Maxime Lamotte, un géographe dans l'habit d'un naturaliste

Maxime Lamotte, un géographe dans l'habit d'un naturaliste

Maxime Lamotte, un géographe dans l'habit d'un naturaliste

Article principal : Maxime Lamotte.

Si la plus grande partie de l’œuvre de Maxime Lamotte relève de la zoologie, de la biologie ou de l’écologie, on ne saurait oublier les recherches en géologie et en morphologie, qu’il a effectuées au cours de ses premiers séjours en Afrique. L’ensemble de ces travaux, fruit d’une collaboration avec d’autres chercheurs, essentiellement des géographes, est connu par 10 publications et 7 communications ayant donné lieu à un compte rendu dans une revue scientifique. La découverte du mont Nimba, l’impression de puissance que produit ce relief dominant la pénéplaine de plus de 1000 mètres, a profondément marqué le jeune chercheur dès son arrivée en Guinée en 1942.


Type même de ces anomalies orographiques que forment les plus hauts sommets de la Dorsale guinéenne, entre le Fouta Djalon et les montagnes de Man, le Nimba coïncide strictement avec l’extension d’une série sédimentaire plus ou moins métamorphisée, redressée presque à la verticale et qui affleure en milieu de régions cristallines. Au cours des missions suivantes Maxime Lamotte étendra sa prospection à la chaîne du Simandou dont les formations géologiques se présentent comme une série monoclinale redressée. Les reliefs du Nimba et ceux du Simandou correspondant à des affleurements de bancs sub-verticaux de quartzites à magnétites sont à mettre en relation avec la nature pétrographique des roches. Par ailleurs, l’étude comparative a permis de mettre en évidence la coexistence de trois types de modelé dans les chaînes quartzitiques du Nimba et du Simandou : un modelé pseudo-tempéré en altitude, caractérisé par des formes agressives et par l’érosion mécanique, un modelé de type tropical sec caractérisé par des paysages tabulaires cuirassés d’où surgissent les montagnes, soumis à une érosion brutale par dislocation et éboulements et enfin un modelé de type tropical humide, domaine de l’altération chimique, caractérisé par l’ennoyage des formes sous leurs propres produits.


Le dernier volet des recherches géographiques concerne les phénomènes de cuirassement et les cycles d’érosion. Dès 1949, M. Lamotte, J-Ch. Leclerc et J. Richard-Molard identifient 4 cycles d’érosion auxquels correspondent 4 niveaux à 1600 mètres, 1300 mètres, 800 mètres et 500 mètres. L’existence de ces niveaux d’érosion successifs échelonnés aux différentes altitudes de la chaîne confirme la nature appalachienne du relief du Nimba. Plus tard, les deux auteurs tenteront une généralisation à l’Afrique Occidentale de leurs recherches effectuées au Nimba et au Simandou et ils proposeront une datation de ces niveaux d’aplanissement. Le niveau 1600 correspondrait à la surface de Gondwana datée du Jurassique, le niveau 1300 correspondrait à la surface post-Gondwana datée du Crétacé, le niveau 800 serait la Grande Surface Africaine datée de l’Eocène inférieur et enfin le niveau 500, correspondant à la surface de piedmont dans le massif du Nimba, daterait du Pliocène. Ces surfaces sont des niveaux d’érosion, fréquemment fossilisés sous des produits de regradation, produits colluviaux ou d’altération. L’observation montre, en effet, que les galets de quartzites ferrugineux, entraînés par les cours d’eau et accumulés sur les surfaces sub-horizontales de piedmont, se cimentent en surface avec rapidité, grâce à l’apport d’une grande quantité d’oxydes de fer et à l’alternance des saisons sèche et pluvieuse. La surface se trouve ainsi recouverte d’un véritable poudingue à gros éléments de quartzite et à ciment ferrugineux, formant une cuirasse pratiquement inaltérable et très dure. Elle est de la sorte fossilisée et soustraite à l’érosion. Quant au phénomène de cuirassement qui apparaît d’une façon récurrente tout au long des recherches africaines de l’auteur, il fera l’objet d’une publication synthétique signée Maxime Lamotte et Gabriel Rougerie en 1963. Après avoir rappelé que le terme cuirasse a été créé en 1807 par F. Buchanan qui travaillait en Inde, après avoir fait l’historique du concept de cuirassement, les auteurs présentent les résultats de 20 années de prospections en Afrique Occidentale. Nos observations n’ont fait que confirmer notre opinion : les apports allochtones tiennent une place prépondérante dans l’élaboration des cuirasses. Il apparaît enfin, et cette conclusion vient particulièrement à propos dans la controverse qui agite les chercheurs notamment africanistes, ..que l’ensemble du processus est, en soi, davantage azonal que zonal. L’empreinte zonale consiste en une plus grande mobilisation et une plus grande accumulation du fer, liées, l’une à une individualisation plus accentuée sous ces latitudes, l’autre à une fixation plus énergique sous l’effet de contrastes saisonniers très marqués.


Il conviendrait également de faire mention des travaux de cartographie auxquels Maxime Lamotte s’est livré dès sa première mission au mont Nimba. Ces premières cartes serviront de référence pour les recherches ultérieures. Il ne faudrait pas oublier non plus les nombreux croquis et notes rassemblés sur des carnets et qui attendent toujours d’être utilisés. Enfin, la signature de Maxime Lamotte dans un important ouvrage collectif consacré à la chaîne du Nimba, aux côtés des trois géographes qui par leurs recherches conceptuelles vont renouveler l’image de l’Afrique, apparaît comme la meilleure illustration de l’ouverture de sa pensée scientifique.

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