- Michelle de Saubonne
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Michelle du Fresne dite de Saubonne, est la femina cordatissima de Guillaume Budé. C'est la douairière de Soubise. Fille de Denis de Saubonne, dit la note, seigneur de Fresnes-Coudray ; humaniste protestante, elle a fait connaître Jean des Marets, le père de Clément Marot, à la reine Anne de Bretagne auprès de qui elle servit de secrétaire, puis de Chambellan. Elle sera l'une des premières protectrices de Bernard Palissy.
Sommaire
Biographie
L'amie d'Anne de Bretagne
En 1503, sa présence est attestée à la cour de Louis XII par un acte faisant état de parties livrées à Mademoiselle Michelle de Saubonne pour envoyer à la Reyne de Hongrie[1]...
En 1505, elle fut choisie pour servir de fille d'honneur à la Reine. Chargée des bagues, du linge et des bijoux d'Anne de Bretagne, elle en devint bientôt le secrétaire, rôle qu'elle partagea avec Hélène de Laval, puis organisa pour cette Reine des joutes oratoires galantes.
vers 1506, elle fit entrer au service de la Reine Jean Marot, dont elle avait apprécié les poésies. Son fils gardera toute sa vie le souvenir qu'elle fut une des premières à accueillir son père vivant, quand à la Cour du Roy fut arrivant.
Michelle de Saubonne partageait les goûts de la Reine et, comme le dit Marot[2],
Aimant littérature, Savoir exquis, vertus qui le ciel percent, Arts libéraux & ceux qui s'y exercent,
Elle avait introduit auprès de la Reine Anne un des écrivains de ce temps, l'historien et poète Jean Le Maire de Belges.
La douairière de Renée de France
En 1507, elle se maria avec Jean IV de Parthenay, seigneur du Parc de Soubise, dont elle était la seconde épouse, et qui mourut cinq ans plus tard, la laissant enceinte avec trois filles. C'est par son fils, Jean V de Parthenay-L'Archevêque, seigneur de Soubise, né posthume, en 1512, qu'elle sera la grand-mère de Catherine de Parthenay.
Vers 1510, elle devint la gouvernante de Renée de France, (fille cadette de Louis XII) dont elle a fit l'éducation. Anne de Bretagne voulait qu'elle fut pour sa fille comme une mère (mémoire de Catherine de Parthenay)[3]
Dans les querelles qui divisaient la cour, Saubonne prit le parti d'Anne de la Bretagne contre celui de Louise de Savoie, qui, à la mort de cette Reine, voulut dépouiller l'enfant de son héritage
En 1515, elle fut éloignée de Paris par François Ier car elle s'opposait au rattachement de la Bretagne à la couronne de France... et qu'en outre, elle manifestait des sympathies pour l'église réformée[4].
Seule avec ses enfants
Elle se retira dès lors avec ses trois filles et son fils, Jean à sa maison du Parc-Soubise, où elle éleva ses enfants, et leur fit apprendre les langues grecque et latine. Budé affirme qu'elle avait connaissance de la vraie religion et y instruisit tous ses enfans[5].
A la cour de Ferrare
En 1528, Renée de France ayant épousé Hercule II d'Este, cette princesse fit admettre le retour de sa gouvernante à la cour, puis l'emmena en Italie, à Ferrare avec deux de ses filles, dont Anne, et son fils. Peu après Clément Marot vint les y retrouver.
A l'arrivée de Calvin à la cour de Ferrare, sa fille ainsi que son gendre prirent la résolution d'abandonner l'Eglise Catholique.
En 1536, le duc d'Este, qui se rapprochait de Charles Quint, à la mort de son père, Alphonse d'Este, voulut chasser Madame de Saubonne de Ferrare. il lui en voulait particulièrement des reproches qu'elle faisait quant à la façon dont il traitait son épouse [6]
Renée de France, et d'Este désormais, protesta de son renvoi, auprès de François Ier et auprès du Pape Paul III. Le cardinal du Bellay s'en méla. Pendant une absence d'Hercule d'Este (à Rome auprès du Pape), Madame de Saubonne organisa pour le compte de François Ier une réunion du parti français. Hercule d'Este prit peur, retourna immédiatement à Ferrare, et la renvoya.
Clément Marot nous a laissé quelques vers [7] où il annonce le départ de Madame de Soubise, partant de Ferrare pour revenir en France :
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- Le clair soleil sur les champs puisse luyre
- Dame prudente et te vueille conduire
- Jusques au pied de ta noble maison
- Il est certain que plus tost oraison
- Pour ta demeure à Dieu je vouldrois faire
- Mais puis que luy et le temps et l affaire
- Veulent tous trois que ta bonté desplace
- Montz et torrens te puissent faire place
- Dieu tout au long de ton allee entiere
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et aussi ce distique, lors de son retour en France :
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- Viens le temps doux. Retire-toi la bise ! Ne fache point Madame de Soubise !
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Retour en Saintonge
Après leur retour en Saintonge, on la trouve, avec sa fille, son gendre, le sire de Pons, et son fils, à l'origine de la diffusion du protestantisme dans les terres de la Charente et du Haut-Poitou. Quelques jours après le décès de sa fille Anne, Madame de Saubonne mourut en recommandant à sa famille le jeune Bernard Palissy[8](1549)[9] ; elle s'éteignit en professant la nouvelle religion ; elle avait toujours eu le prêche sur ses terres, et les édits du roi protégeaient encore les ministres. C'est alors que se réalisa la prophétie de Marot :
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- Et nous en bief, saurons, de ton absence,
- de quoi servait par deça ta présence.
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Sa vie et sa généalogie nous sont connues au travers des écrits du mathématicien François Viète, qui fut le secrétaire de son fils à ses débuts, au parc Mouchamps.
Notes
- [1]. Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques
- [2] Clément Marot : oeuvre complète
- [3] Geneviève-Morgane Tanguy : Les jardins secrets d'Anne de Bretagne
- [4] Les Commentaires de la langue grecque de Guillaume Budé.
- Mémoire généalogique, rédigé par Catherine de Parthenay, 16 pages in-folio. Collection de M. Benjamin Fillon.
- Femmes & pouvoir politique. Marie-Karine Schaub, Isabelle Poutrin
- [5] Oeuvres complètes. Clément Marot,
- Bernard Palissy Louis Audiat,
- [6] Revue des deux mondes (1879).
Bibliographie
- Ouvrages sur les Parthenay et sur Michelle de Saubonne disponibles en ligne :[7]
- Marcel Giraud-Mangin, "Michelle de Saubonne, dame d'atour d'Anne de Bretagne", dans Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne
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