Maladie de Waldenstrom

Maladie de Waldenstrom

Maladie de Waldenström

La maladie de Waldenström est une hémopathie maligne rare, caractérisée par une prolifération lymphocytaire monoclonale B avec infiltration des organes lymphoïdes périphériques et de la moelle osseuse par une population lymphoplasmocytaire monoclonale sécrétant une immunoglobuline M monoclonale. Elle est d’étiologie inconnue mais une prédisposition génétique familiale semble établie. Les trois quarts des malades sont des hommes (sex ratio de 3 pour 1). L’âge de prédilection est entre 50 et 70 ans.

La maladie a été décrite la première fois par le médecin suédois Jan G. Waldenström (1906–1996) en 1944.

Sommaire

Tableau clinique

La maladie de Waldenström est le plus souvent asymptomatique. Elle est découverte fortuitement devant une vitesse de sédimentation (VS) très élevée puisque supérieure à 70 voire 100 mm/h. On retrouve parfois les signes cliniques suivants :

Biologie

La numération formule sanguine est souvent normale. On retrouve parfois certaines anomalies non spécifiques :

  • Anémie arégénérative modérée à sévère, normocytaire ou faussement macrocytaire, hématies en rouleaux ;
  • Hyperleucocytose modérée (< 15 000) ou neutropénie modérée, monocytose modérée, lyphocytose normale ou augmentation modérée ;
  • Plaquettes normales ou thrombopénie dans 10 % des cas ;
  • Allongement du temps de saignement par thrombopathie ;
  • VS très accélérée (> 70 mm voire 100 mm à la 1re heure) ;
  • Hyperprotidémie > 80 voire 120 g/l ;
  • L’électrophorèse des protéines met en évidence un pic monoclonal bêta ou gamma ;
  • L’immunoélectrophorèse mettent en évidence une IgM monoclonale k dans 75 % des cas ou l dans 25 % des cas, avec IgG et IgA normales ou abaissées ;
  • Calcémie normale ;
  • Protéinurie de Bence-Jones : chaînes légères libres dans les urines ;
  • Protéinurie totale faible.

Myélogramme

Il met en évidence une infiltration lymphoïde polymorphe représentant de 20 à 100 % des cellules médullaires ;

  • Infiltration lympho-plasmocytaire polymorphe de la moelle  ;
  • Fibrose et mastocytose réactionnelle, inconstantes.

Diagnostic différentiel

  • Le myélome à IgM (2 % des myélomes) : insuffisance rénale, protéinurie, hypercalcémie plus fréquentes, évolution plus rapide ;
  • Le syndrome de Schnitzler : urticaire chronique, ostéocondensation et IgM monoclonale ;
  • Les rares leucémies lymphoïdes chroniques avec pic d’IgM < 5 g/l ;
  • Les gammapathies monoclonales bénignes ou "de nature indéterminée" (MGUS monoclonal gammapathy of undetermined signifiance) à IgM : le taux est souvent plus faible, pas d’infiltration médullaire, stabilité sur 3 ans ;
  • Les lymphomes non sécrétant ;
  • Des IgM monoclonales peuvent être retrouvées lors d’infections, de carcinomes, de maladies auto-immunes, de lymphomes B sécrétant.

Complications

  • Neuropathies périphériques
  • Amyloses
  • Hyperviscosité +++
  • Hémorragies
  • Infections
  • Cryoglobulinémies type 1 : Syndrome de Raynaud, Arthralgie, Vascularite
  • AHAI froid
  • Thrombopathie

Traitements

L’évolution spontanée est variable et dans certains cas, la maladie reste stable pendant des années (2 à 10 ans).

  1. Dans les formes asymptomatiques avec un taux stable de l’IgM, on propose l’abstention thérapeutique seule avec surveillance.
  2. Dans les formes symptomatiques et/ou avec une augmentation des taux de l’IgM, on propose différents types de chimiothérapie, en fonction du stade tumoral :
  • Dans les formes lentes, on propose une mono-chimiothérapie orale continue ;
  • Dans les formes sévères rapides et/ou compliquées, on propose une polychimiothérapie ;
  • Le sujet âgé est traité par monochimiothérapie ;
  • En cas de manifestation auto-immune, on associe la prednisone avec le chlorambucil, le cyclophosphamide et le melphalan ;
  1. Traitement symptomatique des complications et notamment de l’anémie ;
  2. En cas de syndrome d’hyperviscosité ou de neuropathie, on propose des plasmaphérèses.

Notes

Relativement rare, la maladie a cependant emporté plusieurs chefs d’États ou de gouvernement :

  • le président français Georges Pompidou (1911-1974), dont les premiers signes de la maladie remontent à 1968 et qui décéda finalement d'une septicémie [1],[2]
  • le président algérien Houari Boumedienne (1932-1978), mort d'une maladie de waldenström avec thrombose cérébrale [3],
  • le shah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi présente les premiers symptômes en 1970, à l'âge de 51 ans, et décède en 1980 [4] .
  • le premier ministre israëlien Golda Meir (1898-1978), dont le cas est plus mystérieux, et dont on pense finalement qu'elle était plutôt atteinte d'un lymphome de faible malignité compliqué à la fin de métastases osseuses et hépatiques [5],[4].

Notes et références

  1. Pompidou sur le site de la Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer : http://www.fnclcc.fr
  2. Ces malades qui nous gouvernent sur http://www.agoravox.fr
  3. Boumedienne sur le site de la Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer : http://www.fnclcc.fr
  4. a  et b Le sang témoin et pilote de l’histoire sur http://www.md.ucl.ac.be
  5. Golda Meir sur le site de la Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer : http://www.fnclcc.fr

Annexes

Liens externes

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