- Moulin de Roupeyrac
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Le Moulin de Roupeyrac et Musée François Fabié est un site patrimonial et littéraire situé dans l'Aveyron (12), sur la commune de Durenque, en France.
Il se compose :
- De deux moulins, le Moulin Haut et le Moulin Bas, qui rassemblent en un seul lieu les activités caractéristiques du Ségala : moulin à grain, moulin à huile de noix, scierie à scie battante du XIXe siècle en fonctionnement, maison rouerguate typique.
- D'une maison d'écrivain, inscrite à la Fédération des maisons d'écrivain et des patrimoines littéraires. C'est en effet le lieu de naissance du poète François Fabié (1846-1928), «Chantre du Rouergue». On y découvre sa vie, son œuvre et on peut suivre, dans la campagne environnante, un parcours poétique dédié à la nature.
Le Moulin de Roupeyrac est un musée, ouvert de mai à octobre.
Sommaire
Parcours muséographique
Jusqu'à la Révolution Française, les moulins de Roupeyrac appartenaient au Marquis de Bournazel, le seigneur local. Etant récupérés et vendus en tant que biens nationaux par le gouvernement révolutionnaire, c'est en 1804 que le grand-père de François Fabié, meunier, achète les moulins.
La visite du musée commence par le visionnage d'une vidéo présentant le poète François Fabié, sa vie, son œuvre, ainsi que le pays du Ségala.
Viennent ensuite la découverte de la salle des meules (moulin à grain et moulin à l'huile) et la démonstration d'une scie battante du XIXe siècle, en état de fonctionnement.
La visite du Moulin Haut se termine par la Maison d'écrivain (3 salles) : la salle à manger typiquement rouergate où l'on peut lire les poèmes de François Fabié, la pièce généalogique (Fabié décrit lui-même les membres de sa famille, au travers d'écrits) et la salle dédiée aux années toulonnaises et parisiennes du poète (premières éditions des recueils de poèmes, sa vie de professeur et d'hommes de lettres, sa retraite à La Valette et ses derniers séjours à Durenque...)
Le Moulin Bas, qui est un moulin à farine fraîchement rénové et donc en état de marche, clôt la visite du musée.
La statue-menhir
Découverte sur la commune de Durenque en 1940, au lieu-dit "La Cammazie", cette statue-menhir est aujourd'hui la propriété du musée François Fabié. Datant de 4000 ans environ, elle présente des caractères anthropomorphes (visage, bras et mains) ainsi que des attributs artificiels (ceinture, baudrier et fourreau).
La statue, bien qu'altérée par le passage d'outils aratoires, est complète. Elle mesure un mètre de haut environ.
Les spécialistes font de cette statue un cas particulier : c'est en effet le seul exemple, parmi celles retrouvées en Rouergue, où la tête est dégagée au-dessus des épaules, ce qui la rapproche de découvertes faites en Italie (Lunigiana)
Activités et animations
Le Moulin de Roupeyrac organise des activités et animations diverses et variées :
- Visites guidées.
- Littérature en Lagast (colloque annuel). En juillet 2010, le colloque fut dédié à Henri Bosco. En 2011, ce sera au tour de René-Guy Cadou.
- Expositions. Pour la saison 2010, le musée a accueilli les œuvres de Hervé Vernhes (http://www.herve-vernhes.fr/).
- Fête du Pain.
- Goûters et jeux de piste pour les enfants ; dégustation de produits régionaux (en été).
Parcours poétique
Il est possible, en partant de la cour du moulin haut jusqu'au moulin bas, de suivre tout un parcours poétique d'environ 30 minutes, dans la nature.
Poèmes
Les Genêts
Les genêts, doucement balancés par la brise,Sur les vastes plateaux font une boule d'or ;
Et tandis que le pâtre à leur ombre s'endort,
Son troupeau va broutant cette fleur qui le grise ;
Cette fleur qui le fait rêver d'amour, le soir,Quand il roule du haut des monts vers les étables,
Et qu'il croise en chemin les grands bœufs vénérables
Dont les doux beuglements appellent l'abreuvoir ;
Cette fleur toute d'or, de lumière et de soie,En papillons posée au bout des brins menus,
Et dont les lourds parfums semblent être venus
De la plage lointaine où le soleil se noie...
Certes, j'aime les prés où chantent les grillons,Et la vigne pendue aux flancs de la colline,
Et les champs de bleuets sur qui le blé s'incline,
Comme sur des yeux bleus tombent des cheveux blonds.
Mais je préfère aux prés fleuris, aux grasses plaines,Aux coteaux où la vigne étend ses pampres verts,
Les sauvages sommets de genêts recouverts,
Qui font au vent d'été de si fauves haleines.
Vous en souvenez-vous, genêts de mon pays,Des petits écoliers aux cheveux en broussailles
Qui s'enfonçaient sous vos rameaux comme des cailles,
Troublant dans leur sommeil les lapins ébahis ?
Comme l'herbe était fraîche à l'abri de vos tiges !Comme on s'y trouvait bien, sur le dos allongé,
Dans le thym qui faisait, aux sauges mélangé,
Un parfum enivrant à donner des vertiges !
Et quelle émotion lorsqu'un léger froufrouAnnonçait la fauvette apportant la pâture,
Et qu'en bien l'épiant on trouvait d'aventure
Son nid plein d'oiseaux nus et qui tendaient le cou !
Quel bonheur, quand le givre avait garni de perlesVos fins rameaux émus qui sifflaient dans le vent,
- Précoces braconniers, - de revenir souvent
Tendre en vos corridors des lacets pour les merles.
Mais il fallut quitter les genêts et les monts,S'en aller au collège étudier des livres,
Et sentir, loin de l'air natal qui vous rend ivres,
S'engourdir ses jarrets et siffler ses poumons ;
Passer de longs hivers dans des salles bien closes,A regarder la neige à travers les carreaux,
Éternuant dans des auteurs petits et gros,
Et soupirant après les oiseaux et les roses ;
Et, l'été, se haussant sur son banc d'écolier,Comme un forçat qui, tout en ramant, tend sa chaîne,
Pour sentir si le vent de la lande prochaine
Ne vous apporte pas le parfum familier.
Enfin, la grille s'ouvre ! on retourne au village ;Ainsi que les genêts notre âme est tout en fleurs,
Et dans les houx remplis de vieux merles siffleurs,
On sent un air plus pur qui vous souffle au visage.
On retrouve l'enfant blonde avec qui cent foisOn a jadis couru la forêt et la lande ;
Elle n'a point changé, - sinon qu'elle est plus grande,
Que ses yeux sont plus doux et plus douce sa voix.
" Revenons aux genêts ! - Je le veux bien ? " dit-elle.Et l'on va côte à côte, en causant, tout troublés
Par le souffle inconnu qui passe sur les blés,
Par le chant d'une source ou par le bruit d'une aile.
Les genêts ont grandi, mais pourtant moins que nous ;Il faut nous bien baisser pour passer sous leurs branches,
Encore accroche-t-elle un peu ses coiffes blanches ;
Quant à moi, je me mets simplement à genoux.
Et nous parlons des temps lointains, des courses folles,Des nids ravis ensemble, et de ces riens charmants
Qui paraissent toujours si beaux aux cœurs aimants
Parce que les regards soulignent les paroles.
Puis le silence ; puis la rougeur des aveux,Et le sein qui palpite, et la main qui tressaille,
Au loin un tendre appel de ramier ou de caille...
Comme le serpolet sent bon dans les cheveux !
Et les fleurs des genêts nous font un diadème ;Et, par l'écartement des branches, haut dans l'air.
Paraît comme un point noir l'alouette au chant clair
Qui, de l'azur, bénit le coin d'ombre où l'on aime !...
Ah ! de ces jours lointains, si lointains et si doux,De ces jours dont un seul vaut une vie entière,
- Et de la blonde enfant qui dort au cimetière, -
Genêts de mon pays, vous en souvenez-vous ?
François FabiéGalerie photographique
Liens externes
Catégories :- Moulin français
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