Aqueduc de Mons a Frejus

Aqueduc de Mons a Frejus

Aqueduc de Mons à Fréjus

L'aqueduc de Mons à Fréjus est un aqueduc romain qui alimentait la ville de Fréjus depuis Mons et Montauroux. L'aqueduc est classé Monument historique (France).

Sommaire

Description

Montage photographique réalisé après plusieurs jours de fortes précipitations. À gauche : le flux issu la grotte dite du Neissoun , au centre : les différentes résurgences vauclusiennes, à droite : la capture moderne dite cage aux lions.

L'aqueduc en chiffres [1],[2], [3],[4]

  • date de construction : inconnue, estimée au milieu du Ier siècle après J.C.
  • durée de construction  : inconnue, 5 ans ?
  • coût : inconnu,
  • financement : inconnu,
  • mort : toujours vivant, et utilisé dans ses 5 premiers km.
  • durée d'utilisation globale : 305 ans (déterminé sur les concrétions internes),
  • toujours utilisé sur ses 7 premiers kilomètres
  • longueur réelle : 41 567 m,
  • longueur orthodromique : 26 km,
  • altitude de la source : 516 m,
  • altitude d'arrivée : 34 m,
  • dénivelé : 482 m,
  • pente moyenne : 1,1 %,
  • débit moyen estimé : 300l/s,
  • débit journalier estimé 26 000 m3/jour
  • temps de transit estimé : 17 h,
  • vitesse moyenne : 0,68 m/s,
  • température aux sources : 10,5 degrés Celsius,
  • dimensions internes moyennes : hauteur 1,60 m, largeur 0,70 m (2 pieds romains),
  • dépôts carbonatés : environ 1 mm par an, soit 10 cm par siècle

Particularités :

  • 1 : bicéphale :
    • première source : la 'Foux' de Montauroux,
    • deuxième source : la Siagnole, ou 'Neissoun' (20 ans d'écart),
  • 2 : son trajet est en majeure partie souterrain, sauf à l'approche de la ville dont il aborde le point le plus haut (34 m).
  • 3 : doit franchir un grand nombre de vallons où il se trouve assailli par le résultat des précipitations méditerranéennes et réchauffé par le soleil, ce qui accentue les dépôts carbonatés.
  • 4 : partiellement réutilisé pour y installer la conduite d'alimentation en eau de Fréjus dite de la 2e convention (1794).
  • 5 : la ligne de chemin de fer Fréjus-Montauroux (dite de la mine des Vaux) aujourd'hui détruite empruntait sensiblement le même trajet

Aqueduc : Trajet global

  • Couverture aérienne des 41.567 m du trajet de l'aqueduc romain entre Mons (Var) et Fréjus
  • les cercles représentent les points 'indiscutables'.


Aqueduc : trajet immergé dans le lac de de retenue de Saint-Cassien

Données mises à jour en Septembre 2006 (sécheresse)[5]

  • en rouge le tracé de l'aqueduc romain
  • en noir = tunnels
  • en vert clair = canal 'Jourdan' (1892)
  • en vert foncé = canal E2S de 1965


Branche ouest du lac :

Aqueduc Frejus Saint cassien Ouest.jpg

Branche sud du lac

Aqueduc Frejus Saint Cassien Sud.jpg

Aqueduc : trajet temporairement immergé dans la retenue de Malpasset

Aqueduc : Construction

Architecture

Aqueduc de Mons à Fréjus : mis au jour lors de la construction d'un parking.
Schéma en coupe de l'aqueduc de Fréjus.
Vue intérieure d'une section-type.

Matériaux

Les romains utilisaient plus particulièrement deux types de matériaux : le mortier de chaux à granulats centimétriques, maintenant appelé "béton romain", et le mortier de tuileau, toujours à base de chaux, mais implémenté de débris concassées infra-centimétriques d'objets courants en brique rouge : tuiles (tegula et imbrex) , amphores ...

Mortier romain à la chaux et gros granulats..
Section de mortier de tuileau (rouge) surmontée de tuff grossier (fuites).
  • Dans la partie haute du trajet de l'aqueduc, les ponts servaient à franchir les rivières ou les vallons rencontrés.
  • Ils étaient le point faible de l'aqueduc pour deux raisons :
    • plus exposés au soleil et donc chauffés que le reste du trajet en général souterrain, ils se surchargeaient en concrétions carbonatées.
    • régulièrement, les torrents franchis les agressaient au cours de leurs crues, et finissaient par les détruire, d'où la fréquence des double états successifs.
  • Dans la partie basse du trajet, les ponts, plus spectaculaires, permettaient au canal de garder une altitude suffisante pour arriver au point le plus haut de la ville, afin de distribuer son eau secondairement par gravité.

Les ponts-aqueduc

Pont des Coulombons, immergé dans le lac se Saint-Cassien.
Double pont de Larquet, immergé dans le lac se Saint-Cassien.
Pont de Tabaroun, immergé dans le lac de Saint-Cassien.


Techniques-détails


Reste de trous dans la roche pour la tailler avec des coins en bois mouillés.
Ope de soutein de coffrage de voûte
Aqueduc d'Aix-Traconnade : logette de lampe à huile.


Une énigme : Concrétion

Regard "Ferro" : les concrétions sont au plafond !
Regard "Ferro" : les concrétions sont au plafond !
Regard "Ferro" : les concrétions sont au plafond !


Aqueduc : Utilisation

Les ennemis des aqueducs

Concrétions internes par infiltration
Racines de chênes perforantes et proliférentes : quelle infusion!
Nid de sanglier ?.
  • les aqueducs avaient de nombreux ennemis :
    • l'homme en premier, qui trichait ou qui abusait pour survivre, ou pour se venger ou détruire (envahisseurs) ;
    • les concrétions carbonatées internes en région karstique, qui demandaient un curage régulier ;
    • La chaleur : elle aggravait les concrétions, et le froid qui dilatait les structures ;
    • Les racines envahissantes des arbres voisins ;
    • L' instabilité du sol (solifluxion) et les crues torrentielles détruisant les ponts-aqueducs.
    • Les animaux, qui cherchaient à profiter de l'eau ou de l'abri ;
    • La sécheresse.

Dépôts carbonatés [6]

Concrétions lamellaires internes : la lumière est réduite de 70 à 17 cm
width="33%" |
Examen au microscope des stries sombres des dépôts carbonatés - travail personnel original.
Section de dépôts carbonatés (concrétions internes correspondant à 305 ans de fonctionnement).
Section = 305 ans de fonctionnement).
  • Les aqueducs méditerranéens se trouvent le plus souvent en région karstique (calcaire), ils sont alors exposés aux dépôts carbonatés déposés par l'eau saturée en carbonate de calcium : pour l'aqueduc de Mons à Fréjus, on estime que l'épaisseur des dépôts était de 1 millimètre par an ... ce qui signifie 10 centimètres par siècle !
  • Le résultat de cette "calcairo-sclérose" se manifestait par une réduction de la lumière d'écoulement qui nécessitait un curage régulier et, au niveau des ponts-aqueducs, par une surcharge pondérale qui leur devenait souvent fatale et nécessitait la construction d'un deuxième pont, voire d'un troisième.
  • Cette fragilité était aggravée par la violence des crues méditerranéennes dévalant les vallons courts mais très pentus et sans assise résistante (en particulier quand l'aqueduc a dépassé les régions karstiques).
  • Obésité et calcairo-sclérose étaient déjà deux fléaux d'une partie du monde romain.
  • Les dépôts internes sont à granulation fine comme celle des travertins, ils présentent une striation périodique faite de doublets (un clair, un plus foncé) traduisant statistiqument une année de dépôts. On remarque parfois, en plus, des plans de clivage habituellemnt attribués à des périodes de sécheresse. L'étude de ces striations permet de faire une approche rétrospective du climat environnant[7].
  • Les dépôts externes sont à grain grossier et souvent sale, comme les formations de tuffs visibles à l'émergence des grottes en région kde Karst.
  • Pour mémoire : les aqueducs lyonnais ne souffraient pas de ce cancer. Leurs problèmes se trouvaient au niveau du franchissement des vallées au moyen de siphons en tuyaux de plomb (rare, coûteux et résistant parfois mal aux pressions considérables).
  • A l'examen microscopique, les stries foncées des doublets périodiques ont une cristallisation très différente de celle des stries claires : cela pourrait s'expliquer par des températures de cristallisation différentes.
  • Ces stries foncées paraissent elles-mêmes pouvoir être décomposées en plusieurs doublets (2 à 3) internes.
  • La coloration de ces stries apparaît en rapport avec des impuretés. Il faut cependant être très prudent : les techniques de coupe et de polissage sont très destructrices et apportent des matériaux de dégradation.

Les amis des aqueducs immergés

Aqueduc romain : réutilisation moderne

Conduite fermée en ciment (1894) insérée dans le canal romain : culée amont du pont de franchissement du Biançon qui l'a emporté.
Conduite fermée en ciment (1894) insérée dans le canal romain dans une falaise.
Conduite fermée en ciment (1894) insérée dans le canal romain sur un pont-aqueduc effondré.
  • On ne connait pas avec précision la date de fin d'exploitation globale de l'aqueduc de Mons à Fréjus : la dernière date connue correspond au siège de Fréjus en 1590 (guerre de religion contre les Carcistes (nom local des Huguenots) par Bernard de La Valette qui fit mettre l'aqueduc hors d’usage pour provoquer la fin du siège, et aussitôt aller faire le siège de Mons.
  • L'aqueduc est toujours en service sur son quart supérieur : cela doit être l'héritage de la maison de Villeneuve qui avait dû l'entretenir pour l'approvisionnement de ses fiefs de Beauragard, San-Peyre, Pibresson, Cananilles, Font-Bouillen, Velnasque et Tourrettes. [8]
  • Il a été localement réaménagé pour être utilisé pour l'irrigation de la riche plaine de Fonduranne ainsi que le fonctionnement de son moulin et de sa scierie.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. L'aqueduc romain de Mons à Fréjus, sa description, son histoire et son envoronnement, Gébara Ch., Michel T.-M. et coll., RAN supp. 33, Asso. rev. Archéo. de Narbonnaise Ed., Montpellier, 2002 (ISBN 2-84269-517-8)
  2. Les sources de la Siagnole de Mons, Etienne M., Thèse Doct. 3e cycle, 1987, Univ. Sc. et Tech. du Languedoc, Montpellier
  3. Observation du trajet de l'aqueduc romain de Fréjus dans la partie habituelement imergée du lac de retenue E.D.F. de Saint-Cassien (communes de Montauroux, Callian et Les Adrets-de-l'Estérel, Var.) Royon M., Joncheray Anne et J.-P., Cahiers d'Archéologie Subaquatique, XVI, 2007 p. 5-86. Aqueduc romain de Mons à Fréjus immergé dans le lac sur 7 km
  4. Aqueduc romain de Mon à Fréjus
  5. Observation du trajet de l'aqueduc romain de Fréjus dans la partie habituelement imergée du lac de retenue E.D.F. de Saint-Cassien (communes de Montauroux, Callian et Les Adrets-de-l'Estérel, Var.) Royon M., Joncheray Anne et J.-P., Cahiers d'Archéologie Subaquatique, XVI, 2007 P.5-86.
  6. Dubar M. : Approche climatique de la période romaine dans l'est du Var : recherche et analyse des composants périodiques sur un concrétionnment centenal (1er-2e siècle après J.C.) de l'aqueduc de Fréjus. ArchéoSciences,revue d'archéométrie 30-2006, p. 163-171.lire en ligne
  7. Dubar M. : Approche climatique de la période romaine dans l'est du Var : recherche et analyse des composants périodiques sur un concrétionnment centenal (1er-2e siècle après J.C.) de l'aqueduc de Fréjus. ArchéoSciences,revue d'archéométrie 30-2006, p. 163-171.lire en ligne
  8. Juigné De Lassigny E., : Histoire de la maison de Villeneuve en Provence, généalogie et table de 1200 à 1900, réimpression, 1990.
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