Antoine Gérin-Lajoie

Antoine Gérin-Lajoie
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Antoine Gérin-Lajoie (1824 - 1882) est un poète, avocat, publiciste et romancier canadien.

Secrétaire pendant sa jeunesse de l'ancien premier ministre Morin et conservateur de la bibliothèque du Parlement fédéral de longues années durant, il est né à Yamachiche, le 4 août 1824, et mort à Ottawa, le 7 août 1882. Il est l'auteur du roman canadien Jean Rivard, de l'étude Dix ans d'histoire du Canada et de la chanson populaire « Un Canadien errant ».

La famille Gérin était originaire de la Savoie. Son premier représentant au Canada, Jean Gérin, était sergent dans les troupes de Montcalm (1755-1760). « Il avait toujours tant belle humeur, a-t-il été raconté, que ses camarades de régiment l'avaient surnommé La joie. » Ce surnom est l'origine du nom composé de Gérin-Lajoie qui s'est perpétué dans la famille et que l'auteur de Jean Rivard a immortalisé. À ce sujet, Antoine écrivait le 16 janvier 1861 à son jeune frère Denis, plus tard Mgr Gérin, curé de Saint-Justin : « Notre vrai nom de famille n'est pas Lajoie mais Gérin. Nos ancêtres en France n'ont jamais été connus sous ce nom de Lajoie. C'est notre bisaïeul, Jean Gérin, qu'on a le premier appelé Lajoie, parce qu'il était toujours gai et content. Dans mes dernières années au collège de Nicolet, notre directeur, M. l'abbé Ferland (l'auteur de l'Histoire du Canada qui porte son nom), écrivait toujours mon nom Antoine Gérin-Lajoie, et j'ai continué à l'écrire ainsi. Mais, si je recommençais ma vie, je signerais Antoine Gérin tout simplement ... » De fait, Mgr Gérin, son frère, et Léon Gérin, son fils, devenu président de la Société Royale, ont signé Gérin tout court. Par contre, un autre de ses fils, l'avocat Henri Gérin-Lajoie, de Montréal, a continué, et sa famille après lui, à porter les deux noms accouplés l'un à l'autre.

Après la cession, l'ancêtre Jean Gérin dit Lajoie se maria, à l'automne de 1760, à Yamachiche, et il s'y établit sur une terre au bord du grand fleuve. Treize enfants virent le jour sous son toit. Le septième, André, fut à son tour le père de onze enfants. Le sixième de ceux-ci, Antoine, épousa Marie-Amable Gélinas, le 12 août 1822, toujours à Yamachiche, et devint le père d'une famille de dix-sept enfants, dont dix survécurent jusqu'à l'âge adulte. C'est l'aîné de ces rejetons, Antoine, né en 1824, qui est devenu avocat, écrivain et bibliothéciare. Il continuait une lignée qui, de père en fils, avait toujours résidé sur le même bien depuis 1760, habitant la même maison et conservant les mêmes traditions.

Antoine Gérin-Lajoie fit ses études classiques à Nicolet. Heureusement doué, il remporta dans ses classes de beaux succès. Il s'y distingua spécialement par son goût et ses aptitudes pour les lettres. À 18 ans, il écrivit une intéressante tragédie, en trois actes et en vers, Le jeune Latour, qui fut représentée sur la scène du collège et qui a été jugée digne, dans la suite, de figurer au Répertoire national de Huston, édité en 1848-1850, et réédité, en quatre volumes in-octavo, en 1893. Gérin-Lajoie composait aussi, étant encore écolier, de petits poèmes de circonstance et des chansonnettes.

À l'occasion des troubles de 1837-1838, sa verve poétique fut excitée par le triste sort des vaincus et il composa la chanson « Un Canadien errant », dont le premier couplet est resté dans toutes les mémoires :

Un Canadien errant,
Banni de ses foyers,
Parcourait en pleurant
Des pays étrangers.
Si tu vois mon pays,
Mon pays malheureux,
Va dire à mes amis
Que je me souviens d'eux...

À l'été de 1844, après un court voyage aux États-Unis, Gérin-Lajoie se fixa à Montréal pour étudier le droit. Mais il était pauvre et il fallait vivre. Il entra au journal La Minerve, en qualité de correcteur et de traducteur. Il y fit bientôt de la rédaction. En 1845, il devint le secrétaire de la société Saint-Jean-Baptiste, qui se réorganisait, et, en 1847, Augustin-Norbert Morin en faisait son secrétaire.

Entre temps, il étudiait son code. Le 20 septembre 1848, Gérin-Lajoie était admis au barreau. Cependant, comme les chicanes du palais ne le tentaient pas plus que celles de la politique, il ne tarda pas à accepter une situation de fonctionnaire. En 1849, il fut employé au ministère des Travaux publics. En 1850, il passa au bureau des arbitres provinciaux. En 1856 enfin, il fut nommé à la bibliothèque du Parlement, qui siégeait alors, alternativement, à Québec et à Toronto. C'est à Toronto qu'il épousa, le 26 octobre 1858, à 34 ans, l'une des filles d'Étienne Parent, le célèbre journaliste, en ce temps sous-secrétaire d'État, et dont, pour cette raison, la famille se trouvait dans le Haut-Canada, où siégeait le gouvernement.

L'année suivante, le gouvernement étant revenu à Québec, Gérin-Lajoie l'y suivit avec sa jeune femme. C'est alors, en 1860, qu'il fut, avec Larue et Taché, l'un des fondateurs des Soirées canadiennes, et que, deux ou trois ans plus tard, avec d'autres amis, il lança le Foyer canadien. Son roman, Jean Rivard, parut dans ces deux publications, la première partie, Jean Rivard défricheur, dans les ''Soirées canadiennes'' en 1862, et la deuxième partie, Jean Rivard économiste, dans le Foyer canadien en 1864.

En 1867, le gouvernement s'étant fixé à Ottawa, Gérin-Lajoie vint y habiter avec sa famille. Toujours attaché à la bibliothèque fédérale, il en organisa les services et en dressa la bibliographie pour la partie française. C'est vers ce temps, entre 1867 et 1870, qu'il écrivit son important ouvrage sur l'établissement du gouvernement responsable Dix ans d'histoire du Canada (1840-1850), qui a été publié, après sa mort, en 1888, par les soins de l'abbé Casgrain. Frappé d'une attaque de paralysie en 1880, Gérin-Lajoie languit quelques mois, et il mourut à Ottawa le 7 août 1882. Il avait 58 ans.

Avec les Anciens Canadiens de Philippe Aubert de Gaspé, le Jean Rivard de Gérin-Lajoie a été le livre qui cherchait le plus clairement à ériger la vie et les mœurs des Canadiens d'autrefois en modèle. « La lecture de ce livre, écrivit Mgr Camille Roy, replacera sous vos yeux toute une série de coutumes et d'habitudes qui s'en vont. Elle vous le fera aimer, non seulement parce qu'il est un excellent manuel d'économie sociale, mais aussi parce qu'il est comme le reliquaire de vieilles choses disparues. Et, si vous tenez compte de la grandeur du dessein qui l'a inspiré, de la bonhomie et de la simplicité de l'exécution, de l'influence salutaire aussi qu'il peut avoir sur l'esprit du peuple, vous estimerez que ce roman, malgré ses défauts de composition et de style, est presque l'égal de celui que vers le même temps publiait M. de Gaspé, et, dans votre bibliothèque, vous placerez sans doute ''Jean Rivard'' à côté des Anciens Canadiens. »

On a plus d'une fois rapproché Jean Rivard et le Maria Chapdelaine du Louis Hémon. « Pour nous, écrivait à ce sujet M. Pierre-Georges Roy en 1924, le vrai roman canadien, c'est le Jean-Rivard de Gérin-Lajoie. Au triple point de vue du style, de l'action et de la facture générale, Jean Rivard est sans doute inférieur à Maria Chapdelaine. Mais dans tout le livre de Gérin-Lajoie règne un souffle de patriotisme qui est remplacé dans le roman de Louis Hémon par une espèce de fatalisme qui n'est certainement pas canadien, ni chrétien. »

Dix ans d'histoire du Canada est un ouvrage qui dénote un sens aigu de l'observation, beaucoup de réflexion et un patriotisme du meilleur aloi. L'étude, sérieuse et documentée, porte sur l'une des périodes les plus mouvementées de notre histoire politique, celle qui va de 1840 à 1850.

Les couplets d'Un Canadien errant n'ont guère d'envolée poétique, et, sur leurs six pieds aux rimes uniformément masculines, ces pauvres vers n'ont rien de bien extraordinaire. Leur mérite, c'est d'avoir traduit, à un moment donné, le sentiment profond de tous les Canadiens patriotes. Et c'est là, sans doute, ce qui les a rendus si populaires. Ils ont valu à Gérin-Lajoie, en tout cas, de délicates jouissances d'auteur.

Un jour, raconte une chronique de l'Opinion publique (février 1872), que l'auteur d'Un Canadien errant passait dans une rue pauvre et déserte d'un faubourg de Toronto, il entendit chanter sa ballade par une douce voix de jeune fille, qui tombait de la fenêtre ouverte d'un haut étage d'une assez modeste maison de pension. Il en fut touché jusqu'aux larmes. Une autre fois, à Ottawa, comme il cheminait avec Benjamin Suite sur la colline du Parlement, c'est la voix puissante d'un "homme de cage", une belle voix de ténor, qui lui apporta, de la baie de l'Outaouais, qui se trouve au bas, les strophes vibrantes de sa complainte. Cette fois encore, affirme Sulte, il en pleura.

Le dimanche 14 septembre 1924, avait lieu, à Yamachiche, une jolie fête religieuse et littéraire, par laquelle on avait voulu commémorer le centenaire de la naissance de Gérin-Lajoie en août 1824. Il y eut messe solennelle à l'église paroissiale, chantée par son neveu, le regretté abbé Gélinas, du séminaire de Trois-Rivières, avec sermon de circonstance, par l'abbé Camirand, du séminaire de Nicolet, dont Pierre-Georges Roy, par Mgr Camille Roy, par M. Édouard Montpetit et par M. C.-J. Magnan. Ce fut un moment de gloire. Il marquait, comme dans une auréole posthume, le souvenir d'un Canadien éminent qui a bien mérité de sa patrie et de ses compatriotes.

En 1979, l'auteur-compositeur-interprète Leonard Cohen enregistra une version de la chanson Un Canadien errant. En 2004, il reprit la mélodie pour y ajouter des paroles anglaises, formant ainsi la chanson intitulée The Faith.

Sommaire

Œuvres

  • Catéchisme politique ou Elémens du droit public et constitutionnel du Canada, mis à la portée du peuple, 1851
  • Jean Rivard, le défricheur, 1874
  • Jean Rivard, économiste, 1876
  • Jean Rivard : scènes de la vie réelle, 1877
  • Dix ans au Canada de 1840 à 1850, 1891
  • Le Centenaire de Gérin-Lajoie, 1924
  • Les Lettres canadiennes d'autrefois, 1939
  • Le jeune Latour, 1844

Revues et journaux

Annexes

Source

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