Micropsychanalyste

Micropsychanalyste

Micropsychanalyse

La micropsychanalyse, instaurée par Silvio Fanti dès 1953, est une méthode associative ayant pour but la connaissance du psychique et l’établissement d’une homéostasie psychocorporelle. Dérivée de la psychanalyse freudienne dont elle s'écarte des points techniques et théoriques principaux, la micropsychanalyse se caractérise par d’importantes particularités pratiques : ce sont principalement les longues séances (trois heures chaque jour) et les appoints techniques (étude en séance de documents qui ont trait à la vie de du patient). Ces pratiques donnent du champ au processus d'association libre et visent l’élaboration des vécus événementiels, corporels et psycho-affectifs[1] jusque dans leurs micro-détails utéro-infantiles et phylogénétiques.[réf. nécessaire] Le préfixe micro- de micropsychanalyse doit s’entendre dans cette perspective. Cette méthode d’investigation minutieuse a permis l’élaboration d’un modèle théorique qui se veut plus universel que la métapsychologie freudienne et que Fanti a nommé « Organisation énergétique du vide ».

Sommaire

Origine

Fanti (1919-1997) se trouve cliniquement confronté aux difficultés du cadre psychanalytique classique dans les années cinquante. S'étant convaincu que la méthode freudienne était dans une impasse, Fanti a commencé par inventer et à expérimenter sa propre technique. Il en vient progressivement à prendre acte de ce que des séances de trois heures quasi quotidiennes favorisent la verbalisation associative, facilitent selon lui le dépassement des résistances et peuvent conduire à une résolution plus physiologique du conflit névrotique. Il finit donc par adopter ce qu’il appellera les "longues séances" comme module princeps de la technique micropsychanalytique. Assez rapidement, les détails du matériau associatif livré en "longues séances" le portent à introduire des "appoints techniques" qui vont permettre au patient de se confronter à ce qu’il a verbalisé. La prétention de ces pratiques vise à la dimension psychique - en particulier l’inconscient - au psychobiologique.

Méthodologie

Dans l’introduction de Contre le mariage[2], en 1970, Fanti expose très précisément les bases techniques de la micropsychanalyse. Il les reprendra telles quelles tout au long de son œuvre, notamment avec ses collaborateurs P. Codoni et D. Lysek [3]. Depuis, elles ont été largement développées dans les cercles liés à la micropsychanylyse [4] ...) et explicitées dans leur ensemble dans un ouvrage collectif : [5] (2007).

La situation de la cure est que le patient se conforme à la règle de libre association et le micropsyanalyste observe les règles d'attention flottante, le cadre est notablement modifié par trois modalités. Ces modalités sont considérées comme indissociables dans la mesure où chacune d’elles contribue à la cohésion et à la cohérence de l’ensemble méthodologique. Ce sont :

Les longues séances

« Séances non-stop de plusieurs heures, en moyenne trois ou quatre, ayant lieu tous les jours ou au moins cinq fois par semaine »[6]. Les séances de micropsychanalyse comportent donc deux paramètres, qui sont complémentaires : la durée et la fréquence. Cette complémentarité durée-fréquence régule la dynamique associative et définit le rythme propre des longues séances. Un tel rythme vise à ce que la pensée rationnelle et logique, c'est-à-dire le mental, cède plus facilement la place au psychique, en particulier au préconscient où se déroule la pensée par associations libres.

La technique micropsychanalytique se caractérise néanmoins par sa plasticité. Ainsi, la personnalité dpatient, son âge et la particularité de sa névrose peuvent amener le micropsychanalyste à moduler le binôme durée-fréquence des séances.

Les longues séances se font en situation divan/fauteuil, sans interférence extérieure ni repère horaire (téléphone, pendule...) afin de créer des conditions optimales pour la verbalisation associative.

Les appoints techniques

Les appoints techniques consistent en l’étude minutieuse, par le patient, de documents variés qui touchent de près ou de loin à son intimité. Ils ont pour objectif de dynamiser les associations libres de du patient en les imprégnant de vécus authentiques, de donner un indice de réalité aux expériences actuelles et passées qu'il a verbalisées et de rendre ainsi le travail de reconstruction moins aléatoire. Ils sont au nombre de quatre. Au cours de sa micropsychanalyse, tout patient étudie successivement et selon une technique spécifique :

  1. son arbre généalogique, qu’il a lui-même établi
  2. les photographies de lui (depuis sa naissance) et celles de sa famille
  3. les plans des lieux où il a vécu et qu’il a dessinés de mémoire
  4. sa correspondance privée et ses journaux intimes, écrits d’enfance ou d’adolescence...

Les appoints techniques se font nécessairement en longues séances, car pour développer leur propre efficacité psychique ils doivent s’intégrer dans un rythme véritablement associatif. Ils sont introduits progressivement dans le processus du creusement micropsychanalytique de manière à respecter et même à conforter la continuité du matériel.

Chaque appoint technique obéit à des règles qui lui sont propres. Mais l’étude se déroule toujours en deux temps :

  1. la « phase d’observation-description » qui se fait à une table de travail durant la première heure de séance
  2. la « phase associative » qui se continue sur le divan pendant les heures qui suivent.

L’étude d’un appoint technique se prolonge en général sur dix-douze séances consécutives.

A ces quatre études spécifiques s’ajoute l’écoute, sur le divan, de certaines séances enregistrées au cours de la micropsychanalyse. Écouter ses propres verbalisations, les vibrations de sa voix et ses décharges émotionnelles fait prendre conscience au patient du déroulement surdéterminé de son histoire et de la précision des schèmes répétitifs. Il peut également approfondir tel ou tel aspect de son matériel vital en prolongeant les lignées associatives qu'il entend.

Les rencontres hors séances

Le micropsychanalyste propose des moments de convivialité (repas) à ses analysés, dans la mesure où ces derniers le souhaitent et « pour autant que cela n’interfère pas négativement avec le travail en cours ». Ces rencontres, qui ne sont envisageables que dans le contexte des longues séances, ont lieu à une cadence convenue et régulière. Elles ont pour but d’amener le micropsychanalyste et le patient à se connaître en tant que personnes dans la réalité de la vie. Par ailleurs, elles apportent souvent à la relation thérapeutique des éléments concrets qui peuvent en faciliter l'analyse. Ces modalités divergent complètement de la pratique psychanalytique.

Schémas d'une micropsychanalyse

La micropsychanalyse personnelle peut se faire par tranches ou de manière continue.

  • Généralement, elle se déroule en quelques tranches de cent à cent vingt heures. Les tranches s’enchaînent selon un rythme qui est dicté par la dynamique du travail mais qui tient compte également des possibilités du patient. Une période de sédimentation de neuf à douze mois est envisagée entre une tranche et la suivante. Durant cette période, le patient a la possibilité de faire quelques « séances de maintien » qui viennent soutenir la perlaboration.
  • Une micropsychanalyse peut également se faire de manière continue ; dans ce cas, la fréquence des séances est moins soutenue, sans pouvoir descendre en dessous de trois par semaines. Ce schéma est indiqué notamment pour ceux qui ont besoin d’un certain maternage ou qui supportent difficilement les ruptures (sujets borderlines, sujets souffrant de syndromes d’addiction, de maniaco-dépression, de schizophrénie en phase non délirante, de dépression récurrente).

La formation du micropsychanalyste

La formation nécessite une micropsychanalyse personnelle approfondie, suivie d'une micropsychanalyse didactique puis de supervisions.

  • La micropsychanalyse didactique s’entreprend après une micropsychanalyse personnelle. Elle se fait en deux ou trois tranches au cours desquelles le micropsychanalysé acquiert une formation théorique et technique en vue de pratiquer la micropsychanalyse. Elle implique l’acquisition des concepts théoriques de la micropsychanalyse et des principaux courants psychanalytiques, ainsi qu’une connaissance clinique des grands syndromes de la psychopathologie. Il est demandé au futur praticien de posséder une solide culture générale, mais il n’est pas nécessaire qu’il soit médecin ou psychologue, sous réserve de la législation nationale à laquelle il est soumis.
  • Durant ses premières années d’exercice professionnel, le micropsychanalyste suit régulièrement des supervisions avec un micropsychanalyste contrôleur de la Société Internationale de Micropsychanalyse (SIM).

Le titre de micropsychanalyste titulaire est décerné par la Commission pour la pratique de la SIM, après soutenance d’un mémoire devant mettre en évidence la manière dont le candidat a assimilé ses connaissances et les intègre dans sa pratique.

Micropsychanalyse et psychanalyse

Malgré l'homophonie des noms, la pratique de la micropsychanalyse n'est pas reconnue par l'International Psychoanalytical Association et ses organes nationaux ou régionaux, ni par la mouvance lacanienne ou autres associations de Psychothérapie Psychanalytique.

Bibliographie

  • Micropsychanalyse de Pierre Codoni, Nicole Deschamps, D Lysek, Véronique Caillat, éditions L’esprit du temps, 2007, (ISBN 2-84795-121-0)
  • L'Homme En Micropsychanalyse, Fanti Silvio, Buchet/Chastel, 1988
  • Dictionnaire pratique de la psychanalyse et de la micropsychanalyse, de Silvio Fanti, Buchet/chastel, 2003

Notes et références

  1. N. Peluffo, Micropsicoanalisi dei processi di trasformazione, Turin, Book's Store, 1976 ; S. Fanti, L'Homme en micropsychanalyse (Denoël, 1981), Paris, Buchet/Chastel, 1988 ; P. Codoni (dir.), Micropsychanalyse, Le Bouscat, L'Esprit du Temps, 2007.
  2. S. Fanti, Contre le mariage, Paris, Flammarion, 1970.
  3. Dictionnaire pratique de la psychanalyse et de la micropsychanalyse(avec la coll. de P. Codoni et D. Lysek, (1983), Paris, Buchet/Chastel, 2003.
  4. Revue internationale de Micropsychanalyse, micropsychanalyse, Revue de la Société Internationale de Micropsychanalyse, Lausanne, Favre; Bollettino dell’Istituto Italiano di Micropsicoanalisi; Bollettino dell'Istituto Italiano di Micropsicoanalisi, Turin, Tirrenia Stampatori.
  5. Micropsychanalyse, P. Codoni (dir.), Micropsychanalyse, Le Bouscat, L'Esprit du Temps, 2007.
  6. S. Fanti (en coll. avec P. Codoni et D. Lysek), Dictionnaire ..., déf. 4, ibid. (1983)

Liens externes

Instituts francophones de micropsychanalyse

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