Notre prison est un royaume

Notre prison est un royaume

Notre prison est un royaume est un roman de Gilbert Cesbron paru en 1948 aux Éditions de la Jeune Parque. Cet ouvrage obtient le prix Sainte-Beuve.

Sommaire

Personnages

  • François Voisin, dit Athos : naïf, enfantin, poète, enrage de n'être qu'un enfant qui croit aux grandes personnes, selon Pascal et Fieschi (p.200) Livre de poche, R Laffont 1952)
  • Pascal Delange, dit Aramis : beau, blond, pour lui, la vie ne se limitait pas au lycée ; il se moquait gentiment de François dès qu'"il mêlait les profs à leurs jeux "(p.11 ibidem)
  • Jean-Jacques Hardrier, dit Rouquinoff, dit Porthos : roux, mystérieux, un peu débauché, poète
  • Alain Fauchier-Delmas, dit D'Artagnan : vantard, intrépide, loyal
  • Fieschi : à la différence de Pascal "très brun,cheveux bouclés courts, lèvres luisantes mais le même air tranquille et sûr" (P.29, Livre de Poche, Robert Laffont 1952). Il représente le double -peut-être négatif- de Pascal. Il sera, selon Barberousse, le pion renvoyé, "l'ange ou le démon" de François (p.239)
  • Le Colonel et Madame Delange : les parents de Pascal
  • Sylvie : la cousine de Pascal

Résumé

Le Roman commence sur la dernière semaine des vacances d’été, entre les deux guerres. On fait connaissance avec François Voisin, le personnage principal de ce roman. François a 3 amis, qu’il se réjouit de retrouver à la rentrée, Pascal Delange, son meilleur ami qu’il admire énormément, Jean-Jacques Hardrier, dit Rouquinoff, et Alain Fauchier-Delmas. À eux 4, ils se considèrent comme les 4 mousquetaires.

Quelques jours avant la rentrée, François se rend au lycée pour voir les listes des classes. C’est là qu’il revoit le concierge du lycée, toujours défini par « pch pch pch » une façon de montrer qu’il parle avec un accent. C’est également ce jour-là que François revoit Alain, qui lui fait découvrir une cave, sous le bureau du proviseur, une cave qu’ils vont aménager à leur manière avec des tapis, des coussins, mais surtout avec des bouteilles et des cigares qui vont leur apporter passablement d’ennuis. François la nomme Bételgeuse, en hommage à Pascal qui rêve d’un bateau qui s’appellerait Bételgeuse. C’est l’une des nombreuses fois où on peut s’apercevoir de l’admiration de François pour Pascal.

Fieschi s’impose immédiatement dans la classe en refusant de se faire attribuer un surnom comme tous les autres, c’est ce qui le démarquera toujours. Ce même jour, le censeur vient dans leur classe donner un rendez-vous dans le bureau du proviseur aux 3 Mousquetaires. C’est là que le début de « l’aventure » du roman commence. Ils apprennent que leur ami Pascal vient de mourir. Un banal accident d’après le proviseur, mais François apprend par la bonne de Pascal, le jour de l’enterrement, que son meilleur ami n’a pas eu un accident, mais qu’il s’est suicidé. C’est le choc. Évidemment, François le confie à ses deux amis, c’est là qu’ils décident d’aller voir le père de Pascal pour savoir les raisons de son acte. Le père de Pascal est Colonel dans l’armée, il leur faut donc se rendre à la caserne où ils se perdent et finissent par renoncer à trouver leur homme. Pourtant, François, dont Pascal était quand même le meilleur ami, refuse de laisser tomber et compte toujours découvrir ce qui a poussé Pascal à se suicider.


Thèmes

Amitié

D’un bout à l’autre, ces 3 amis qui se considèrent comme les Mousquetaires, voient leur amitié évoluer comme eux-mêmes évoluent. Ils font leurs 400 coups ensemble, ils sont comme les doigts de la main. C’est l’âge où les amis prennent toute la place dans la vie d’adolescents. Mais c’est aussi à cet âge-là que l’on apprend à ne pas toujours se fier aux autres, même à ceux que l’on croit être de vrais amis. Pascal croit en Alain et Jean-Jacques et la mort de Pascal les rapproche presque plus, se sentant concernés par ce qui lui est arrivé, mais François apprendra à ses dépens que même eux ne sont pas les plus avisés dans cette histoire. Et que ce ne sont pas forcément eux les vrais amis qu’il a. On découvre à la fin du Roman que Hardrier y est pour quelque chose dans la mort de Pascal et que Fieschi, le garçon que François détestait est peut-être l’ami qu’il recherchait depuis la mort de Pascal. La seule conversation entre ces deux derniers montre « la graine de la discorde » que Fieschi insère en François à propos de l’amitié (réf. pages 256-257 )

Mort

Thème récurrent, on le retrouve partout, surtout dans les réflexions de François qui devient très mélancolique à la mort de Pascal. L'extrait le plus parlant est celui de l'annonce de la mort de Pascal par le proviseur (réf. pages 47-48 ).

Adolescence

Dans ce roman, on est confronté à 4 adolescents de 15 ans qui découvrent la vie chacun de leur façon. Comme tous les ado, certains sont plus naïfs, d’autres plus précoces et ils vivent ces étapes de leur existence comme des aventures extraordinaires. François en particulier se sent encore un enfant et ne le supporte pas, il voudrait être un homme comme Alain ou Jean-Jacques, bref il complexe (réf. pages 11 et 12-13 )

Découverte

L’année racontée par Cesbron dans ce roman est très riche en découvertes pour ces trois amis, pas forcément toujours gaies, parfois dures, mais nécessaires. François découvre ces choses de la vie qu’il croyait anodines. Il perd cette naïveté qui le caractérisait au début du roman, exemple à la page 68, n°3o. Ce sont effectivement, les découvertes des « choses » de la vie, des nouvelles expériences que font ces 3 amis dans ce roman. Confrontés chacun à des situations différentes, plus ou moins dures, ils apprennent à gérer, supporter et vivre ces instants qui leur seront bénéfiques pour l’avenir, ne serait-ce que pour en avoir des souvenirs. Un passage à propos de François l'illustre, car c’est celui qui est resté le plus naïf et qui en apprend le plus durant ce roman. Deux extraits expriment bien cela, le premier à propos des relations sexuelles, le second à propos de l’armée (réf. pages 25 et 87-88 ).

Relations

C’est également l’un des sujets qui apparaît dans ce roman. Différentes relations qui évoluent, soit entre amis, entre professeurs et élèves, entre personnes inconnues. Chacun d’entre eux se rend compte au long de cette année que ce qu’il croyait acquis comme relation ne l’est pas toujours et que les gens détestés sont peut-être plus proches de nous que nos propres amis. Ce sont des relations émotionnelles fortes qui sont vécues, en amitié, en haine ou en compassion. Un exemple est la relation entre Alain et Meunier, un surveillant, lorsqu’il découvre la mer après avoir volontairement pris le mauvais train : (réf. page 171 ). C’est l’un des exemple de ces instants fragiles entre deux personnes qui se découvrent.

Style

Cesbron sait toujours trouver les mots qui touchent, qui font réagir.

  • Il adopte souvent un style poétique qui donne une dimension terriblement mélancolique à son roman, un exemple à la page 29. Ses protagonistes sont des poètes en herbe qui rêvent beaucoup.
  • Cesbron aime aussi beaucoup jouer « sur plusieurs pages », en quelques mots, il écrit une simple phrase, qu’il reprend 2 ou 3 pages plus loin ou plus discret fait des références à une phrase 50 pages plus loin.


Intertextualité et citations

Gilbert Cesbron joue de l'intertextualité et des citations de manière très originale : le titre du premier chapitre donne le ton  : "Chateaubriand a, primo...". C'est une plaisanterie de Pascal à l'égard de François, trop scolaire à son avis, réutilisée, comme canular par Alain Delmas, la veille de la rentrée. Nous sommes donc plongés dans l'univers des potaches et d'emblée, l'enjeu du récit est suggéré : François se détachera-t-il de l'enfance ? Au début de l'intrigue, alors qu'il ignore la mort de son ami, François reçoit de lui un message -d'outre-tombe ?-portant ces seuls mots :

“L'automne vaste et l'été fastueux

L'un c'est le Roi, et l'autre, Monsieur...” (p.10, livre de Poche, Robert laffont, 1952)

Or François pensait précisément à définir L'automne et c'est presque sans y réfléchir qu'il répond :

« l'été dit à l'automne :


Quel bon vent vous amène ?» (P.12), livre de poche Aussi la banalité du quotidien est-elle parasitée par l'intrusion du hasard, par l'irrationnel (on pense à l'écriture automatique, au jeu du cadavre exquis des surréalistes)Au chapitre III, quelques jours après l'annonce de la mort de Pascal, François va découvrir "Une jolie histoire", celle de Sylvie de Gérard de Nerval :quelques citations de l'œuvre vont ponctuer la lecture qu'il en fait, entrecoupés grotesquement, de passages de Nick Carter, lus par un élève chahuteur. Sylvie, c'est le prénom de la cousine de Pascal,qui a joué à le désespérer, le poussant ainsi à se suicider. -“Sylvie, dis-je, arrêtons nous ici, sauvez-moi”,cette phrase trouvera un étrange écho au chapitre X .

C'est dans le domaine religieux que les citations sont les plus riches, à commencer par le titre, polysémique qui rapproche l'ici-bas, le lycée, du "Royaume des Cieux ". Rapprochement développé au chapitre VI : "Les bons élèves à sa droite et les mauvais à sa gauche". Ce titre parodie le Credo et la scène du jugement dernier : le 28 janvier, jour de la Saint-Charlemagne, les meilleurs élèves sont récompensés par un goûter dont sera évincé Alain. Pour se venger, celui-ci sabote la journée : le chahut aboutira au renvoi temporaire d'Alain, et à celui, définitif, du surveillant Barberousse : dérisoires récompenses, détournement des valeurs, le désordre, la division (diabolique ?) l'emportent sur l'harmonie et la justice divine ! Curieusement, le titre de l'avant-dernier chapitre (IX) "... est descendu aux enfers, est monté aux cieux... " modifie quelque peu la prière du Credo: "a été enseveli, est monté aux cieux le troisième jour.. "Si le Christ n'est pas descendu aux Enfers, tel Énée ou Ulysse, c'est un peu le parcours de François, revivant dans ce chapitre l'épreuve -la Passion ? -de Pascal face aux enfants anormaux. De plus, des bribes de l'Évangile de Pâques renvoient à ce qu'a vécu François : le commentaire "... et son vêtement était blanc comme neige " évoque la silhouette de Fieschi en tenue de tennis, tandis que la question : "Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? " rappelle le dialogue avec le même Fieschi sur les "pauvres morts "(p.198, livre de poche) Indices d'un résurrection possible de Pascal en son étrange double ?

Sylvie,de Gérard de Nerval:


La référence à l'œuvre de Gérard de Nerval est explicite : au chapitre trois, pour meubler l'absence du prof Couderc, M. Meunier charge un élève de lire Sylvie. La classe profite du sommeil de Meunier -le seul pion qui n'a pas eu besoin de surnom- pour chahuter, François, lui, "se plonge dans l'histoire fragile comme dans un bain tiède " (L. Poche P.50). Toute une partie de ce chapitre fait alterner les extraits mélancoliques de ce récit romantique et les onomatopées grotesques de Nick Carter lu par Cayrolle.

Registres

Divers registres se mêlent dans cette histoire d'amitié : pathétique et lyrisme sont parfois tempérés par l'humour. Des pages très émouvantes évoquent le suicide de Pascal, les larmes inattendues de son père, le colonel; celles, incompréhensibles du prof Couderc; la fidélité de la petite Marie, "servante au grand cœur"; le désespoir de Sylvie; la quête de François .


Le comique et l'humour sont développés dans la peinture de la vie quotidienne au lycée, dans une galerie de personnages pittoresques, caricaturaux, antipathiques ou sympathiques, qu'ils soient élèves, professeurs ou pions .





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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Notre prison est un royaume de Wikipédia en français (auteurs)

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