Miss Harriet

Miss Harriet

Miss Harriet est une nouvelle de Guy de Maupassant, parue en 1883 et initialement intitulée Miss Hastings. Elle a donné son nom à un recueil de nouvelles.

Pleine de drôlerie, cette nouvelle est pourtant l'une des plus poignantes de Maupassant. Le narrateur, objet involontaire d'une passion pathétique, se prend pour la malheureuse Miss Harriet d'une tendresse authentique. Maupassant donne ici la mesure de son talent à décrire les paysages - on l'a qualifié d'"écrivain impressionniste". Dans ce texte taillé au cordeau, les sentiments qui se tissent entre les personnages sont décrits avec une grande délicatesse, empreinte d'une profonde humanité.

L’histoire

Miss Harriet est une vieille fille anglaise excentrique, qui vit en maison d'hôte sur la côte normande dont elle est tombée amoureuse. Le narrateur, peintre talentueux, fait sa connaissance et l'observe avec une tendresse amusée. Elle se prend pour lui d'une passion secrète, dont la révélation aura des conséquences tragiques.

Résumé du recueil

“Miss Harriet” est une nouvelle de Guy de Maupassant qui a donné son nom à un recueil de douze nouvelles. Le récit de Maupassant dans toutes ses nouvelles est plein de moments drôles et de descriptions détailées des paysages pittoresques mêlés avec les sentiments qui se tissent entre les personnages pour mener l’intrigue à sa fin qui est souvent très touchante.

Le narrateur dans la première nouvelle “Miss Harriet” est Léon Chenal, un vieux peintre, qui est parti d’Etretat pour aller visiter les ruines de Tancarville. Il se trouve dans un break avec six autres personnes et décide de raconter à ses compagnons “le plus lamentable amour” de sa vie. A l’époque il était un jeune peintre qui allait d’une auberge à l’autre pour étudier la nature. Et comme cela un soir il s’est trouvé dans le petit village Bénouville. Il s’est logé dans une auberge où il y avait une Anglaise qui y s’était arrêtée six semaines auparavant pour passer l’été. Cette dame était une vieille fille qui s’appelait Miss Harriet. Dans le village on ne l’aimait point parce que les paysans croyaient qu’elle était une hérétique parce qu’elle distribuait à tout le monde des livres de propagande protestante. Mais en fait, c’était une femme d’une moralité parfaite. Miss Harriet était une personne excentrique: elle ne parlait jamais à table, mangeait vite et en lisant son petit livre protestant. Elle était maigre, sèche, une carne comme disaient les paysans. Un jour Léon a fait une bonne peinture de la nature qu’il voulait montrer à tout le monde. Miss Harriet lui a dit que sa peintre était extraordinaire et comme cela ils sont devenus amis. L’Anglaise qui était exaltée devant la nature accompagnait Léon dans ses promenades pour le regarder peindre mais peu à peu elle commençait à changer. Un jour Léon travaillait tranquillement quand Miss Harriet, en tremblant et pleurant, lui a avoué qu’elle l’aimait. Mais son amour n’était pas réciproque et Léon a pris la décision de partir. Souffrant, Miss Harriet s’est jetée dans un puits. On a trouvé sa note qu’elle voulait être enterrée à Bénouville. Personne, en dehors du peintre, ne s’est rendu à son enterrement.

La deuxième nouvelle “L’héritage” décrit l’avidité d'un fonctionnaire et de son entourage. Cachelin est un petit fonctionnaire qui vit avec sa fille et sa sœur. Il tombe sous le charme d'un de ses collègues ambitieux au nom de Lesable qu'il présente et marie à sa fille Coralie. Le jeune couple semble heureux jusqu'au jour où la tante meurt. L’héritage généreux met tout le monde en joie mais le testament porte une clause: le couple doit avoir un enfant dans les trois ans sous peine de perdre l'héritage. Alors commence une longue épreuve pour le couple car Coralie ne peut pas tomber enceinte. Lesable tombe malade et sa femme et son beau-père commencent à se moquer de lui. La nouvelle se répand même au ministère. Juste avant l’expiration du délai, Coralie tombe enceinte d’un collègue de son mari. L’argent reste dans la famille et on appelle la petite fille Désirée.

Dans la troisième nouvelle “Denis” le personnage principal est le fidèle serviteur de Monsieur Marembot. Il est pris d’un accès de folie une nuit et cause des blessures à son maître qui est un homme aisé, ex-pharmacien de village. Puis il soigne les blessures et son patron est ému par son dévouement. Il ne le chasse pas car il préfère de vivre dans la peur d’un assassinat mais de ne pas se priver des services de son excellent domestique. Peu de temps après, une autre affaire fait connaître l’incident aux gendarmes et Denis finit en cour d’assises. Quand on demande à M. Marembot pourquoi il n’a pas chassé cet individu dangereux, il répond qu’ “au jour d’aujourd’hui” il n’est pas facile de trouver de bons serviteurs.

Dans “L'âne’’ l’auteur nous présente Labouise et Maillochon qui sont ravageurs, rôdant jour et nuit sur le fleuve, guettant toute proie morte ou vivante. Après avoir tué quelques lapins, ils apeçoivent une femme et son âne. La femme leur vend l’âne pour cent sous et ils veulent le tuer mais lentement pour “durer l’ plaisir un peu’’...

Dans “Idylle’’ l’action se déroule dans le train qui va de Gênes à Marseille où deux Piémontais font connaissance. Le jeune homme part pour chercher de travail. La paysanne a trouvé une bonne place de nourrice à Marseille. Plus tard elle explique que ses seins lourds de lait lui sont douloureux parce qu’elle n'a nourri aucun enfant récemment. Le jeune homme propose de la soulager et tète ses deux seins. Elle le remercie, mais il la remercie aussi, car il n’avait rien mangé depuis deux jours.

Le personnage principal de “La Ficelle” est le maître Hauchecorne. C’est le jour de marché dans le bourg normand de Goderville où se rend un paysan maître Hauchecorne. Maître Hauchecorne ramasse un petit morceau de ficelle sous les yeux d’un bourrelier Malandain avec lequel il est en conflict. Plus tard, un crieur public fait savoir que quelqu’un a perdu un portefeuille. Maître Hauchecorne est accusé d’avoir trouvé et conservé le portefeuille parce qu’il est dénoncé par Malandain. Il est convoqué chez le maire et on n’a pu rien retenir contre lui mais on n’a pas pu prouver son innocence. Tous les gens qu’il rencontre sont persuadés qu’il a conservé le portefeuille. Plus tard un valet de ferme restitue le portefeuille qu’il a trouvé sur la route et maître Hauchecorne croit qu’il est enfin délivré. Mais plus il raconte son récit, plus les autres croient que c’est lui qui après avoir trouvé le portefeuille, l’a rapporté par un tiers. Hauchecorne devient obsédé, il tombe malade et il meurt. Ses derniers mots sont encore pour clamer son innocence, sa dernière phrase est “une ‘tite ficelle”.

Dans la nouvelle “Garçon, un bock!’’ un homme est rentré par hasard dans une brasserie parisienne. Là il rencontre son camarade d’enfance Jean des Barrets. Des Barrets explique qu’il a passé sa vie dans des cafés depuis ses études et qu'il fréquente cette brasserie depuis 10 ans. Comme son ancien camarade s'étonne, il raconte son histoire. Lorsqu'il avait treize ans au château familial il a surpris son père battre sa mère violemment. Alors il s’est enfui dans la forêt et a passé la nuit là-bas. Le garde l’a ramené à la maison où il a retrouvé ses parents dans leur état normal. La vie au château est devenu normal et il est rentré au collège huit jours plus tard. Mais le traumatisme qu'il a vécu est devenu la cause de son découragement.

La famille Dentu fait baptiser un nouveau-né par son oncle qui est un abbé dans la nouvelle “Le baptême’’. Au retour de l'Église, l'abbé tient l'enfant dans ses bras. Il est triste parce qu’étant prêtre il n’aurait jamais un enfant. Au dîner il veut prendre le petit encore une fois. Lorsqu'on le couche, il quitte la table. On le retrouve plus tard dans la chambre de l'enfant, pleurant auprès de lui.

Paul Saval est le personnage principal de la nouvelle “Regret’’. Il est un vieux garçon de Mantes qui pense que sa vie a été vide et triste. Il a été amoureux de la femme de son camarade M. Sandres. Un jour Saval a déjeuné avec le couple sur l'herbe, au bord de la rivière. Il s'est promené avec Mme Sandres pendant que son mari dormait. Saval se souvient l'attitude étrange de la dame et se demande si à ce moment elle aurait cédé à sa déclaration d'amour. Ayant peur d'avoir manqué l'occasion d'être heureux il va chez Mme Sandres, maintenant vielle comme lui. Et... elle lui avoue qu'elle aurait cédé.

Dans la nouvelle “Mon oncle Jules’’ Joseph Davranche évoque la triste atmosphère dans laquelle dans sa jeunesse vivait sa famille, leur vie monotone et très modeste au Havre. La vie de sa famille était consacrée à maintenir l’équilibre difficile entre les petites ressources et les exigences impérieuses du “décorum’’. Son père était un employé modeste et effacé, sa mère était aigrie par les difficultés pécuniaires et ses deux sœurs vivaient dans l’attente du mariage. Dans cette atmosphère triste ne brillait que la figure de son oncle Jules - “un mauvais sujet’’ qui après avoir dépensé l’argent familial, avait émigré en Amérique où il est devenu riche comme on dit. Il avait écrit à son frère et lui avait fait de grandes promesses. Un jour toute la famille est allée à l’île de Jersey pour fêter le mariage de la sœur aînée et les parents ont reconnu le légendaire oncle Jules en un vieux et misérable écailler. Alors la mère a pris la décision que la famille parte comme si rien ne s’est passé mais le jeune fils Joseph avait compris ce qui s’était passé et a sauvé le souvenir de cette triste rencontre.

La nouvelle “En voyage’ raconte l’histoire de la morte comtesse russe Marie Baranow. Tous les passagers dans le train racontent des histoires curieuses. Un d’eux qui est médecin se met à raconter une aventure de chemin de fer qui s’est passée à une de ses patients. La belle Russe comtesse Marie était menacée par une maladie de poitrine et devait aller en France pour être soignée. Elle ne voulait pas quitter Peterbourg mais elle n’avait pas d’autre choix. Donc elle est partie par train accompagnée seulement par son domestique Ivan. Au cours du voyage elle se sentait triste, elle n’avait pas d’enfants et son mari l’avait abandonnée seule dans ce voyage. Elle n’avait pas quoi faire et a décidé de compter l’argent que son mari lui avait donnée. Elle a ouvert son sac et l’a vidé sur ses genoux mais la portière s’est ouverte et un homme blessé est entré. Elle était terrifiée et pensait qu’il allait la tuer et puis voler l’argent. L’homme voulait lui prouver qu’il n’était pas un malfaiteur et a ramassé l’argent dans son sac. Puis il l’a prié de lui aider passer la frontière en l’assurant qu’il était un bon homme qui n’avait ni tué, ni volé. Marie a pris la décision de lui aider à condition qu’il ne lui parlerait plus à aucune condition même pour lui remercier. Comme le train s’est approché vers la frontière Marie a dit à son domestique de se rendre à la maison. Comme cela elle pouvait présenter l’homme inconnu comme son domestique Ivan. Plus tard quand elle était dans un hôpital en France cet homme est devenu son ombre et la suivait partout. Chaque jour il demandait le médecin comment elle se sentait. Ils s’aimaient fortement sans même se parler car il tenait sa promesse et la comtesse se sentait heureuse qu’il y avait quelqu’un qui l’aimait avec tel dévouement prêt à tout. Un jour elle est morte et il voulait prendre congé. Il a baisé sa main “d’un interminable baiser’’ et s’est sauvé comme un insensé.

Dans “La mère Sauvage’’ une mère est rendue folle par l’annonce de la mort de son fils lors de la guerre. Un amateur de chasse rend visite à son ami Serval à Virelogne où il n'est pas venu depuis quinze ans. Il reconnaît une chaumière qui est maintenant en ruines et demande à son ami ce qu'il est advenu des occupants. Le père est mort tué par un gendarme. Le fils est parti à la guerre. Sa mère, Victoire Simon a accueilli des soldats allemands. Un jour elle a appris que son fils était mort et a préparé une vengeance. Elle a enfermé les quatre soldats dans son propre logis et y a mis le feu. Quand un officier prussien l'a interrogée, elle a avoué ce qu’elle avait fait et a demandé que les mères des victimes soient averties par courrier. On l’a fusillée contre le mur.

Dans toutes les douze nouvelles de “Miss Harriet” on peut souvent sentir le comique mais cela donne une impression un peu amère parce que l’humour est souvent cruel. En fait chaque nouvelle est un drame. L’issue n’est pas toujours tragique mais elle est toujours assez touchante.

Voir aussi


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