- Aristobule De Cassandréia
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Aristobule de Cassandréia
Pour les articles homonymes, voir Aristobule.Aristobule de Cassandréia (en grec ancien ᾽Αριστόρουλος / Aristoboulos), né vers 380 av. J.-C., mort vers 290, contemporain d’Alexandre le Grand et des diadoques, il a rédigé des Mémoires, aujourd’hui perdues, source historique de premier plan au sujet des conquêtes d’Alexandre.
Sommaire
Biographie
Né en Macédoine vers 380 av. J.-C., Aristobule a été ingénieur et architecte dans l’armée macédonienne pendant la conquête de l’empire perse. Après la mort d’Alexandre en 323, il retourne en Macédoine et s’installe dans la cité de Cassandréia, fondée par synœcisme sur le site de l'ancienne Potidée en 316. Il serait mort à l’âge de 90 ans.
Œuvre
À l’âge de 84 ans[1], Aristobule entreprend de publier un récit de la conquête d'Alexandre bien qu'il commence visiblement à rédiger un compte-rendu de la conquête dès le règne d'Alexandre. Publiées dans la période 305-295, ses Mémoires, et celles de Ptolémée, inspirent plus tard Arrien dans l’Anabase et Plutarque dans la Vie d’Alexandre. Elles représentent une tradition historique différente de celle de Clitarque (dont est issue la Vulgate d'Alexandre), même si ce dernier semble avoir consulté l'ouvrage d’Aristobule au moment d’achever la dernière partie de son Histoire d’Alexandre. Considéré comme un témoin digne de foi par les anciens et les modernes, malgré quelques affabulations, Aristobule a pu rendre compte de la complexité des opérations militaires menées par Alexandre. Son œuvre est souvent citée par Athénée dans les Deipnosophistes, par Strabon dans la Géographie (surtout pour les descriptions de l’Orient et l'Inde) ainsi que par Plutarque dans sa Vie Alexandre. Arrien, dès les première lignes de l'Anabase, montre le crédit qu'il accorde à Aristobule :
« Dans l’ouvrage qu’ils ont consacré chacun à Alexandre, fils de Philippe, il y a des passages où Ptolémée fils de Lagos, et Aristobule fils d’Aristobule, sont tous deux d’accord : ces passages-là, je les suivrai dans mon récit comme entièrement véridiques; mais, où ils divergent, je choisirai la version qui me paraîtra la plus digne à la fois d’être crue et d’être mentionnée. Il existe, c’est certain, des ouvrages variés sur Alexandre, et il n’y a pas un personnage qui ait suscité plus d’historiens et de témoignages contradictoires; mais Ptolémée et Aristobule m’ont semblé les plus dignes de foi dans leur exposé des faits, l’un Aristobule, parce qu’il a pris part à l’expédition du roi Alexandre, l’autre Ptolémée, parce qu’il a non seulement pris part à l’expédition mais que, roi lui-même, il était plus déshonorant pour lui de mentir; en outre, vu qu’ils ont écrit tous les deux après la mort d’Alexandre, déformer les faits n’était pour eux ni une nécessité ni une source de profit. »— Arrien, Anabase, préface.
Toutefois l'œuvre d'Aristobule a aussi été jugée dans l'Antiquité comme étant trop favorable à Alexandre et même assimilée à de la flatterie. Si Aristobule constitue sans doute une source riche et fiable, nul doute cependant qu'il eut à cœur de défendre la figure d'un roi que des pamphlets ont attaqués après sa mort[2]. Selon Lucien de Samosate, Aristobule aurait par exemple inventé l'épisode du combat singulier entre Alexandre et Pôros à la bataille de l'Hydaspe[3]. Lucien déclare en effet :
« C'est ainsi qu'Aristobule, ayant décrit le combat singulier d'Alexandre et de Porus, et lisant spécialement au roi ce morceau de son ouvrage, dans l'espoir qu'il lui concilierait surtout la faveur du prince, en raison des mensonges qu'il avait inventés pour rehausser la gloire d'Alexandre, et de l'exagération qu'il avait donnée à ses exploits réels, le roi prit le livre et le jeta dans l'Hydaspe, sur lequel ils se trouvaient naviguer, ajoutant : Je devrais, Aristobule, t'y jeter aussi la tête la première, pour t'apprendre à me faire soutenir de pareils combats et tuer des éléphants d'un seul coup de javelot. »— Lucien de Samosate, Comment écrire l'histoire, 12.
Notes
- ↑ La mention de l'âge provient de Lucien de Samosate, Macrob. 22.
- ↑ J. Auberger, Historiens d'Alexandre, Paris, 2001, pp. 366-367.
- ↑ Cet épisode a été repris par Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée [détail des éditions] [lire en ligne], 12, 8.
Sources
- Pour les fragments des Mémoires voir Felix Jacoby, Fragmente der griechischen Historiker, II B, 139, 1923-1930.
Bibliographie
- (en) Lionel Pearson, The Lost Histories of Alexander the Great, American Philological Association, 1960, p.150-187 ;
- Paul Pédech, Historiens compagnons d'Alexandre : Callisthène, Onésicrite, Néarque, Ptolémée, Aristobule, Collection d'Études Anciennes, 1984 ;
- Janick Auberger, Historiens d'Alexandre, Les Belles Lettres, Paris, 2001, pp. 366-451 (traduction des fragments avec texte bilingue).
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