- Mawangdui
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Mawangdui (馬王堆) est un site archéologique chinois exceptionnel datant des Han Occidentaux (~190-168 av. J.-C.) .
Sommaire
Le site. Son contenu
Situé à Wulibei (五里牌) à quelques kilomètres à l’est de Changsha dans la province du Hunan. Signalé par deux tumuli en forme de selle (mawang est une corruption de ma'an 馬鞍 ”selle”), le site fut fouillé de 1972 à 1974. On y découvrit trois tombes datant des Han Occidentaux (~190-168 av. J.-C.) contenant les momies du marquis de Dai (軼侯), de sa femme et de son fils. Celle de la marquise, qui survécut à sa famille, est dans un excellent état de conservation. Décédée entre -168 et -145, elle reposait dans la tombe No1 dans une chambre funéraire en bois, enveloppée de 20 épaisseurs de tissu fixé par neuf ceintures, et placée dans quatre cercueils emboîtés entourés de compartiments pour le mobilier funéraire. (images sur: Momie)
Recouvertes de 16 à 20m de terre pilée, les tombes étaient entourées de couches de charbon et d’argile blanche qui ont maintenu un degré d’humidité constant, assurant la préservation, très rare sur une durée si longue, d’objets en bois laqué (coffrets de toilette tripodes, vases, cuillères, louches, coupes et gobelets, cruches, plateaux, éventails) et de pièces de soie. Parmi ces pièces de soie, des vêtements et surtout une[N 1]. bannière funéraire peinte[1] exceptionnelle tant par le fait qu'il s'agit de la plus ancienne peinture sur soie conservée mais aussi par son format, en T, et par son sujet. Il s'agit en effet de la représentation du passage de la défunte marquise vers l'au delà[1],[2].
Il s'agit d'une peinture à destination du rituel funéraire mais on peut en considérer les qualités formelles dans l'approche du monde des représentations qu'elle évoque. Si l'on prend en considération le fait que la soie a été teinte en vermillon et le style très nerveux du trait de pinceau, un rapprochement peut se faire avec l'aspect des laques qui accompagnent les offrandes. Les laques donnent déjà le "la" au traitement du bronze depuis les "Royaumes Combattants" et ceci grâce au traitement graphique que la technique de la peinture à la laque permet (la laque incisée n'est pas pratiquée à cette époque). La bannière est composée en différents registres superposés, depuis le monde souterrain en bas jusqu'au monde céleste en haut. Deux paires de dragons placés en symétrie sur les deux côtés verticaux impulsent comme une circulation entre ces niveaux. Mis en relation avec les anciens Canons, cette division semble correspondre au monde du cadavre et à celui du "corps dans sa demeure éternelle"[2]. Au niveau du premier tiers les dragons se lient en comblant le vide au cœur du disque bi (symbole ? de l'univers "terrestre"). Sur le "plateau" que le disque supporte par l'intermédiaire d'animaux fantastiques la défunte, dont la silhouette expressive évoque le grand âge et la faiblesse, est accompagnée par trois suivantes et reçoit les hommages de deux personnages accroupis. En dessous, deux oiseaux à tête humaine appelés Mille Automnes (qianqiu) ainsi que des tortues et des hiboux constituent autant de signes de la longévité espérée, autour des offrandes disposées dans les récipients rituels. Au dessus, deux émissaires de l'Empereur céleste l'attendent, comme à un passage : l'espace s'élargit. Plus haut, deux cavaliers aux traits félins hissent ce qui fait penser à un brûle-parfum. Le ciel est symbolisé par le crapaud et le lièvre de la lune (dans l’angle gauche) et le corbeau, associé au soleil[3].
Toujours sur soie : de nombreux rouleaux manuscrits (boshu 帛書) se rattachant pour la plupart au courant taoïste, dont les plus anciens documents connus concernant la médecine chinoise ainsi que Daodejing (deux exemplaires) et le Yijing. Accompagnaient également le corps des provisions, des herbes médicinales, des instruments de musique (cithare, orgue à 22 tuyaux, cornemuses), 162 figurines de bois et des maquettes funéraires.
Les tombes, situées à une profondeur de 20 à 16 mètres sous terre, s’ouvrent sur le nord. L’accès lors de l’enterrement était assuré par un chemin en pente.
Notes et références
Notes
- Voir la reproduction d'une deuxième bannière, celle déposée dans la tombe du marquis, : dans Yolaine Escande, 2005, Montagnes et eaux. La culture du Shanshui, p61. Une autre carte sur soie provenant de cette tombe est aussi reproduite dans cet ouvrage p 99
Références
Bibliographie
- Danielle Elisseeff, Art et archéologie : la Chine du néolithique à la fin des Cinq Dynasties (960 de notre ère), Paris, École du Louvre, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux (Manuels de l'École du Louvre), 2008, 381 p. (ISBN 978-2-7118-5269-7) Ouvrage de référence, bibliographie et Sites Internet.
- Yang Xin, Richard M. Barnhart, Nie Chonghzeng, James Cahill, Lang Shaojun, Wu Hung, Trois mille ans de peinture chinoise, Arles, Philippe Piquier, 2003, 402 p. (ISBN 2-87730-667-4).
- Gabriele Fahr-Becker (sous la direction de), Les Arts de l'Asie orientale. Tome 1, Cologne, Könemann, 1999, 406 p. (ISBN 3-8290-1743-X).
- Yolaine Escande, Montagnes et eaux. La culture du Shanshui, Paris, Hermann, 2005, 293 p. (ISBN 2-7056-6521-8).
- Élisabeth Rochat de la Vallée & Claude Larre, La bannière : pour une dame chinoise allant en paradis, Paris, Desclée de Brouwer, (1995 et) 2010, 164 p. (ISBN 978-2-220-06242-6).
Liens externes
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