Marcel Marlier

Marcel Marlier
Marcel Marlier en 2008
au Festival international de BD de Solliès-Ville

Marcel Marlier, né à Herseaux (Mouscron) le 18 novembre 1930 et mort à Tournai le 18 janvier 2011[1], est un illustrateur belge.

Sommaire

Biographie

Marcel Marlier naît le 18 novembre 1930 à Herseaux, commune de la Picardie belge, à proximité de la frontière française. Dès 18 ans, encore brillant étudiant dans la section des Arts décoratifs de Tournai, il travaille pour un important éditeur de manuels scolaires. C’est à 21 ans qu’il débute chez Castermann en illustrant des romans d’Alexandre Dumas et de Pearl Buck. Deux ans plus tard, il devient un des piliers de la collection d’albums Farandole. Il donne vie aux récits animaliers de Jeanne Cappe et Lucienne Erville, notamment. De 1953 à 1970, il est professeur de dessin et de photographie à l’École supérieure des Arts de Saint-Luc, à Tournai En 1954 débute sa collaboration avec Gilbert Delahaye pour les aventures de Martine'', sa série phare qu’il enrichira jusqu’à ce jour (60 titres). En 1969, toujours chez Casterman, il crée la série Jean-Lou et Sophie : douze titres au total, dont il est à la fois l’auteur et l’illustrateur. En 2010, la presse unanime lui rend hommage à l’occasion de ses 80 ans. Un dessin animé mettant en scène l’univers de Martine et produit par Les Armateurs est en cours de réalisation. Un musée consacré à Marcel Marlier est en projet à Mouscron, sa ville natale.


Les débuts prometteurs d’un conteur

Marcel Marlier n'a que 10 ans quand il réalise, à l'huile, le portrait de sa grand-mère. Le monde qui l'entoure lui sert de modèle pour assouvir sa soif de dessiner d'après nature. Instituteur, famille et amis le soutiennent et l'encouragent. Albert Mercier, talentueux peintre "du dimanche", le prend sous son aile et c'est ensemble qu'ils parcourent la campagne avec vélos et chevalets. Marcel Marlier se souviendra toujours avec reconnaissance de ce maître qui lui a appris le principal : qui lui a appris à regarder. À 16 ans, il s’inscrit en arts décoratifs à Saint-Luc de Tournai. Au cours de ses études, il nouera ses premiers contacts avec le monde de l’édition. Marcel Marlier propose en effet une planche de bande dessinée racontant les aventures d’Oliver Twist. Celle-ci, malgré d’indéniables qualités pour un si jeune auteur, ne sera pas acceptée. Ses premières commandes lui viennent des éditions La Procure qui lui demandent d’illustrer une série de livres scolaires dans lesquels il témoigne notamment d’une grande maîtrise de la typographie. Lors de son jury de fin d’études à Saint-Luc, les éditions Casterman le repèrent et lui commandent les illustrations de couverture de la collection la Comtesse de Ségur. Marcel Marlier est alors âgé de 21 ans. Leur collaboration durera plus de 60 ans.

Les années 50 à 59 , la naissance de Martine

En 1954, alors que naissent les premières séries destinées à la littérature de jeunesse, les éditions Casterman demandent à deux de leurs collaborateurs, Gilbert Delahaye, auteur et typographe, et Marcel Marlier, illustrateur, de créer une héroïne féminine pour les 5 à 8 ans. Martine est née en plein baby-boom. Les enfants adhèrent massivement au nouveau concept de série qui leur permet de s’identifier à leurs héros et de les retrouver dans leur quotidien. Le premier tome Martine à la ferme est le reflet de la société des années 50. Martine, petite citadine indépendante, se rend pour le week-end à la campagne où elle s’amuse avec tous les animaux de la ferme. Marcel Marlier et Gilbert Delahaye se font les témoins de leur temps. La révolution agraire n’en est qu’à ses prémices. Si la population abandonne massivement les campagnes, elle tient à garder un contact avec ses racines rurales, quitte à les idéaliser. Dans les tomes suivants, Martine se rend au cirque, à la foire, à l’école, à la montagne… Dix ans après la fin de la guerre, la société retrouve le goût de vivre. Elle entend gâter ses enfants qui apprennent la vie en commun au travers de diverses expériences. Si l’on ressent le souhait de Marcel Marlier de reproduire la réalité, son dessin reste encore stylisé pour les personnages secondaires et les décors. Ainsi, dans Martine à la montagne, l’influence de Walt Disney est palpable, comme en témoignent ses animaux humanisés. De même l’empreinte de son premier maître, Albert Mercier, se ressent dans le choix et l’application des couleurs. Durant toutes ces années, Marcel Marlier utilise exclusivement la gouache qui permet les retouches. Il atteint une parfaite maîtrise des fondus et dégradés par dissolution. Dès 1959, il recourt à la technique du pinceau ouvert pour donner plus de matière, comme on peut le constater dans le rendu de la neige de Martine à la montagne. À cette époque, le texte est nettement séparé de l’image même si le cadre des dessins est parfois plus libre que le traditionnel rectangle.

Les années 60 à 69 : témoignages d’une époque en marche vers le progrès

Les années 60 seront pour Marcel Marlier parmi les plus fécondes. Il s’inspire de l’art de vivre de ces années optimistes caractérisées par l’abondance. Martine bénéficie de tout le confort moderne. Les intérieurs reflètent l’enthousiasme ambiant pour le design des sixties et l’électroménager. L’illustrateur nous prouve à nouveau son souhait de croquer le réel sur le vif. L’engouement de l’époque pour les USA est également bien présent au travers des voitures ou même du voyage que Martine réalise à New York, symbole de modernité. En un mot, Martine est une petite fille résolument libérée et dans l’air du temps. Elle expérimente tout ce que la société lui offre. La nature est, elle aussi, mise au service de l’homme et de son bon plaisir, vingt ans à peine après l’octroi des premiers congés payés. En 1969, Marcel Marlier inaugure une nouvelle série, Jean-Lou et Sophie, dont il écrit également les textes. Il y traitera pendant plus de 12 ans tous les thèmes qui lui tiennent à cœur et principalement la nature. Techniquement, Marcel Marlier multiplie les expériences pour rendre ses sujets toujours plus réels : il abandonne petit à petit les aplats de couleurs, perfectionne les drapés, les attitudes, la représentation des mouvements et fait preuve d’un grand sens du détail. Il maîtrise de mieux en mieux la lumière et les ombres qu’il fait vibrer en ajoutant de la matière aux fondus. Dès 1965, il recourt à l’aérographe (petit pistolet à air comprimé) pour réaliser ceux-ci. Les arrière-plans sont plus fouillés, ont plus de profondeur. Il se détache de l’influence de Disney, même si parfois les animaux sont encore dotés de la parole. En 1966, les premières illustrations pleines pages à bord perdu apparaissent. Parfois celles-ci se suivent comme dans une bande dessinée. Le texte s’intègre dorénavant à l’image.

Les années 1970 – à nos jours : La soif d’apprendre et d’expérimenter

À partir des années 70, Marcel Marlier se concentre sur la représentation de la nature sauvage ou domestiquée. Il nous transmet la fascination qu’elle exerce sur lui. La campagne devient le terrain de jeux et d’aventures favori de ses héros. Le thème de l’apprentissage est également au premier plan. Martine, petit rat de l’opéra ou encore Martine apprend à nager donnent à l’illustrateur l’opportunité de perfectionner le mouvement. Dans ce but, Marcel Marlier s’immerge pendant plusieurs semaines sur le terrain. Il assiste, en effet, à des cours de natation et aux répétitions de Dolores Laga, danseuse au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles et au Ballet du XXe siècle. Il réalise alors des centaines de croquis préparatoires. Dorénavant, Marcel Marlier mélange les techniques au gré de ses envies et des albums. Ici, il opte pour des décors à l’encre ou à l’aquarelle pour donner plus de présence à ses personnages. L’apparition du trait qui sertit ses personnages les place au premier plan de ses compositions. Là, il recourt à la photographie qu’il retouche. Il exploitera cette veine principalement dans Jean-Lou et Sophie à la campagne, Jean-Lou et Sophie au bord de la rivière et Jean-Lou et Sophie en Bretagne. Il l’abandonnera cependant pour retrouver une pleine liberté de composition. Ensuite, il utilise des crayons gras ou donne un effet toilé qu’il applique à l’ensemble de l’illustration ou juste aux arrière-plans. Nous sommes à l’apogée de sa quête de réalisme.

Exprimer avec délicatesse les sentiments

Si Martine est l’héroïne d’une série, elle n’en sera pas moins différente à chaque épisode. Elle suit la mode de son temps, change de coupe de cheveux, même ses traits se modifient d’un album à l’autre. Marcel Marlier a en effet toujours préservé une totale liberté sur ce point. Il préfère s’adapter à ses petits modèles que de pérenniser son personnage en le rendant immuable. Pour s’assurer de la crédibilité de ses personnages, Marcel Marlier réalisait aussi des centaines de croquis. Martine, en 60 ans d’existence, n’a donc pas pris une ride. Les lecteurs s’en accommodent parfaitement car ils sont, sans doute, plus intéressés par les sentiments qu’ils partagent avec leur amie. Comme Martine, ils éprouvent de la joie, mais aussi de la tristesse, de la peur ou encore de la douleur.

Un succès exceptionnel

Presque étranger au succès de l’héroïne qu’il créa avec Gilbert Delahaye, Marcel Marlier était, avant toute chose, concentré sur son plaisir d’observer ses sujets pour les dessiner.

Il n’en reste pas moins qu’il fut l’un des pères, avec Gilbert Delahaye, d’un véritable phénomène éditorial comme en témoignent les 65 millions d’exemplaires vendus en langue française et 35 millions en langues étrangères. Depuis leur création en Belgique, à Tournai, les aventures de Martine ont été traduites dans une trentaine de langues. Martine est actuellement présente dans 15 pays, de l’Italie à la Chine en passant par la Serbie, la Turquie, la Hongrie, la Pologne ou la Corée. Selon les langues, elle s’appelle Anita, Tiny, Maja, Zana, Debbie, Aysegul ou encore Marika.

L’œuvre qu’il partagea avec son comparse et ami Gilbert Delahaye, témoignage incontournable de la société de la seconde moitié du XXe siècle et du début du XXIe siècle, a alimenté et alimente toujours l’imaginaire de millions d’enfants.

Bibliographie :

Série Martine

  • 1954 Martine à la ferme ; Martine en voyage
  • 1955 Martine à la mer
  • 1956 Martine au cirque
  • 1957 Martine, vive la rentrée !
  • 1958 Martine à la foire
  • 1959 Martine fait du théâtre ; Martine à la montagne
  • 1960 Martine fait du camping
  • 1961 Martine en bateau
  • 1962 Martine et les quatre saisons, Martine à la maison
  • 1963 Martine au zoo
  • 1964 Martine fait ses courses, Martine en avion
  • 1965 Martine monte à cheval
  • 1966 Martine au parc
  • 1967 Martine petite maman
  • 1969 Martine fête son anniversaire
  • 1970 Martine embellit son jardin
  • 1971 Martine fait de la bicyclette
  • 1972 Martine petit rat de l’opéra
  • 1973 Martine à la fête des fleurs
  • 1974 Martine fait la cuisine
  • 1975 Martine apprend à nager
  • 1976 Martine est malade
  • 1977 Martine chez tante Lucie
  • 1978 Martine prend le train
  • 1979 Martine fait de la voile
  • 1980 Martine et son ami le moineau
  • 1981 Martine et l’âne Cadichon
  • 1982 Martine fête maman
  • 1983 Martine en montgolfière
  • 1984 Martine à l’école
  • 1985 Martine découvre la musique
  • 1986 Martine a perdu son chien
  • 1987 Martine dans la forêt
  • 1988 Martine et le cadeau d’anniversaire
  • 1989 Martine a une étrange voisine
  • 1990 Martine, un mercredi pas comme les autres
  • 1991 Martine, la nuit de Noël
  • 1992 Martine va déménager
  • 1993 Martine se déguise
  • 1994 Martine et le chaton vagabond
  • 1995 Martine, il court, il court, le furet !
  • 1996 Martine, l’accident
  • 1997 Martine baby-sitter
  • 1998 Martine en classe de découverte
  • 1999 Martine, la leçon de dessin
  • 2000 Martine au pays des contes
  • 2001 Martine et les marmitons
  • 2002 Martine, la surprise
  • 2003 Martine et l’arche de Noé
  • 2004 Martine, princesses et chevaliers
  • 2005 Martine, drôles de fantômes
  • 2006 Martine, un amour de poney
  • 2007 Martine, j’adore mon frère ! …
  • 2008 Martine et un chien du tonnerre
  • 2009 Martine protège la nature
  • 2010 Martine et le prince mystérieux

Série Jean-Lou et Sophie :

  • 1969 Jean-Lou et Sophie découvrent la mer
  • 1970 Jean-Lou et Sophie à la campagne
  • 1971 Jean-Lou et Sophie dans la forêt
  • 1972 Jean-Lou et Sophie au bord de la rivière
  • 1974 Jean-Lou et Sophie à la montagne
  • 1976 Jean-Lou et Sophie au jardin
  • 1977 Jean-Lou et Sophie en Bretagne
  • 1978 Jean-Lou et Sophie construisent une cabane
  • 1979 Jean-Lou et Sophie et Cœur de paille
  • 1980 Jean-Lou et Sophie au jardin de Liliput
  • 1982 Jean-Lou et Sophie dans l’île de lumière
  • 1984 Jean-Lou et Sophie, la course des tacots

Série des Animaliers :

  • 1953 Deux lapins tout pareils
  • 1958 Follet : Le petit chat
  • 1960 L’Oie Eugénie et Snif le lapin
  • 1963 Cotcodac et Poussemin
  • 1964 La petite chèvre turbulente
  • 1965 Chat d’ici, chat d’ailleurs
  • 1965 Pic-Pique le hérisson
  • 1966 Picolo le poussin curieux
  • 1973 Follet veut tout savoir
  • 1975 : Le chat Follet sur la patinoire

Autres

  • 1961 : Le Vieux Hêtre
  • 1964 Anne et Françoise
  • 1973 La Belle et la Bête


Annexes

Notes et références

Martine, un personnage créé par Gilbert Delahaye et Marcel Marlier/Léaucour création © casterman 2011 Jean-Lou et Sophie, des personnages créés par Marcel Marlier/Léaucour création © casterman 2011 Les Animaliers, Marcel Marlier/Léaucour création © casterman 2011



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Marcel Marlier de Wikipédia en français (auteurs)

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