Nurhachi

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D'origine mandchoue, Nurhachi (努爾哈赤, Nǔ'ěrhāchì ; mandchou : Nurhaci1.png ; 1559-1626) réalisa l'unité des tribus Jurchen et fonda la dynastie des Jīn postérieurs (後金 Hòu Jīn). Celle-ci devait devenir ensuite la dynastie Qing, qui fut la dernière dynastie d'empereurs de Chine.

Sommaire

Importance historique

L'unification des tribus mandchoues Jurchen réalisée par Nurhachi fut à la base des succès remportés par ses successeurs.
Huang-Taiji, l'un de ses fils, lui succéda et réforma l'organisation de l'armée manchoue en créant en particulier un corps d'artillerie, brisant ainsi la résistance des armées chinoises de la dynastie des Ming.
Ceci permit au successeur de Huang-Taiji, Shunzhi, de renverser la dynastie Ming et de la remplacer sur le trône de Chine par la dynastie des Jin postérieurs, sous le nouveau nom qu'elle s'était donné entre temps de dynastie Qing.
Cette dynastie fut d'ailleurs la dernière à occuper le trône de Chine. Elle régna sur la Chine de 1644 (après la chute des Ming) à 1912[1], lorsque le dernier empereur Puyi (Pǔyí 溥儀) fut renversé pour faire place à la République de Chine.

Biographie

Nom

Nurhachi en Mandchou

Nurhachi est né dans le clan des Gioro, membre de l'ethnie des Jurchen.

C'est Nurhachi lui-même qui, en 1612, rebaptisa son clan Aisin Gioro (chinois : Àixīn Juéluó 爱新觉罗), ajoutant le premier mot Aisin, qui veut dire « or », ou « d'or » en Mandchou. Le mot chinois désignant l'or est Jin, ce qui explique pourquoi la dynastie fondée par Nurhaci prit le nom de « dynastie Jin ».
Dans les archives de la dynastie des Ming, ce clan était désigné par le caractère dong .

Les débuts

Nurhachi naquit en 1558. Sa famille trouvait son origine dans une région qui fait aujourd'hui partie de la Corée du Nord. Selon des sources chinoises, le jeune homme passa ses premières années comme soldat à Fushun, où il apprit le chinois.

En 1582, son père Taksi et son grand-père Giocangga furent tués lors d'une attaque par un chef Jurchen rival, Nikan Wailan, alors qu'il était conduit par le général chinois Li Chengliang, au service de la dynastie des Ming.

Unification des tribus Jurchen

L'année suivante, Nurhachi commença à unifier les tribus Jurchen ; lorsqu'il fut âgé de 25 ans, il décapita Nikan Wailan à Tulin, pour venger la mort de son père et de son grand-père, dont on dit qu'ils ne lui avaient laissé que treize armures pour toute fortune.

En 1593, les neuf tribus alliées des Yehe, Hada, Ula, Hoifa, Khorchin, Sibe, Guwalca, Jušeri, et Neyen attaquèrent Nurhachi, mais furent totalement écrasés à la bataille de Gure.

De 1599 à 1618, Nurhachi s'engagea dans une longue campagne pour conquérir les quatre tribus Hulun. En 1599, il attaqua les Hada, qu'il soumit finalement en 1603. En 1607, ce fut au tour de la tribu Hoifa d'être vaincue, suivis par les Ula en 1613, et enfin par les Yehe, vaincus à la bataille de Sarhu en 1619.

En 1599, il fit créer l'écriture mandchoue par deux de ses traducteurs, Erdeni Bagshi et Gagai Jarguchi, à partir de l'alphabet mongol, ce qui permit de mettre au point un alphabet mandchou de 24 lettres.

En 1606, il reçut des Mongols le titre de Kundulun Khan, « l'Empereur Respecté ».

En 1616, Nurhachi se proclama Khan (roi) et fonda la dynastie Jin, souvent appelée dynastie des Jin postérieurs. En effet, la dynastie des Jin du XIIe siècle avait également été formée par les Jurchen, et Nurhaci montrait ainsi qu'il se considérait en quelque sorte comme l'héritier de cette lointaine lignée. C'est son fils Huang Taiji qui rebaptisa la dynastie des Jin postérieurs en « dynastie Qing » après sa mort, ce qui fait que l'on considère souvent que Nurhachi est le fondateur de la dynastie des Qing, même si elle n'a régné sur la Chine qu'à partir de 1644, après la chute des Ming.

Il construisit un palais à Mukden (aujourd'hui Shenyang) dans la province de Liaoning.

Lutte contre la dynastie chinoise des Ming

En 1618, Nurhachi fit établir un document intitulé les Sept Grandes Causes d'irritation, dans lequel il énumérait sept récriminations contre les Ming, ce qui l'amena à se rebeller contre l'autorité de la dynastie Ming. La majorité de ces récriminations portait sur les conflits avec les Yehe, et le favoritisme dont les Ming faisaient preuve à l'égard des Yehe.

Nurhachi mena de nombreuses opérations militaires victorieuses contre la dynastie Ming, les Coréens, les Mongols, et d'autres clans Jurchen, élargissant son territoire de façon considérable.

Finalement, au cours de l'année 1626, Nurhachi subit la première défaite militaire sérieuse de sa vie lorsqu'il affronta le général chinois Yuán Chónghuàn. Nurhaci fut, pense-t-on, blessé par l'artillerie portugaise de Yuán Chónghuàn à la bataille de Ningyuan. Incapable de se remettre, à la fois sur le plan physique et sur le plan moral, il mourut quelque temps plus tard (l'histoire officielle est très imprécise à ce sujet) dans la petite ville de De-A Man (靉福陵隆恩門), le 30 septembre (?) 1626, à l'âge de 68 ans. Sa tombe se trouve à l'est de Shenyang.

La succession de Nurhachi

Ce fut le huitième fils de Nurhachi, Huang Taiji, qui lui succéda. On raconte que Huang Taiji s'empara du trône en obligeant l'épouse de son père, Abahai, à se suicider, de façon à empêcher que ce soit son frère cadet, Dorgon, fils d'Abahai, qui monte sur le trône.
La raison de cet acte était que Nurhachi avait laissé le commandement des deux Bannières d'élite, les « Bannières Jaunes », à Dorgon et à Dodo, tous deux fils d'Abahai. Huang Taiji échangea le commandement de ses deux « Bannières Blanches » contre celui des deux « Bannières Jaunes », s'assurant ainsi de leur appui pour conquérir le trône ; en obligeant par ailleurs Abahai à se suicider, il privait ainsi de tout soutien Dorgon, âgé de 15 ans, et Dodo, âgé de 14 ans.

Organisation militaire

Nurhachi sut très vite s'allier avec les tribus mongoles, non seulement pour éviter de devoir les combattre alors qu'il affrontait la Chine des Ming, mais aussi pour s'appuyer sur leurs qualités guerrières, bénéficiant en particulier de leur expérience légendaire en matière d'archers à cheval.
Il consolida cette alliance par d'habiles mariages entre mandchous et mongols, favorisant les tribus mongoles qui s'y prêtaient et soumettant les autres.

Par ailleurs, l'une des réalisations les plus durables que Nurhachi légua à ses descendants fut l'établissement de ce qu'on a appelé le système des « Huit Bannières », qui devaient sceller l'unité du peuple mandchou, et finalement constituer la colonne vertébrale de la puissance militaire de l'empire Qing.
Nurhaci créa initialement quatre « Bannières » (jaune, bleue, blanche et rouge), qu'il dédoubla ensuite en huit « Bannières », à partir de 1615.
Le statut des Bannières ne changea pas de façon significative pendant le règne de Nurhachi, ni d'ailleurs sous ses successeurs, restant essentiellement sous le contrôle de la famille royale :

  • Les deux corps d'élite que constituaient les « Bannières Jaunes » étaient toujours sous le contrôle direct de Nurhachi lui-même.
  • Les deux « Bannières Bleues » étaient sous le commandement du frère de Nurhachi, Surhachi, jusqu'à sa mort, après laquelle les deux « Bannières Bleues » furent confiées aux deux fils de Surhachi, Chiurhala et Ah Ming.
  • Le fils aîné de Nurhachi, Chuyin, contrôla la « Bannière Blanche » pendant la plus grande partie du règne de son père, jusqu'à ce qu'il se rebelle. La « Bannière Blanche à Bordure » fut alors confiée au petit-fils de Nurhachi et la « Bannière Blanche Unie » fut donnée à son huitième fils, son héritier, Huang Taiji. Cependant, à la fin du règne de Nurhachi, c'est Huang Taiji qui contrôlait les deux « Bannières Blanches ».
  • Enfin, les « Bannières Rouges » furent confiées à Daishan, second fils de Nurhachi.

Premiers souverains de la famille Aisin Gioro

Premiers souverains mandchous de la famille Aisin Gioro (Àixīn Juéluó)
Nom de règne (posthume) Nom personnel Règne Titre
Giocangga  ?-1582 Chef de tribu Jurchen
Taksi  ?-1582 Chef de tribu Jurchen
Tiānmìng Nurhachi 1582-1626 Chef de tribu Jurchen jusqu'en 1616, puis Khan des Jin postérieurs jusqu'en 1626
Tiāncōng Àixīn Juéluó Huáng Tàijí 1626-1643 Khan des Jin postérieurs
Shunzhi Àixīn Juéluó Fúlín 1643-1661 Khan des Jin postérieurs, puis premier empereur de Chine de la dynastie Qing, à partir de 1644
Kangxi Àixīn Juéluó Xuányè 1661-1722 Empereur de Chine de la dynastie Qing

Le dernier souverain fut bien évidemment Aisin Gioro Puyi, « le Dernier Empereur ».

Sources historiques

Les informations dont nous disposons sur la biographie de Nurhachi proviennent de diverses sources :

  • des ouvrages de propagande mandchous édités plus tard, tels que Les Véritables chroniques mandchoues (en chinois : Mǎnzhōu Shílù 滿洲實錄, en mandchou : le Yarkiyang Kooli).
  • de sources d'époque fiables, et en particulier celles que l'on trouve dans les documents coréens d'époque. Ainsi par exemple, de nombreuses informations concernant l'ascension de Nurhachi vers le pouvoir ont été préservées dans des documents coréens tels que Les Véritables chroniques de la dynastie Joseon (Joseon Wangjo Sillok 朝鮮王朝實錄), en particulier le Seonjo Sillok et le Gwanghaegun Ilgi.
  • des chroniques écrites en mandchou et remontant à l'époque de Nurhachi, car elles ont survécu. Une transcription révisée de ces chroniques avait été établie à la demande de l'empereur Qianlong ; elle a été elle-même traduite en japonais, sous le titre Manbun roto, et en chinois, sous le titre Manwen laodang. Un projet serait en cours à l'université de Harvard pour en établir une traduction anglaise, sous le titre The Old Manchu Chronicles.

Autres

Nurhachi au cinéma

Dans le film de 1984 Indiana Jones et le temple maudit, Indiana Jones s'efforce, lors de la scène d'ouverture, d'échanger l'urne ciselée contenant les cendres de Nurhachi (qu'il a réussi à se procurer) contre un énorme diamant.
Dans la réalité, Nurhachi fut enterré à Fuling, « la Tombe de l'est », située dans une région boisée à 8 kilomètres environ à l'est de Mukden (Shenyang).

Notes et références

  1. Note : La république est proclamée le 10 octobre 1911, lors de la révolte de Wuchang. Mais la République de Chine ne sera proclamée à Nankin qu'en Janvier 1912, par Sun Yat-sen. D'où parfois une hésitation sur la date exacte de la fin de la dynastie Qing.

Voir aussi

Articles connexes

Sources



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