Marquis d'Anglesey

Marquis d'Anglesey

Henry William Paget

Henry-William Paget, 2e comte d'Uxbridge, 1er marquis d'Anglesey (1758-1854)

Henry William Paget (1758-1854), 2e comte dUxbridge, 1er marquis dAnglesey, plus généralement connu sous le nom de Lord Uxbridge, est un officier britannique. Il fut commandant en chef de la cavalerie alliée lors de la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815.

Lun des objets les plus étranges que renferment les collections du Musée Wellington à Waterloo est, sans doute, la prothèse de la jambe de lord Uxbridge.

Sommaire

Biographie

Une famille typique de la Middle Class

Henry William Baylycar tel est bien son véritable nom à loriginenest en réalité pas noble : il est en 1768 dans une famille londonienne sans lustre ni richesse particulière. Un an plus tard, son père hérita dune petite baronnie et changea son nom en « Paget ». Alors quil avait douze ans, ses parents héritèrentsans quon sache très bien pourquoi ni commentde la bagatelle de 5.000 hectares de terrains miniers en Angleterre et en Irlande. Cette fortune tombée du ciel permit à lord Paget de placer son fils dans les meilleures écoles. Henry fréquenta la Westminster School puis le collège Christchurch à Oxford. En 1790, à lâge de 22 ans, il fit son entrée aux Communes il occupa le siège de Carnarvon puis celui de Milborne Port jusquen 1810.

Un cavalier admiré

Cest en 1793 quil entama sa carrière militaire quand son père lui offrit le 80ème régiment de volontaires du Staffordshire, à la tête duquel il combattit en Flandre (1794). En 1799, il revint dans les Flandres mais, cette fois, commandant du 7ème Light Dragoons. Il sacquit une réputation de chef de cavalerie hardi et compétent tout au début de la guerre de la Péninsule sous le commandement de sir John Moore . Il remporta plusieurs combats difficiles, dont ceux de Sahagun et de Benavente, alors quil couvrait la désastreuse retraite des forces britanniques vers La Corogne. Il participa également à la triste expédition de Walcheren en 1809.

Henry William Paget ne participa pas à la deuxième partie de la guerre de la Péninsule, menée par le duc de Wellington. Cela tient à des événements dordre privé, qui ne tardèrent pas à constituer les éléments dun scandale épouvantable.

Un "coup de foudre"

En 1808, Paget, retour de la Péninsule, assistait à un soirée musicale donnée par son père à Uxbridge House quand son regard tomba sur Lady Charlotte Wellesley, la femme du plus jeune frère de Wellington, Henry Wellesley. Il en tomba aussitôt follement amoureux. Lennui, cest quil était déjà mariéil avait épousé Lady Caroline Villierset quil avait eu huit enfants de sa femme, ce qui en dit déjà long sur son tempéramentHenry Wellesley qui exerçait alors les fonctions de Secrétaire au Trésor, semble ne rien avoir remarqué de bien particulier puisquil estima que ce brillant officier de cavalerieun gentleman de surcroîtserait lhomme idéal pour accompagner Lady Charlotte dans les promenades à cheval que les médecins lui avaient prescrites. Bref, le coup classiqueLady Charlotte et Lord Paget ne se contentèrent bientôt plus des exercices sportifs prescrits par la faculté et sadonnèrent à dautres ébats plusintimes. Les excursions à cheval ne sinterrompirent que lorsque Lady Charlotte se trouva enceinte.

Il semble bien que ce soit Sir Arthur Wellesley, le futur duc de Wellington, qui, lun des premiers, commença à se douter quil y avait anguille sous roche. On a retrouvé une petite note de sa main il explique que « vers cette époque, Mr Wellesley [son frère] remarqua lextraordinaire attention que portait Lord Paget à Lady Charlotte et fit à celle-ci quelques remontrances à ce proposA la fin de la session parlementaire de 1808 [en juillet], Mr Wellesley déménagea [de Berkeley Square] à Putney Heath et, de cette époque jusquau retour de Lady Charlotte à Londres au mois de février 1809, Mr Wellesley eut toutes les raisons de croire quil ny avait pas eu de rencontre entre Lady Charlotte et Lord Paget.[1]  » Henry Wellesley croyait malLes deux amants étaient resté en relation. Paget était retourné pendant quelques temps dans la Péninsule, mais lorsquil rentra, on les vit se promener ensemble dans Green Park qui, à cette époque, était bien plus sauvage que de nos jours, et le valet qui escortait Lady Charlotte sentendait souvent ordonner de séloigner un peu de façon à laisser un peu dintimité aux deux amants.

Un scandale épouvantable

Lady Caroline, lépouse de Lord Paget, finit naturellementmême si, pour respecter la tradition, elle fut la dernièrepar apprendre la cause de la rumeur qui lentourait. Elle ne sembla pas, sur le moment, en concevoir beaucoup damertume ; il faut dire que, dans la bonne société anglaise, il était de notoriété publique que Lady Caroline entretenait les meilleurs rapports avec le duc dArgyllEn fait, à cette époque, les relations extra-conjugales ne constituaient pas un scandale en soi. Comme dans la meilleure manière du siècle précédent, les époux se contentaient souvent de détourner le regard des exploits sexuels de leur conjoint. Mais dans le cas de Paget et à laube du romantisme, laffaire était plus grave : il sagissait vraiment dune passion intense. Il arriva un moment Henry voulut mettre les choses au point : il eut une conversation extrêmement claire avec sa femme.

Au même moment, de son côté, Henry Wellesley, pour ajouter à son infortune, se trouvait cloué au lit à cause dune assez grave maladie de foie. Néanmoins, un soir, il sortit de son lit dans lintention de se rendre dans la chambre de sa femme ; il trouva la porte fermée à double tour et il entendit clairement des bruits de papiers remués. Persuadé quelle écrivait à Paget, il força lentrée et voulut lobliger à avouer. Malgré les vives dénégations de Lady Charlotte, il semporta et hurla quil nétait plus question quils continuent à vivre sous le même toit. Charainsi quon la surnommaitnattendait évidemment que ce prétexte et, le lendemain, comme dhabitude, elle se rendit à Green Park, , comme dhabitude, le valet fut prié de séloigner un peuLe domestique ne revit jamais sa maîtresse : elle avait purement et simplement disparu ! Nick Foulkes raconte, dans son style très « british », la suite des événements : « Les scènes qui suivirent sont dignes des mélodrames du XIXe siècle : le mari terrorisé à lidée que sa femme adultère ait pu se suicider ; lépouse dissimulée dans des voiles noirs, quelle ne quittait plus, même pasa-t-on ditdans le lit de son amant ; lamant, vêtu de ses plus vieux habits pour éviter dêtre reconnu, rencontrant sa maîtresse dans un fiacre de louage et la cachant dans lappartement dun vieil ami ; le vieil ami, prenant ses quartiers dans un hôtel des environs et racontant à qui voulait lentendre que les gens quil hébergeait étaient un couple damis de la campagne en visite à Londres qui navaient pas les moyens de vivre à lhôtel ; le mari pistant sa femme en suivant une livraison de linge ; le mari suppliant sa femme de revenir ; la femme qui refuse pourtant en déclarant quil ne lui viendrait pas à lidée de retourner à la maison « après lacte inique quelle avait commis avec Lord Paget.[2]  » On imagine sans peine sur quoi roulaient les conversations à Londres à cette époque !…

Quoique cette affaire présente tous les aspects dun vaudeville un peu forcé, il semble bien que ses acteurs en aient été très profondément affectés. Il existe une lettre de Lord Paget à son père, Lord Uxbridge, dans laquelle il avoue la part quil a prise dans toute cette affaire et il dit à quel point il a souhaité perdre la vie en combattant en Espagne, et combien il craignait de rentrer dans sa propre maison parce que la vue dun de ses enfants pourrait bien le pousser au suicide. Pour sa part, Lady Charlotte écrivit à un ami de son mari, par lequel passait la communication entre les époux séparés, que, quoique quil y ait un grave différend entre eux et que son mari ait bien pu être « un peu trop sévère pour elle », elle souhaitait que son correspondant proclame dans le monde que, pour lessentiel, il avait toujours été « gentil au dernier degré avec elle ». Elle décrit sa passion comme un « très criminel et très atroce attachement » et ajoute : « Vous sauriez combien je souffre en ce moment, vous auriez pitié de moi. »

Mais le côté émouvantou même angoissantde cette passion folle ne semble pas avoir touché la bonne société londonienne. Le vieux Lord Uxbridge était à ce point outré quil menaça de rompre avec son fils aîné et quil promit même de flanquer une bonne correction aux amants. Lady Charlotte était considérée comme une espèce de Messaline qui avait séparé un homme de sa famille et, partout, on labreuvait de compliments dans le genre : « Maudite sorcière », « Abominable damné chien de lenfer » ou « Putois puant » ! « Elle avait quitté son mari le lundi, et le vendredi on en discutait dans les rues et même - quelle horreur ! – dans la canaille. [3] » Les personnes les plus charitables prétendaient que Lady Charlotte nétait rien dautre quune nymphomane hystérique aux exigences sexuelles démesurées.

Le scandale fut universel. Il est vrai quil impliquait les plus éminentes familles du royaume, lun des soldats les plus admirés dAngleterre et la belle-sœur dun autre. La presse sen délectaitrien de nouveau sous le soleilet rapportait que Wellesley comptait tuer Paget en duel, alors quil était cloué au lit, ou que, « daprès une source digne de foi », Sir Arthur Wellesley avait couru derrière le couple sur la route dOxford et sérieusement blessé le « ravisseur de la femme de son frère malade ». Rien de tout cela nétait exact. Au mois de mars 1809, le bruit fait autour de cette affaire redoubla : les partisans du mari bafoué augmentèrent encore le ton. Les menaces de duels saccumulaient au point démouvoir le tribunal de Bow Street. En ce qui le concerne, Paget refusa tous les duels mais affirmait bien haut que si un membre quelconque de la famille Wellesley ou de celle de sa femme voulait le tuer, il ne lui refuserait pas sa porte.

A la mi-mars, on sembla vouloir calmer un peu le jeu et les deux amants en arrivèrent à décider de se séparer pour un mois. Dans les salons, les gentlemen ricanaient en se chuchotant que si lon voulait vraiment mettre un terme à toute lhistoire, il suffisait de trouver un très solide étalon pour satisfaire la nymphomanie de Lady Charlotte et, de cette manière, mettre Paget hors du coupLe séparation dun mois dura une semaine et lorsque Paget revint dans les « bras libidineux » de Char, il reçut un nouveau cartel de Henry Cadogan, le frère de son épouse, auquel il ne répondit pas plus quaux autres. Cadogan insista et obtint finalement son duel. Paget ne visa même pas son adversaire disant quil ne voulait pas ajouter encore au malheur de sa belle-famille.

La fin de lhistoire fut moins dramatique : Paget et Char finirent tous deux par divorcer, se mirent en ménage et se marièrent. Quant à Lady Caroline, elle convola en justes noces avec le duc dArgyll, quoique ce mariage ait suscité une levée de boucliers en Ecosse. Lénorme vague quavait suscitée le mélodrame retomba aussi vite. A la fin de 1811, les enfants de Paget ne semblaient pas avoir été sérieusement traumatisés par toute cette affaire et partageaient leur temps entre leur mère et leur père, parlant, comme le disait Lady Bessborough, avec « une tendresse filiale de Maman Argyll et de Maman Paget  ». Plus tard, on constata que les enfants des deux lits de Paget sentendaient remarquablement bien entre eux. Il nempêche : on ne recevait pas Lady Charlotte dans le monde

Uxbridge à la tête de la cavalerie de Wellington

On devine bien que, dans ces conditions, ce nest pas sans un certain froncement de sourcil que, en 1815, Wellington vit arriver le comte dUxbridge à BruxellesPaget avait relevé le titre à la mort de son père. A dire vrai, Wellington aurait bien voulu que Lord Combermere, qui avait été sous ses ordres en Inde et Espagne, vînt commander sa cavalerie. Il connaissait bien Combermere dont le caractère était infiniment plus souple alors que le flamboyant Uxbridge était considéré comme un excellent soldat mais aussi comme une tête brûlée. Malheureusement, Combermere nétait pas disponible et Horse Guardle bâtiment qui abrite les services de létat-major général britannique est situé sur lesplanade sentraîne la cavalerie de la maison royalepréféra nommer le comte dUxbridge qui était très en faveur chez le prince régent. Inutile de dire que la presse et la bonne société anglaise se pourléchaient déjà les babines à lidée du clash qui ne manquerait pas de survenir entre le duc et le ravisseur de sa belle-sœur. Or rien de tel ne se produisit

Les observateurs sen étonnèrent : tout ce que le duc montra, cest un peu de froideur. Sir William Fraser osa, un beau jour, poser la question à Wellington qui lui répondit avec une pointe de cynisme bien dans sa manière : « Oh non ! Je nai rien oubliéJai bien peur que ce ne soit pas tout. Lord Uxbridge a la réputation de senfuir un peu avec nimporte quiJe tâcherai de marranger pour quil ne le fasse pas avec moi…  »

Quoi quil en soit, un témoin rapporte : « Ils se rencontrèrent et semblèrent être dans les meilleurs termes.  » Ajoutons que si le duc avait eu le moindre doute à propos des qualités militaires dUxbridge, il se serait évaporé comme rosée au soleil suite au brillant comportement dUxbridge lors de la retraite du 17 juin 1815. Voilà pourquoi la scène « embarrassante », rapportée par plusieurs auteurs, au cours de laquelle le comte dAlava aurait joué le rôle dinterprète entre Wellington et Uxbridge relève de la légende.

"My Lord, je crois que j'ai perdu une jambe..."

Cest Lord Uxbridge qui, le jour de Waterloo, conduisit la fameuse charge de la cavalerie lourde contre le 1er corps français. Plus tard, nous dit-on, au début de la soirée, alors quil était au côté de Wellington, Uxbridge reçut un éclat dobus dans la jambe au-dessus du genou. Cela aurait donné lieu à un étonnant dialogue : Uxbridge se serait approché du duc et lui aurait dit : « Par Dieu, my Lord, je crois que jai perdu une jambe. » Wellington aurait jeté un coup dœil et se serait contenté de répondre : « Vraiment, vous lavez perdue ? » Sur quoi Wellington aurait empêché Uxbridge de tomber de chevalOn peut discuter la véracité de ce dialogue un peu trop beau pour être vrai. Il semble bien que Lord Uxbridge nétait pas auprès de Wellington, au moment il fut atteint, mais occupé à donner ses ordres à la brigade du général Vandeleur. Certains historiens, comme Hamilton-Williams, affirment même que le duc ne reçut la nouvelle de laccident de Lord Uxbridge que tard le soir, avant de rédiger sa dépêche à Lord Bathurst dans laquelle Wellington écrit : « Le comte dUxbridge, après avoir combattu avec succès durant toute cette difficile journée, fut blessé par un des derniers coups tirés, ce qui, jen ai peur, privera Sa Majesté de ses services durant quelque temps.  » Ce qui semble vouloir dire que Wellington nétait pas au courant de la gravité de la blessure dUxbridge.

Lord Uxbridge à Waterloo par William Pieneman (1779-1853)

Il nempêche : le flegme supposé des deux hommes que montre ce dialogue est très caractéristique des qualités censées être typiquement britanniques mises plus tard à la mode au cours de lépoque victorienne. Cest certainement ce qui explique le succès de cet échange dans le légendaire de la bataille de Waterloo.

Toujours est-il que Lord Uxbridge fut rapidement évacué du champ de bataille et amené à Waterloo dans une maison, qui porte aujourdhui le numéro 214 de la chaussée de Bruxelles, il avait établi son logement la veille au soir et qui était alors habitée par un certain Pâris. On surnommait cette maison, située un peu au nord de léglise, le « Château Tremblant ». Le bâtiment nétait pourtant pas si vieux : il a être construit vers 1750 et servit dhabitation à Jean-Baptiste Pâris qui était garde général de la forêt de Soignes.

La tradition populaire veut quun des fils de ce Pâris ait été de très petite taille et quil ait tenu, vers 1820, un débit de boisson. Les Waterlootois qui fréquentaient lendroit ne tardèrent pas à nommer lendroit « le Petit Pâris », d le nom actuel du lieu-dit : le Petit Paris, situé nettement plus au sud sur la chaussée. Quelques auteurs ont fait la confusion entre Pâris et son fils et ont situé la maison Uxbridge a perdu sa jambe dans ce dernier hameau. Il nen est évidemment rien ainsi quune visite sur place le démontre assez.

Cest donc au Château Tremblant que lon emmena Uxbridge. Les chirurgiens examinèrent la blessure et conclurent quil fallait amputer. « Bon, Messieurs, conclut Uxbridge. Je le pensais bien moi-même. Je me suis mis entre vos mains et sil faut couper cette jambe, autant que ce soit fait le plus vite possible. » Un peu avant ou un peu après lopération, le comte écrivit à sa femme : « Très chère Cha, sois courageuse : attends-toi à une mauvaise nouvelle ; jai perdu ma jambe droite. Seul, un miracle aurait pu la sauver et, pour toi et pour les chers enfants, jai tenté la meilleure chance davoir la vie sauve. Dieu vous protège tous. »

Le futur marquis fit preuve en loccurrence dun flegme assez impressionnant. Après avoir consenti à lamputation, il refusa de se laisser attacher, comme il était de coutume en de tels cas, ne poussa pas la moindre plainte durant lopération et se contenta, à un certain moment, de faire remarquer que les instruments des chirurgiens nétaient pas très bien affûtés. Quand lopération fut terminée, il déclara : « Jai fait mon tempsPendant quarante-sept ans, jai été un « beau ». Cela naurait pas été correct de continuer plus longtemps à faire de la concurrence aux jeunes.  » Peu de temps après, Uxbridge fut transféré dans lhôpital établi par la marquise dAssche dans son hôtel de la rue Ducale à Bruxelles . La marquise raconte elle-même quelle était présente quand on amena le brancard sur lequel était couché le blessé et quil eut cette réflexion : « Voyez, marquise, je ne pourrai plus danser avec vous quavec une jambe de bois…  »

Uxbridge étonna tout le monde par la rapidité avec laquelle il se remit de sa blessure. Quand Lady Charlotte reçut le message de son mari, elle se précipita à Bruxelles. Quoique la bonne société londonienne lui ait délibérément tourné le dos, Char avait gardé de très solides accointances dans les milieux de pouvoir : cest le prince régent lui-même qui mit le yacht royal à sa disposition pour gagner le continent. Peu de temps après, Uxbridge fut créé 1er marquis dAnglesey. Sa sœur, Lady Caroline Capel, qui était à Bruxelles depuis 1814, écrivit à cette occasion à sa mère, la comtesse douairière dUxbridge, quelle était fort contente que son frère ait bénéficié de cet honneur mais quelle ne pouvait sempêcher dêtre un peu triste à lidée que le titre de comte dUxbridge puisse être ravalé au second rang. Mais au moins, cela aurait-il lavantage que « cette femme » (Lady Charlotte) ne porte plus le même nom que la comtesse douairière « si pure, si vertueuse et si précieuse.  » A Bruxelles, la sœur et la femme dAnglesey passaient leur temps à séviter, mais lorsquelles se rencontraient, restaient dune extrême politesse. Ce qui nempêchait pas Lady Charlotte dêtre un peu « vache » avec les Capel : « La petite Jenny [Capel] est exceptionnellement jolie mais, daprès moi, les autres filles sont tout sauf belles.  »

La convalescence de Lord Anglesey continuait à progresser et, comme il ne pouvait tenir en place, on le retrouvait souvent clopinant dans le parc de Bruxelles quoique, selon son propre aveu, les béquilles lui soient insupportables. Dès le 6 juillet, Anglesey et son épouse étaient à Ostende, prêts à sembarquer pour lAngleterre sur un navire mis à leur disposition par lAmirauté. Quest devenue la jambe de Lord Uxbridge ? Les auteurs qui se sont penchés sur la question sont tous dun avis différent. Il est bien difficile de sy retrouver

L'étrange destin d'une jambe

Le propriétaire du Château Tremblant recueillit la jambe coupée et lenterra « pieusement » dans son jardin, faisant même pousser quelques fleurs sur le monticule, daprès les uns, un saule daprès les autres. Selon Carlo Bronne, on apposa une plaque il était inscrit : « Ci-est enterrée la jambe / de lillustre, brave et vaillant comte dUxbridge, lieutenant général de S.M. britannique, / commandant en chef de la cavalerie anglaise, belge et hollandaise, / blessé le 18 juin 1815 / à la mémorable bataille de Waterloo. »

Adkin confirme, complète et donne la version anglaise de cette épitaphe :

« Here is buried the leg / Of the illustrious and valiant Count Uxbridge, Lieutenant General of His Britannic Majesty, / Commander in Chief of the British, Belgian and Dutch / Cavalry, wounded 18th June / 1815, at the memorable battle of Waterloo ; / Wich by his heroism, contributed towards the / Triumph of the human cause ; / Gloriously decided by the brilliant / victory of the said day. »

Jacques Logie est sensiblement du même avis : « Sur un ancien puits qui existe toujours devant la maison, on scella une plaque pour rappeler la mémoire de la jambe de l’« illustre et vaillant comte Uxbridgequi par son héroïsme a concouru au triomphe de la cause du genre humain ». Adkin ajoute que dautres épitaphes furent rédigées dont une, due en fait au poète Robert Southey , disait :

« Here lies the Marquis of Angleseys leg; Pray for the rest of his body, I beg. »

En français :

« Ci-gît la jambe du Marquis dAnglesey ; Priez pour le reste de son corps, je vous en supplie. »

Et une autre, bien plus impertinente :

« Here lies the Marquis of Angleseys limb; The devil will have the remainder of him. »

Soit :

« Ci-gît la jambe du marquis dAnglesey ; Le diable aura le reste. »

Ces deux épitaphes ne furent évidemment jamais gravées

Cela dit, un entrefilet de La Gazette du 31 décembre 1838 nous apprend que Lord Anglesey, revint sur le lieu de son supplice et que, guidé par le sergent Cotton, il rendit visite à la « tombe » de sa jambe. Il exigea, paraît-il, de manger à la table qui avait servi à son amputationCe qui prouve quen 1838, sa jambe navait toujours pas quitté le jardin du « Château Tremblant ». Cest Jacques Logie qui nous explique quune tempête déracina le saule et mit les ossements au jour. Les héritiers de Pâris les auraient alors exposés dans une sorte de châsse «  les visiteurs pouvaient, moyennant paiement, contempler quelques os reliés par un cordon fort sale à une botte.  » Dans un article de Léon Van Dormael, repris par Speeckaert et Baecker[4], lendroit avait été inhumée la jambe fut marqué dune pierre « encadrée de deux inscriptions dont lune commémore la visite faite le 20 mai 1821 par le roi de Prusse et lautre celle faite par le roi George IV dAngleterre le 1er août de la même année.  » Cette inscription telle que nous la retranscrit Van Dormael nous pose un problème. En effet, nous lisons dans Tarlier et Wauters[5]qui écrivent en 1859que la pierre portant lépitaphe, si nous osons dire, de la jambe de Lord Uxbridge « est flanquée : à droite, dune inscription anglaise, invitant les étrangers à visiter létablissement de M. Paris (Establishment / including several / interesting and curious / souvenirs of the battle / of Waterloo, fought on / the 18th of june 1815) ; à gauche, de deux inscriptions rappelant que celui-ci a reçu la visite : le 1er octobre 1821, de George IV, roi dAngleterre, et, le 20 septembre 1825, du roi de Prusse Frédéric III, accompagné de ses trois fils. »

Ce sont Tarlier et Wauters : George IV débarqua à Flessingue le 26 septembre 1821 , et lon nous dit même que le 30 septembre, le roi « en visite dans les Pays-Bas, achète de superbes dentelles de Bruxelles…  » A cette époque, Wellington était précisément en tournée dinspection dans les Pays-Bas . Cest donc en sa compagnie que le roi visita le champ de bataille. Or nous savons que cest la première visite que George IV rendit à Waterloo. Cette visite le frappa dailleurs profondément : dans son agonie, dix ans plus tard, il ne cessait de répéter quil avait assisté à la bataille ; ce à quoi Wellington, présent au chevet du roi et pris à témoin par lagonisant, répondit paisiblement : « Je lai en effet souvent entendu dire par Votre Majesté. » Mais si le roi dAngleterre débarqua à Flessingue puis à Anvers le 26 septembre, il ne put évidemment pas visiter le champ de bataille en aoûtCest donc bien Tarlier et Wauters, qui ont vu de leurs yeux les inscriptions de la maison Pâris, qui ont raison et non Van Dormael. Le même auteur ajoute que lon avait ajouté un quatrain : « Au jour du réveil des morts / que jaurai du chemin à faire / pour aller rejoindre mon corps / qui mattend en Angleterre. » Devons-nous le croire ?

Une légende inepte mais tenace

La cage en verre étaient exposés les ossements ne se trouvait pas au musée Wellington, comme le soutient Damamme[6] , pour la suffisante raison que celui-ci nexistait pas - il ne fut inauguré qu'en 1955 - mais dans une pièce du « Château Tremblant ». Cest , semble-t-il quelle reçut, en 1876, la visite du fils de Lord Uxbridge, le général George Paget qui, en digne fils de son père, avait, durant la guerre de Crimée, participé à la sanglante et légendaire charge de la brigade légère à Balaklava. Le visiteur fut horrifié de lexploitation que lon faisait des restes de son père et remua ciel et terre afin de faire cesser le scandale. La légation de Grande-Bretagne à Bruxelles reçut des instructions de Londres en ce sens et laffaire manqua créer un incident diplomatique : on ne sait trop pourquoi, le gouvernement belge refusa de restituer les ossements à la famille. Finalement, en 1880, on adopta un compromis et les restes de la jambe de lord Uxbridge furent inhumés dans lancien cimetière de Waterloo ; lorsque celui-ci fut désaffecté, on en perdit définitivement la trace. Cest donc tout à fait à tort que Frings[7] écrit que « Quant à la jambe, elle fut déterrée et ramenée en Angleterre, pour y être inhumée avec Lord Uxbridge, à sa mort survenue en 1854.  » Damamme reprend cette version telle quelle, non sans avoir au préalable passablement travesti la vérité en écrivant : « Sa jambe, pieusement recueillie et enterrée, dans son jardin, par le propriétaire des lieux, fut, par la suite, transférée dans le musée Wellington à Waterloo. Dans les années 1877-1878, on raconte quun Anglais, visitant le musée, tombe en arrêt devant un châssis de verre sous lequel sont exposés des ossements et une botte. On lui explique que ce sont les restes dun général célèbre de Wellington, Lord Uxbridge. Colère du visiteur, qui nest autre que le fils du chef de la cavalerie anglaise. Revenu en Angleterre, il écrit à lambassadeur de Belgique à Londres pour lui dire son indignation. Peu de temps après, arrive à Bruxelles une note diplomatique interdisant lexhibition de ces restes glorieux, qui sont inhumés dans le cimetière de Waterloo. Ils sont aujourdhui remplacés dans le musée par lune des prothèses portées par Uxbridge."

Damamme, comme très souvent, a mal digéré ses informations. Le musée Wellington nexistait pas en « 1877-1878 » ; le châssis dont il est question était exposé au 214, chaussée de Bruxelles ; le général Paget nécrivit pas le moins du monde à lambassadeur de Belgique à Londres, mais bien au gouvernement britannique qui fit agir le ministre de Grande-Bretagne à Bruxelles ; dailleurs, il ny avait pas dambassade ni dambassadeur de Belgique à Londres à lépoque mais bien une légation et un ministre ; on na encore jamais vu quun diplomate belge en poste à létranger ait autorité pour faire interdire une exhibition quelle quelle soit en Belgique ; la démarche de George Paget entraîna de multiples complications puisquelle mit quatre ans à aboutir ; et enfin la jambe de bois de Lord Uxbridge ne remplace pas les ossements au musée Wellingtonce qui impliquerait un assez peu digne « troc » – mais est un don gracieux du 8e marquis dAnglesey au musée quand celui-ci fut constitué à l'initiative du comte Jacques-Henri Pirenne qui en lança l'idée en 1954.

Lord Lieutenant en Irlande

Quant à Lord Uxbridge, désormais unijambiste, et que lon surnomma dans la troupe « One-Leg », il resta au service de Sa Majesté Britannique et fut créé chevalier de l'Ordre de la Jarretière en 1818. Suite à la bataille de Waterloo, Wellington et le marquis dAnglesey, comme il sappelait maintenant, étaient complètement réconciliés et lorsque le duc accepta de former le gouvernement en 1828, Anglesey se vit offrir la périlleuse charge de Lord Lieutenant en Irlande, ce qui constituait une preuve, sinon damitié, au moins de confiance. Dès son entrée à Downing Street, le duc eut en effet à affronter un très sérieux problème en Irlande. Lors dune élection partielle à Clare, les électeurs avaient désigné un autonomiste extrémiste, Daniel OConnell, mais lentrée aux Communes lui fut refusée parce quil était catholique , ce qui mit lIrlande au bord de la révolution. Wellington savait depuis longtemps que la question irlandaise ne pourrait trouver de solution que dans un compromis et pensait que lon pourrait désamorcer progressivement la question grâce à un concordat. Selon lui, lEglise catholique était incontrôlable tant quon ne laurait pas reconnue officiellement. Lélection de Clare et les rapports alarmants qui sensuivirent le convainquirent quil nétait plus temps de tergiverser : la Catholic Association de ODonell pouvait non seulement contrôler toutes les élections en Irlande mais susciter des émeutes quand et il lui plairait tant quon ne trouverait pas de solution. En mai 1828, les Communes avaient montré quil existait une majoritéde six voixpour abroger lincapacité des catholiques et quelles nadmettraient aucune mesure de répression si lon ne faisait aucune concession en leur faveur. George IV, farouchement hostile aux catholiques et influencé par son frère, le duc de Cumberland, anglican encore plus bigot que lui, sil était possible, se refusait absolument à envisager le moindre pas en avant vers les catholiques. La majorité qui sétait dégagée à la Chambre mit le roi dans une fureur indescriptible et il ne fut plus question que de dissolution. Wellington eut toutes les peines du monde à expliquer que le gouvernement, dans ce cas, perdrait plus de sièges en Irlande quil nen gagnerait en Angleterre et quon se trouverait donc dans une impasse.

Il fallait donc, pour commencer, que Wellington arrive simplement à convaincre George IV quil y avait au moins lieu de prendre en considération la question catholique, sur laquelle le roi, alors régent, avait mis le « tabou » dès 1810. Wellington, dans un mémorandum adressé au roi, indiqua les grandes lignes de la politique quil proposait. Il était notamment question de permettre au gouvernement de nommer et de payer les prêtres catholiques, ce qui suscita une levée de boucliers chez les évêques anglicans. A force dinsistance et de persuasion, le duc finira, le 15 janvier 1829 seulement, par obtenir du roi la permission de pouvoir discuter la question catholique. Entre-temps, le duc de Cumberland se mit en travers et son opposition à Wellington, sournoise et dénuée de tout scrupule, devint de plus en plus violente. Au bout dun moment, Wellington en arriva à se plaindre officiellement. Le duc de Clarence, autre frère du roi, était ouvertement pro-catholique, mais ses caprices en tant que Lord Grand Amiral avaient être limités par le gouvernement et il en avait conçu un tel dépit quil sétait démis de ses fonctions ; il nétait donc provisoirement daucun secours à Wellington. « Entre le roi et ses frères, le gouvernement de ce pays est devenu un vrai crève-cœur… » écrivait Wellington à Peel, le 26 août 1828. Les soucis de Wellington saugmentaient de lattitude de Robert Peel, qui, quoique favorable aux projets catholiques du duc, voulait absolument démissionner. Il fallut le persuader que sa présence au gouvernement était absolument indispensable si lon voulait aboutir.

Toute laffaire devait être menée dans le plus grand secret et lon décida de tenir le roi à lécart des négociations tandis que le Lord Lieutenant en Irlande était laissé dans lignorance. Mais le marquis dAnglesey sétait fait progressivement lavocat le plus ardent de lémancipation des catholiques. Des indiscrétions rendirent publiques les négociations secrètes quil menait avec les « agitateurs » catholiques. Il sensuivit un échange de lettres plutôt vif entre le Lord Lieutenant et le Premier qui en vint, le 28 décembre, à le menacer de le relever de ses fonctions. Anglesey naccepta pas la semonce et mit les pieds dans le plat en rendant publics, quelques jours plus tard, ses commentaires sur une lettre que Wellington avait adressée à Mgr Curtis, primat de lÉglise catholique. Cétait la catastrophe : toute laffaire était éventéeWellington mit aussitôt sa menace à exécution et « démissionna » Anglesey qui se vit ainsi mis à lécart.

Le 5 février 1829, le discours du roi au parlement réclamait de nouveaux pouvoirs afin de pouvoir rétablir son autorité en Irlande et, dans cette optique, demandait quon revoie enfin la disqualification politique des catholiques. Wellington ne traîna pas en route et dès le 10 février, un projet de loi portant dissolution de la Catholic Association fut déposé, et lorsque ce projet fut voté, Peel en déposa un autre qui supprimait les disqualifications, à quelques très rares exceptions près. Les deux projets furent votés à une large majorité et reçurent lassentiment royalnon sans grognementsle 13 avril. Cétait une victoire personnelle pour Wellington. Mais la loi démancipation avait été votée grâce aux voix des Whigs et malgré lopposition de nombreux Tories. Il avait fallu se battre contre les plus conservateurs et contre les intrigues de la coterie royale ; les historiens anglais sont daccord pour dire que nul autre que le vainqueur de Waterloodont le prestige était immense et qui, à cette époque, était adulé par toutes les couches de la sociéténaurait pu venir à bout de cette hostilité ouverte ou sournoise. Quinze ans après, le duc parlait encore de cette époque, « la plus pénible de ma longue vie ». Une lourde atmosphère de calomnie lentourait et Lord Winchilsea, farouche adversaire de lémancipation, en vint même à accuser le duc de malhonnêteté. Ce sont des choses qui ne se disent pas entre gentlemen : le duc provoqua Winchilsea en duel. Les deux hommes se rencontrèrent à Battersea. Le duc visa au large, Winchilsea tira en lair puis présenta ses excuses.

Pour en revenir à Anglesey, la brouille avec Wellington qui suivit sa « démission » en tant que Lord Lieutenant semble avoir été assez longue mais était oubliée en 1846, puisque, cette année-, Wellington qui était redevenu commandant en chef de larmée en 1842, à la mort de Lord Hill, fit nommer Anglesey field-marshall. Il était temps ! Anglesey comptait 80 printempsEn 1852, le marquis dAnglesey suivit le cercueil du duc, portant le bâton de maréchal du vainqueur de Waterloo. Deux ans plus tard, Henry William Paget, 1er marquis dAnglesey mourait à son tour, à lâge de 86 ans.

Notes et références

  1. AngleseyOne Leg, pp.89-90 ; cité par Nick Foulkes, Dancing into Battle, London, Weidenfeld & Nicolson, 2006, p. 76
  2. Foulkes, op. cit., p. 77
  3. Id., p. 78
  4. Speeckaert et Baeker - Les 135 vestiges et monuments commémoratifs des combats de 1815 en Belgique - Waterloo, Relais de l'Histoire, 1990, p. 34
  5. Tarlier et WautersLa Belgique ancienne et moderne. Géographie et histoire des communes belges. Vol. 2 : Province de Brabant, arrondissement de Nivelles, canton de GenappeBruxelles, Decq et Duhent, 1859.
  6. Damamme, La bataille de Waterloo, Paris, Perrin, Tempusn° 38, p. 385
  7. Frings, Dictionnaire de la bataille de Waterloo, Brainel'Alleud, les Guides 1815, 1995, p. 84

Bibliographie

  • George Charles Henry Victor Paget, 7e marquis d'Anglesey, One Leg. The Life and Letters of Henry William Paget, fist Marquess of Anglesey, K.G., 1768-1854, London, Jonathan Cape, 1961
  • Jules Tarlier et Alphonse Wauters, La Belgique ancienne et moderne. Géographie et histoire des communes belges, Vol. 2 : Province de Brabant, arrondissement de Nivelles, canton de Genappe, Bruxelles, Decq et Duhent, 1859.
  • Nick Foulkes, Dancing into Battle, London, Weidenfeld & Nicolson, 2006
  • Jean-Claude Damamme, La bataille de Waterloo, Paris, Perrin, coll. Tempus (38), 2003
  • Jacques Logie, Waterloo, l'évitable défaite, Gembloux, Duculot, 1984
  • Carlo Bronne), L'Amalgame, Bruxelles, Goemaere, 1948
  • Mark Adkin, The Waterloo Companion, London, Aurim Press, 2005
  • David Hamilton-Williams, Waterloo, the Great Battle reappraised, London, Arms & Armour, 1993
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