Mouvement Jovialiste

Mouvement Jovialiste

Le Mouvement jovialiste a été fondé au Québec en 1970 par André Moreau. Ce mouvement avait pour but de soutenir l’œuvre philosophique de son fondateur[1].

Sommaire

Historique

À la fin de l’été 1970, André Moreau a demandé à un avocat « d’enregistrer pour [lui] une petite société qui s’appellerait le Mouvement jovialiste ». Tardant à s’exécuter, l’avocat ne procède que le 14 décembre 1970, jour de l’anniversaire de naissance de Nostradamus. Moreau y voit beaucoup plus qu’une simple coïncidence, car Nostradamus aurait « annoncé le jovialisme il y a plus de quatre cents ans »[2].

Moreau comptait sur ses apparitions à la télévision québécoise pour remplir les salles de conférence du Mouvement jovialiste et y vendre ses livres aux auditeurs. Il espérait répandre ainsi sa pensée philosophique « dans tout le Québec »[3]. « Jusqu’au début des années 1980, le Mouvement jovialiste a connu une certaine prospérité [jusqu’à remplir] une salle pouvant contenir deux cents personnes »[4]. Le Mouvement jovialiste a renforcé la présence d’André Moreau à la télévision, lui donnant « une sorte d’aura sociale », sans toutefois faire connaître sa pensée au peuple[5].

Plusieurs facteurs ont entraîné son déclin, dont la situation économique du début des années 1980, le déplacement du lieu de rencontre et, surtout, « les dissensions intérieures […] entre factions »[4]. Au début des années 1990, les successeurs de Moreau à la tête du mouvement ont mis fin à l’expérience »[5].

Thèmes jovialistes

Claire Mercier énumère ainsi les grands thèmes jovialistes : « La libération intérieure, la transgression joyeuse des interdits, l’anathématisation de la politique, de la morale et de la religion, le désir de reconnaître l’être qui grandit en l’homme, la volonté de n’obéir qu’à soi, la célébration de l’inutile, le refus de l’effort, l’aspiration candide à l’infini, le refus de la modération considérée comme un gage de médiocrité »[6].

Néologisme

Louis Gauthier rapporte que les mots « jovialisme » et « jovialiste » proviennent du latin Jovis, qui signifie Jupiter[7]. Le sens originel que Moreau leur a donné a cependant été modifié. C’est ainsi qu’on les a retrouvés dans un éditorial de Jean-Robert Sansfaçon[8], dans un article du ministre des Finances du Québec[9], ainsi que dans une chronique de Lise Payette[10].

Le néo-jovialisme

Annoncé par un quotidien montréalais en décembre 2008, « le mouvement jovialiste, qu'on croyait mort et enterré, a décidé de renaître de ses cendres »[11]. Ce néo-jovialisme, conduit « par l'artiste et bédéiste montréalais Nicolas Lehoux », aurait regroupé dès le départ « une centaine de membres »[11].

Lehoux, « anciennement à la tête de la Communauté psychédélique de Montréal »[12], affirme qu’il « ne va pas refaire la même chose que dans les années 1970 ». Pas question de s’en remettre comme jadis à des conférences philosophiques. Lehoux mise plutôt sur un « cabaret jovialiste […] chaque mois, combinant lectures philosophiques et poétiques, numéros musicaux et danse »[12]. Selon ce nouveau leader, « le jovialisme [est] une arme de choix pour lutter contre ce «nouvel ordre mondial» (New World Order) axé sur la performance, l'hyperconsommation, l'exploitation et tous les travers de la société occidentale »[11]. On combinera « spiritualité, transgression joyeuse des interdits et, bien entendu, une bonne dose d’optimisme »[12].

Le mouvement mise sur les jeunes : « les adolescents d’aujourd’hui seront les jovialistes de demain »[12]. Victimes qu’ils sont par le décrochage scolaire, par l’incompréhension des parents, par la tentation du suicide, ils devront « centrer la pensée jovialiste sur des valeurs d'éthique et de communautarisme qui font trop souvent défaut dans notre monde à la dérive »[11].

Si les néo-jovialistes ont pris leur distance à l’endroit du fondateur, notamment à cause « de la réputation ‘d'humoriste’ que traîne malgré lui André Moreau »[11], ce dernier affirme : « Je mets en garde les jeunes qui tentent de relancer le mouvement contre leur optimisme débridé et leur idéalisme »[12].

Références

  1. Louis Gauthier, André Moreau, un génie méconnu. Entretiens, 2001, p. 42.
  2. L. Gauthier, p. 60.
  3. L. Gauthier, p. 61.
  4. a et b L. Gauthier, p. 63.
  5. a et b L. Gauthier, p. 64.
  6. Claire Mercier, « André Moreau le Grand Jovialiste », L’Originel magazine, 1er mai 2007.
  7. L. Gauthier, p. 61-62.
  8. Le Devoir, 9 juin 2001.
  9. Le Soleil, 9 mai 2005.
  10. Le Devoir, 1er mai 2009.
  11. a, b, c, d et e Jean Christophe Laurence, « Le retour des jovialistes », Montréal, La Presse, 16 décembre 2008.
  12. a, b, c, d et e Christopher Young, « Y a de la joie, joie, joie, joie. Le jovialisme est de retour », Montréal Campus, Le journal étudiant de l’UQAM, 10 mars 2009.

Voir aussi

Nostradamus

Bibliographie

  • Jean-Christophe Laurence, « Le retour des jovialistes », La Presse, 16 décembre 2008.
  • Claire Mercier, « André Moreau le Grand Jovialiste », L’Originel magazine, 1er mai 2007 Archives.
  • Christopher Young, « Y a de la joie, joie, joie, joie. Le jovialisme est de retour », Montréal Campus, Le journal étudiant de l’UQAM, 10 mars 2009. Archives
  • Louis Gauthier, André Moreau, un génie méconnu. Entretiens, Montréal, Les Intouchables, 2001, 165 p.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Mouvement Jovialiste de Wikipédia en français (auteurs)

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