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Mariage morganatique
Un mariage morganatique est l'union entre un souverain, ou un prince, avec une personne de rang inférieur, selon l'optique des monarchies germaniques. L'épouse est alors qualifiée d'« épouse morganatique » et jamais de « reine » ou de « reine morganatique » par exemple. Les enfants d'un mariage morganatique ne sont pas dynastes.
Le terme vient de Morgengabe qui dans les anciennes coutumes germaniques désignait le don (Gabe) que l'on remettait le lendemain matin (Morgen) au clan d'une femme enlevée ou épousée. Le terme de morganatique n'est en fait utilisé que dans les cours allemandes.
Un mariage morganatique est un mariage inégal mais avec une définition précise : pour respecter la règle d'égalité de naissance et éviter de contracter un tel mariage morganatique, les deux conjoints devaient appartenir à une famille régnante ou ayant régné.
C'est parfois la femme qui détient les droits dynastiques : si la France, l'Autriche et la Russie suivaient la loi salique ou son équivalent, l'Autriche et la Russie précisaient dans leurs lois successorales qu'une femme pouvait hériter du trône en l'absence de tout agnat dynaste.
Ces conditions d'égalité étaient faciles à remplir en Allemagne vu le nombre important de principautés qu'on y trouvait.
François-Ferdinand d'Autriche, le célèbre archiduc assassiné en 1914 avait contracté un tel mariage morganatique.
Une difficulté dans leur étude réside dans le fait que les branches morganatiques prennent un nouveau nom ne rappelant en rien la maison dont elles sont issues. Par exemple les Hohenberg sont issus des Habsbourg-Lorraine, les Battenberg des Hesse et les Urach des Wurtemberg.
En général le destin fut clément pour ces branches morganatiques allemandes et elles restaient en bon terme avec le chef de leur maison d'origine.
Parfois leurs membres finissaient par contracter des unions avec des dynasties ne connaissant pas la notion de mariage morganatique, ce qui pouvait leur ramener leur « égalité ». Ou encore conquérir un nouveau trône. Ainsi les Battenberg (rebaptisés Mountbatten) ont prospéré en Grande-Bretagne et ont fourni un souverain à la Bulgarie, et des Urach se sont approchés du trône de Monaco.
La Russie connaît la notion (depuis que les Romanov ont été remplacés par les Holstein-Gottorp) mais sans utiliser le terme.
De nombreux grands-ducs se sont trouvés dans ce cas au dix-neuvième siècle. Au bout d'un long exil, la seule « Romanov » (de la maison d'Oldenbourg) restant dynaste, si l'on fait toujours intervenir la règle d'égalité de naissance, est Maria Vladimirovna (1953-), fille de Vladimir Kirillovitch (1917-1992).
La notion de mariage morganatique n'a jamais existé en droit successoral français : un mariage catholique suffit (en l'absence de mariage les enfants sont des bâtards pour le droit canonique). Plus récemment, les fils d'Henri d'Orléans (1908-1999) ont contracté des mariages bien différents mais catholiques, dont sont issus des dynastes.
Cependant, on utilise l'expression de manière différente, comme équivalent de « mariage de la main gauche » (situation maritale d'un monarque, par ailleurs officiellement marié à une personne « de naissance », avec une personne « sans condition ») ou pour une épouse secrète, comme dans le cas du mariage de Madame de Maintenon avec Louis XIV.
Le droit français en effet n'a pas pour source les coutumes germaniques mais le droit romain où le père était considéré comme l'auteur principal d'un enfant : le statut de la mère a donc une importance moindre en France.
Plus généralement on peut remarquer que le morganatisme est un concept essentiellement germanique, qui n'existait pas dans les royaumes latins (France, Navarre, Espagne Portugal, péninsule italienne, etc.) ni en Angleterre ni en Écosse. D'où, par exemple, la nullité de la renonciation du prince Pierre d'Orléans-Bragance, (père d'Isabelle d'Orléans et Bragance) à ses droits au trône impérial brésilien.
La règle d'égalité de naissance ne se confond pas avec l'obligation d'obtenir une autorisation au mariage (donnée par le Parlement ou le chef de famille) :
- La nécessité d'une autorisation peut s'ajouter à la règle d'égalité dans certaines cours.
- Aucune autorisation ou dispense ne peut suppléer à une absence d'égalité.
La règle d'égalité de naissance ne se confond pas non plus avec une abdication ou une renonciation, même s'il y eut de nombreux renoncements pour raison de cœur comme celle du roi Édouard VIII du Royaume-Uni.
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