- Misonéisme
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Le misonéisme (du grec miso- : « qui hait » et néo : « nouveau ») est l'attitude qui consiste à rejeter toute innovation.
Il est ainsi fréquent qu'une génération considère que l'attitude de la génération précédente est misonéiste.
On parle également de néophobie.
Sommaire
Un double exemple de misonéisme illustré par C.G. Jung
Dans L'homme et ses symboles (2002), Carl Gustav Jung nous explique la résistance a sa théorie et l'illustre d'un autre exemple, celui de la résistance au concept d'évolution.
La résistance à la théorie jungienne
Dans la perspective jungienne, questionner l'inexistence d'un concept (ou d'un autre) et refuser de discuter avec soi-même se nomment « être en résistances ». « Être en résistances », c'est en premier lieu être résistant à soi-même, à sa propre nature même.
Ces résistances, cette résistance, peu(ven)t être intellectualisée(s), sous la forme de critiques intellectuelles attaquant la théorie. Par exemple, dire que la psychologie jungienne ne renvoie pas au réel, ou est une pseudo-science, ou qu'elle est machiste, ou féministe, de droite ou de gauche, etc.
En tout cas, dans la perspective jungienne, cette résistance renvoie à un conflit intérieur qui n'a pu être assumé et dépassé par de la construction mais qui donne plus qu'à voir dans cette perspective qu'un enchevêtrement de positions ou de postures intellectuelles renvoyant à un conflit.
Une zone où il y a de « l'autre encrypté en nous », qui ne nous est pas supportable. Même si le réel peut donner lieu à de la pensée libre, à de la libre mise en sens du réel, ou même de la critique de cette pensée, il est, dans le cadre de la clinique, douté, en premier lieu. Car trop proche des allants de soi (entendus ici comme des allants de soi malheureux).
Finalement, quand l'autre, son propos, ses actes, nous sont insupportables, c'est que nous le sommes à nous-mêmes.
La résistance au concept d'évolution
Dans son ouvrage L'homme et ses symboles, C.G. Jung nous explique un exemple de résistance classique face à la nouveauté (p. 30 à 33) et en particulier à sa théorie et plus encore que l'Homme face à lui-même : le misonéisme.
Le même ouvrage (p. 33) nous donne à voir deux représentations de cette résistance. L'une sur les concepts de l'évolution, illustrée par une caricature de singe avec un panneau « ma i a man and a brothers », qui rappelle les résistances de l'opinion publique face aux théories darwiniennes, et une autre de 1861 issue de l'ouvrage Punch, de l'humoriste James Thurber (selon l'auteur, J. Thurber, repris par C.G. Jung pour le commentaire de cette image), dont la tante avait peur que l'électricité ne se répandît - en sortant du câblage comme de l'eau - dans toute la maison.
La conclusion de C.G. Jung
Cette même résistance existe face à la théorie de C.G. Jung car l'Homme se résiste à lui-même.
En effet, selon C.G Jung (même ouvrage p.31), « Il est facile de comprendre pourquoi les rêveurs tentent d'ignorer ou même de rejeter le message qui leur est ainsi communiqué. La conscience résiste naturellement à tout inconscient et inconnu. J'ai déjà signalé l'existence de ce que les anthropologues appellent « le misonéisme », c'est-à-dire une peur profonde, superstitieuse, de la nouveauté. Les primitifs ont la même réaction que l'animal sauvage devant des événements désagréables. Mais l'homme « civilisé » réagit devant les idées nouvelles. (...) La psychologie est une science des plus jeunes et, parce qu'elle s'efforce d'élucider ce qui se passe dans l'inconscient, elle se heurte à une forme extrême de misonéisme ».
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