

Au terme de sa vie, il séjourne à Lyon dans le premier hôpital qu'il a créé pour les aliénés. Plus que jamais, il reste animé par un élan missionnaire. Il aime à méditer le chapitre 5 de l'Evangile de Luc : Avance au large ! et jetez les filets pour prendre du poisson. "Ces versets écrit-il sont conformes aux résolutions prises pour ma réforme personnelle et celle de notre institut religieux et hospitalier".

Il meurt à Lyon, le 14 juillet 1859.