- Marie Ndiaye
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Marie NDiaye
Pour les articles homonymes, voir N'Diaye.Marie NDiaye, née le 4 juin 1967 d'un père d'origine sénégalaise et d'une mère française, est une femme de lettres française, qui vit actuellement à Berlin.
Largement inconnue du grand public il y a encore quelques mois, elle est devenue un des écrivains les plus en vus de la rentrée littéraire 2009 et figure dans la liste des auteurs sélectionnés pour le prestigieux Prix Goncourt. Plusieurs médias l'ont déjà donnée comme une des grandes favorites. Initialement tiré à 15 000 exemplaires, son dernier roman se hisse parmi les meilleures ventes de la rentrée et atteint aujourd’hui un tirage total de 86 000 exemplaires après cinq réimpressions.
La troisième sélection du Goncourt doit être diffusée le 27 octobre et le prix attribué le 2 novembre.
Sommaire
Biographie
Ses parents, tous deux étudiants, se sont connus au milieu des annés 60 en Ile de France. Née à Pithiviers (Loiret), à moins de 100 km au sud de Paris, elle passe son enfance dans la banlieue parisienne, avec un père absent. Son père a quitté la France et est revenu en Afrique alors qu'elle n'avait qu'un an. Elle ne l'a vue que trois fois, le dernière fois remonte à une vingtaine d'années... Sa mère, professeur de sciences naturelles, dont les parents étaient agriculteurs dans la plaine de la Beauce, l'élève donc seule, avec son grand frère.
Ayant commencé à écrire vers l'âge de 12-13 ans, elle n'a que 17 ans (classe de terminale) lors de la publication de son premier ouvrage, "Quant au riche avenir". Et déjà les "découvreurs de talents" remarquent la plume originale de cette jeune femme. "Elle est déjà un grand écrivain. Elle a trouvé une forme qui n'appartient qu'à elle pour dire des choses qui appartiennent à tous", souligne fort à propos La Quinzaine littéraire en ... 1985.
C'est d'ailleurs à la suite de la parution de cette oeuvre qu'elle rencontre celui qui allait devenir son mari, le père de ses enfants, l'écrivain Jean-Yves Cendrey. Ce dernier lui a écrit une lettre, une lettre de lecteur. Elle a répondu, ils se sont rencontrés.
Son talent littéraire précoce éclate au grand jour et elle obtient une bourse qui lui permet d'étudier pendant un an à la Villa Médicis à Rome.
A 22 ans, elle revoit son père, au Sénégal, un premier voyage en Afrique très mitigé, comme elle le raconte dans un entretien avec lesinrocks.com : "Je ne reconnaissais rien, vraiment rien. Il n’y a strictement aucune transmission dans les gènes qui fait que quand on se retrouve dans le pays d’où vient son père, on se dise “ah, oui, bien sûr, c’est chez moi !”. C’était au contraire profondément étrange, très autre, mais autre dans le sens attirant, pas déplaisant".
Auteur discret mais fécond, épouse, mère de famille, Marie Ndiaye reste éloigné de la vie parisienne. Elle vit avec sa famille, soit à l'étranger, soit en province. Cet éloignement du tumulte médiatique lui permet de construire une oeuvre de qualité, abondante et variée.
Marie NDiaye a reçu le Prix Femina en 2001 avec son roman Rosie Carpe dès le premier tour par 9 voix sur 12. Outre la consécration littéraire, le prix lui apporte une certaine aisance financière.
Réussite dans les romans, succès au théâtre. Sa pièce Papa doit manger figure au répertoire de la Comédie-Française. C'est la seule femme écrivain vivante à avoir cet honneur.
En 2009, elle s'essaie à une nouvelle expérience et participe à l'écriture du scénario du film de Claire Denis, White Material dont elle dit qu'elle est plus "africaine" qu'elle. La cinéaste, blanche, a passé son enfance au Cameroun. Le film conte l'histoire d'une Française à la tête d'une plantation de café en Afrique en pleine guerre civile.
Elle est lauréate 2009 de la bourse Jean Gattégno du Centre National du Livre [1]
Marie Ndiaye est la sœur de Pap N'diaye, historien, maître de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales, un des plus grands spécialistes de la "question noire" en France.
Elle est l'épouse de l'écrivain Jean-Yves Cendrey, avec lequel elle a écrit un ensemble de trois pièces de théâtre intitulé Puzzle en 2007. Le couple a trois enfants et vit actuellement à Berlin.
Marie Ndiaye, métisse tronquée ?
Jusqu'à son dernier roman Trois femmes puissantes, elle n'avait jamais évoqué l'Afrique dans son oeuvre pourtant abondante et variée. Elle s'est pour l'instant peu expliquée sur son "retour aux sources" africaines. Etrangement, c'est dans la capitale allemande, où elle vit depuis deux ans avec mari et enfants, qu'elle a retrouvé le "chemin du baobab".
Marie Ndiaye, joli visage tout en douceur, refuse cette image de "métisse" ou d'Africaine" que de nombreuses personnes ont d'elle. "Cela renvoie une image qui n’est pas la mienne. Mon père est rentré en Afrique quand j’avais un an. Je n’ai jamais vécu avec lui. J’ai grandi en banlieue, je suis 100 % française, avec les vacances dans la Beauce... On pense à tort que j’ai la double nationalité, la double culture. Mais je ne suis pas gênée que l’on dise de moi au Sénégal que je suis africaine", explique l'auteure dans un entretien en septembre 2009 avec Paris-Match.
"Je regrette depuis toujours de ne pas avoir de double culture alors que j'étais dans une situation idéale pour l'avoir", a-t-elle expliqué à l'hebdomadaire panafricain édité à Paris Jeune Afrique (édition du 13 au 19 septembre 2009). "Je n'ai pas eu une enfance africaine, je ne l'aurai jamais. A 42 ans, il est trop tard pour acquérir une double culture. Aujourd'hui, j'ai plutôt conscience de ce que c'est de ne pas en avoir, de ce que représente un métissage tronqué dont on n'a que les apparences", a-t-elle ajouté.
Ce "métissage tronqué" est essentiel dans la construction de son identité 100% française, selon ses propres dires, et constitue une clé de lecture de l'ensemble de son oeuvre.
Dans un entretien avec Télérama, en septembre 2009, elle revient sur cette relation "un peu étrange et assez lointaine" avec le continent noir : "J'y ai fait un premier voyage relativement tard, vers l'âge de 20 ans, à la fin des années 80 donc, et un second il y a trois ans avec la cinéaste Claire Denis avec qui je collaborais à un scénario. C'est très peu".
"De ce fait, ma relation à l'Afrique est un peu rêvée, abstraite, au sens où l'Afrique, dans ma tête, est plus un songe qu'une réalité. En même temps, je suis attirée, incontestablement, mais de manière contradictoire, parce que j'aurais pu sans peine faire des voyages plus fréquents là-bas. Mais il y a peut-être de ma part une sorte de crainte, je ne sais pas précisément de quoi", a-t-elle précisé.
Elle précise sa pensée dans lesinrocks.com : "La seule chose qui change quand on a une origine africaine, c’est qu’on est noir, c’est visible. Mais c’est tout". "J’ai été élevée dans un "univers 100 % français". Dans ma vie, l’origine africaine n’a pas vraiment de sens – sinon qu’on le sait à cause de mon nom et de la couleur de ma peau. Bien sûr, le fait d’avoir écrit des histoires où l’Afrique est présente peut paraître contradictoire. Je suis allée deux ou trois fois en Afrique, c’est un lieu qui m’intrigue, me fascine aussi, car je sens que j’y suis radicalement étrangère. Quand j’y suis et que les gens voient mon nom et la couleur de ma peau, ils pensent que je suis des leurs. Or, par mon histoire, c’est faux. J’ai souvent rencontré des Français qui ont été élevés en Afrique et qui sont plus africains que moi. Alors qu’eux, en Afrique, dans le regard des autres, ils restent étrangers… Ironiquement, c’est en France que je peux paraître étrangère".
Au Sénégal, le pays de son père et où se déroule son dernier roman, elle est très peu connue et n'est pas considérée comme un auteur du cru.
Œuvres
Romans et nouvelles
- Quant au riche avenir - Minuit, 1985 (ISBN 2-7073-1018-2)
- Comédie classique - P.O.L, 1988 (ISBN 2-86744-082-3)
- La femme changée en bûche - Minuit, 1989 (ISBN 2-7073-1285-1)
- En famille - Minuit, 1991 (ISBN 2-7073-1367-X)
- Un temps de saison - Minuit, 1994 (ISBN 2-7073-1474-9)
- La Sorcière - Minuit, 1996 (ISBN 2-7073-1569-9)
- La naufragée - Flohic, 1999 (ISBN 2842340620)
- Rosie Carpe - Minuit, Prix Femina 2001 (ISBN 2-7073-1740-3)
- Tous mes amis, nouvelles - Minuit, 2004 (ISBN 2-7073-1859-0)
- Autoportrait en vert - Mercure de France, 2005 (ISBN 2-7152-2481-8)
- Mon cœur a l'étroit - Gallimard, 2007 (ISBN 978-2-07-077457-9)
- Trois femmes puissantes - Gallimard, 2009 (ISBN 978-2-07-078654-1)
Théâtre
- Hilda - Minuit, 1999 (ISBN 2-7073-1661-X)
- Papa doit manger - Minuit, 2003 (ISBN 2-7073-1798-5)
- Rien d'humain - Les Solitaires Intempestifs, 2004 (ISBN 2-84681-095-8)
- Les serpents - Minuit, 2004 (ISBN 2-7073-1856-6)
- Providence - in Jean-Yves Cendrey et Marie NDiaye, Puzzle, Gallimard, 2007 (première édition : Comp'Act, 2001)
- (avec Jean-Yves Cendrey) Toute vérité - in Jean-Yves Cendrey et Marie NDiaye, Puzzle, Gallimard, 2007.
Romans jeunesse
- La diablesse et son enfant, illustration Nadja - École des loisirs, 2000 (ISBN 2211056601)
- Les paradis de Prunelle, illustration Pierre Mornet - Albin Michel Jeunesse, 2003 (ISBN 2226140689)
- Le souhait, illustration Alice Charbin - École des loisirs, 2005 (ISBN 2211079628)
Notes et références
- ↑ Marie NDiaye et Elena Balzamo lauréates de la bourse Jean Gattégno du Centre national du livre, 2009, Centre National du Livre. Consulté le 17/09/09
http://www.telerama.fr/livre/marie-ndiaye-trois-femmes-puissantes,46056.php
Liens externes
- Un entretien vidéo avec Sylvain Bourmeau, à propos de Trois femmes puissantes (Mediapart)
- entretien avec Marie NDiaye
- Un « reportage entretien » sur l'auteur, par J-B Harang
- Documentation critique sur Marie Ndiaye
- Où situer Marie NDiaye ? (Africultures)
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