- Appelé du contingent en algérie
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Appelé du contingent en Algérie
De 1954 à 1962 un nombre grandissant d'appelés du contingent fut envoyé en Algérie pour participer au maintien de l'ordre. Officiellement il n'était alors pas question de parler de guerre d'Algérie (il faudra attendre 1999). La rébellion algérienne était quasi assimilée à du banditisme.
L’appel sous les drapeaux pendant la guerre d’Algérie
En France, dans l’année de leur vingtième anniversaire, les hommes étaient classés « bons pour le service » par un conseil de révision, sauf s’ils étaient réformés. Certains pouvaient demander un sursis : étudiants, soutiens de famille ; d'autres choisir un devancement d'appel.
- Depuis 1946, la durée légale du service militaire était fixée à 12 mois.
- La loi du 30 novembre 1950 fixe le service militaire à 18 mois.
Depuis cette date, un stage de trois jours dans une caserne précédait l'incorporation. Les capacités et parfois les souhaits de chacun y étaient examinés. Suite à des tests et à un entretien, un dossier individuel était établi.
Le service militaire était obligatoire, l’objection de conscience n’était pas alors reconnue. Les insoumis pouvaient être recherchés et jugés comme déserteurs.
Pendant la guerre d'Algérie, entre 1954 et 1962, après la durée légale de 18 mois, certaines classes furent rappelées, d’autres furent maintenues sous les drapeaux jusqu’à 30, puis 28 mois.
Les classes en France ou en Algérie
Les Appelés comme les engagés volontaires suivaient une préparation de deux ou quatre mois, souvent en métropole, parfois en Algérie directement. Les « classes » pouvaient être suivies, pour certains, d’une spécialisation (par exemple radio télégraphiste) ou d’une formation dans une école pour officiers de réserve (E.O.R.) ou pour sous-officiers de réserve (E.S.O.R.). Les appelés concernés par ces deux formations étaient souvent des sursitaires étudiants.
Le gros de la troupe passait par une préparation sommaire au maniement des armes pour les opérations de maintien de l’ordre en Algérie. L’ennemi était désigné, le fellagha.
Départ vers l’Algérie
Quelques appelés, nécessaires dans l’administration des casernes, pouvaient espérer faire leur temps, planqués en France.
Les autres prenaient la direction de Marseille dans des camions bâchés, puis, après un centre de transit, la direction d’Alger ou d’Oran : une traversée de deux jours, au fond des cales, dans des bateaux souvent délabrés.
En Algérie
Une Unité et un nouveau paquetage étaient affectés, le livret militaire avait suivi. Une plaque d’immatriculation individuelle, à découper selon le pointillé en cas de décès, indiquait que c’était la guerre.
Les nouveaux arrivants étaient rapidement mis au pas par les chefs de sections qui, si besoin, les emmenaient en embuscade afin d'éveiller leur combativité.
Les effectifs d’appelés en Algérie
Les chiffres qui suivent concernent l'A.F.N. : l'Algérie, le Maroc et la Tunisie.
- En 1954, les effectifs militaires représentent environ 50 000 hommes, 38% sont des appelés pour 18 mois de service.
- En 1955, ces effectifs passent à 100 000 hommes, du fait de la guerre d'Algérie.
- En 1956, le rappel sous les drapeaux monte les effectifs militaires à 200 000 hommes.
- En 1957, le maintien sous les drapeaux de 18 à 30 mois permet un effectif militaire de 400 000 hommes, 57% sont des appelés.
- Entre 1952 et 1962 ce sont 1 343 000 appelés ou rappelés et 407 000 militaires d'active (soit 1 750 000 militaires) qui participeront "au maintien de l'ordre en Afrique du Nord", opérations qui seront reconnues "Guerre d'Algérie" le 5 octobre 1999. Sur ce nombre d'appelés, 12 000 réfractaires ont été déclarés, dont 10 831 insoumis (appelés qui ne se sont pas présentés lors de leur appel), 886 déserteurs et 420 objecteurs de conscience[1],[2].
Sources : Jean-Pierre Masseret secrétaire d'Etat à la défense et O.N.A.C. (Office national des anciens combattants)
Le rôle joué par les appelés lors du putsch des Généraux
Le putsh des Généraux entrepris le 22 avril 1961 échouera grâce à la réaction de la population civile française métropolitaine et au refus de participation de l'ensemble du contingent que le général de Gaulle incitait vivement à désobéir par tous les moyens. Les appelés du contingent, « 500.000 gaillards munis de transistors » (ainsi le Général les appelait), pour la première fois dans l'histoire militaire, étaient informés individuellement par les premiers postes radios portables achetés par la voie du journal "Le Bled".
Le nombre de victimes parmi les appelés
Ce sont plus de 25.000 militaires tués aux combats en A.F.N. (Algérie, Maroc et Tunisie), soit 13.000 appelés ou rappelés et presque autant de militaires d'active[3] ; et aussi 70.000 militaires blessés ; sans oublier les 400.000 victimes civiles d'origine européenne ou africaine.
Sources : Jean-Pierre Masseret, secrétaire d'Etat à la défense, Marcel Lesbros rapporteur de la commission des affaires sociales, le 5 octobre 1999 et O.N.A.C. (Office national des Anciens combattants).
Les associations d’anciens
De retour en métropole, la plupart des anciens d’Algérie se sont enfermés dans un mutisme révélateur de ce qu’ils avaient vécu. Quelques uns ont écrit leur témoignage. Beaucoup se sont affiliés à des associations d’anciens combattants, rattachées à l’une ou l’autre des principales fédérations :
- La FNACA (Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie.)
- La FNCPG-CATM (Fédération nationale des combattants et prisonniers de guerre - combattants Algérie, Tunisie et Maroc.
- L’ARAC (Association républicaine des anciens combattants).
- L'Union Nationale des Combattants (300.000 adhérents).
Droits et Décorations
Les appelés qui étaient situés en Algérie dans des zones ou des unités combattantes ont eu droit à la carte et à la croix du combattant (commémorative) ; et aussi au diplôme de reconnaissance de la Nation. A partir de soixante-cinq ans, ils perçoivent une retraite annuelle non imposable d’environ 450 euros (année 2006), soit 35 points d'indice.
En 2004, 1.500.000 demandes ont été honorées, soit 86% des militaires ayant servi en A.F.N. entre 1952 et 1962. Source O.N.A.C. (Office national des anciens combattants)
La croix de la valeur militaire a été attribuée pour faits de guerre et aussi, plus rarement, pour faits de pacification.
Liens internes
Lien externe
- (fr) Témoignage de Jean Poussin appelé et instituteur en Algérie Vialar, 110ème RIM et SAS de Sahari, Sud-Est Oranais.
Bibliographie
- Jean Debernard, Simples soldats, Actes Sud, 2001
- Bernard Gerland, Ma Guerre d'Algérie (pièce de théâtre), édition Golias, 2003.
- Ugo Iannucci, Soldat dans les gorges de Palestro, Aléas Editions, 2001
- Etienne Maignen, Treillis au djebel - Les Piliers de Tiahmaïne, éd. Yellow Concept, 2004
- Claire Mauss-Copeaux, Appelés en Algérie. La parole confisquée, Hachette Littératures, 1998
- Benoist Rey, Les Egorgeurs, Editions de Minuit, 1961 et Editions Los Solidarios/Editions du Monde Libertaire, 1999
Notes et références
- ↑ Bien que la reconnaissance légale du statut d'objecteur de conscience date de 1963, juste après la guerre d'Algérie
- ↑ (fr)Tramor Quemeneur, « Guerre d'Algérie : les insoumis », dans L'Histoire, no 338, décembre 2008 (ISSN 0182-2411)
- ↑ Selon Charles-Robert Ageron, dans l'ouvrage La France en guerre d'Algérie (dir. Laurent Gervereau, Jean-Pierre Rioux et Benjamin Stora, BDIC, 1992), les chiffres fournis par l'armée française sont les suivants : 15 583 militaires sont morts au combat ou dans les attentats, 7 917 dans des accidents et 1 144 de maladie.
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