- Nom Normalisé
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Nom normalisé
En zoologie et en botanique, un nom normalisé dans une langue vivante est un nom précis unique pour une espèce. Ces noms normalisés sont suffisamment précis pour remplacer les noms binominaux en latin, dit scientifiques, pour les espèces voire les sous-espèces. Ces noms normalisés sont choisis par des instances de normalisation comme la Commission internationale des noms français des oiseaux. Les noms normalisés sont en général soit calqués sur les noms scientifiques, soit issus de noms vernaculaires comme l'étourneau sansonnet. Pour les oiseaux ne disposant pas de réels noms vernaculaires en français, ces noms normalisés sont souvent forgés à partir du nom du genre et d'une caractéristique de l'espèce. Ils peuvent également être la traduction de noms provenant d'autres langues, l'anglais ayant une grande influence, même si un terme comme Nestor superbe a été préféré à l'appellation Kaka (Nestor meridionalis) locale par exemple.
Mode de formation des noms normalisés (noms d'espèces)
Dans une langue donnée, la façon dont les noms normalisés finalement retenus ont été originellement formés relève de différents processus :
- Traduction pure et simple du binome latin, tant pour le genre que pour l'espèce :
- Gypaète barbu (de Gypaetus barbatus), faucon pèlerin (Falco peregrinus), râle d'eau (Rallus aquaticus), serin syriaque (Serinus syriacus). En général, le binome latin trouve son origine dans la description initiale de l'espèce (la diagnose), qui se faisait traditionnellement en latin et commençait par la définition de ce que le naturaliste allait décrire :
- Ranunculus repens ... ("Une renoncule à port rampant" ... suit la description complète de l'espèce en latin)
- Aquila fulva ... ("Un aigle roux ..." ...), pour l'aigle royal, devenu plus tard Aquila chrysaetos,
- Passer domesticus ... ("Un passereau qui vit près des maisons..."),
- Fringilla coelebs ... ("Un fringille veuf ..."), car l'auteur, Linné, avait observé que les pinsons migraient séparément par individus du même sexe,
- Hirundo rustica ... ("Une hirondelle de la campagne ..."), par opposition à Hirundo urbica, hirondelle des villes (aujourd'hui Delichon urbica),
- Canis lupus ... ("Un type de chien appelé loup" ...),
- Canis vulpes ... ("Un type de chien appelé renard ...), rattaché ultérieurement au genre Vulpes,
- Canis aureus ... ("Un type de chien au pelage doré ...).
- Cette traduction du binome latin est souvent "masquée" par le fait que le nom scientifique a évolué. Le processus le plus fréquent est lié historiquement à la création de genres à partir d'un nom d'espèce. Linné avait par exemple classé la cigogne blanche et la cigogne noire parmi les hérons, les nommant respectivement Ardea ciconia et Ardea nigra. Lorsqu'il fut décidé de créer un genre séparé pour les cigognes, on prit le nom d'espèce ciconia de la cigogne blanche comme nom de genre. Comme à cette époque la répétition du même nom pour le genre et l'espèce était inconcevable, la cigogne blanche prit le nom de Ciconia alba. Le nom français normalisé actuel date de cette époque. Une règle de nomenclature ayant décidé de restituer les noms d'espèce d'origine, le nom scientifique est alors devenu Ciconia ciconia, mais le nom "technique" français est demeuré "cigogne blanche". Ce processus explique un grand nombre de noms normalisés actuels, pour les espèces européennes en particulier, ces noms n'ayant jamais été des noms vernaculaires, mais des calques de noms scientifiques déchus. Exemples (avec les anciens noms scientifiques):
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- Grue cendrée (Grus cinerea)
- Tadorne de Belon (Tadorna belonii)
- Cincle plongeur (Cinclus aquaticus)
- Traquet rieur (Saxicola cachinnans)
- Choix d'un des noms vernaculaires de l'espèce pour différencier cette espèce des autres à l'intérieur d'un genre. Ces choix son faits en général par un ou plusieurs naturalistes, afin de nommer dans la langue de rédaction d'un ouvrage les espèces concernées :
- Chez les oiseaux par exemple, les noms normalisés bernache cravant, canard souchet, fuligule morillon, harle bièvre, circaète jean-le-blanc, faucon crécerelle, pluvier guignard, chevalier gambette, pigeon ramier, chouette hulotte, bouvreuil pivoine, grive litorne, grive mauvis, sittelle torchepot, tichodrome échelette, serin cini, moineau friquet, étourneau sansonnet, alouette lulu ont été empruntés par leurs auteurs, pour ce qui est du second terme, aux noms vernaculaires cravant, souchet, morillon, bièvre, jean-le-blanc, crécerelle, guignard, gambette, ramier, hulotte, pivoine, litorne, mauvis, torchepot, échelette, cini, friquet, sansonnet, lulu, qui désignaient ces espèces dans leur environnement linguistique de l'époque. Certains de ces noms sont d'ailleurs toujours en usage dans les régions concernées. L'appartenance de ces noms vernaculaires à une autre langue que le français n'est pas un obstacle pour leur adoption : tadorne casarca, épervier shikra, faucon kobez, perdrix chukar, pigeon trocaz proviennent de kasarca (nom polonais du tadorne casarca), de shikra, de kobez, de pomba torcaz (nom en portugais de Madère du pigeon trocaz).
Ces deux premiers modes de formation des noms normalisés ont été dominants pendant longtemps, principalement pour les espèces européennes et d'Amérique du nord, et sont encore utilisés lorsque des comités s'attaquent à des groupes biologiques qui n'ont pas encore de listes de noms techniques.
Lorsque de plus en plus en plus d'espèces ont été décrites dans le monde, le besoin de noms techniques dans les différentes langues du monde, en français en particulier, a suscité deux autres modes de désignation :
- La création de toutes pièces de listes de noms normalisés par des comités de nomenclature, ou par des personnalités qualifiées (ou non). En général, les critères retenus pour ces listes sont :
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- la pertinence et l'universalité des termes par rapport à l'espèce considérée, en particulier en ce qui concerne la répartition, la biologie et les versions régionales de la langue considérée,
- la prise en compte de l'usage (tradition et usages techniques) et de la notoriété des termes déjà utilisés.
- Plus récemment, il arrive que les auteurs de la description d'une nouvelle espèce proposent un nom normalisé, le plus souvent dans la langue dans laquelle la description est publiée (le latin étant aujourd'hui abandonné). Ce terme est le plus souvent repris par les comités de nomenclature dans la langue considérée, et sert souvent de base pour des traductions plus où moins habiles dans les autres langues par les commentateurs.
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