- Makea Pori Ariki
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Makea Pori
Makea Pori fut l’ariki du vaka (tribu) de Teauotonga (Rarotonga) de 1823 à 1839 succédant à son père Makea Tinirau. Il est probable qu’il naquit dans les années 1780 ou 1790, bien qu’il n’existe aucune source écrite sur ce sujet ou plus globalement sur le déroulement de sa jeunesse. La plus ancienne évocation écrite de Makea Pori remonte aux années 1815-1816 et son rôle dans la longue guerre qui opposa Takitumu à Teauotonga. Selon le récit de Maretu[1], il semble qu’il fut en effet à l’origine du conflit ayant décidé de s’emparer de la veuve de Manavaroa, un mataiapo de Ngatangiia que convoitait également Kainuku Tamoko Ariki. S’ensuivit une série de violences obligeant Makea Pori, son père Makea Tinirau et les leurs à trouver refuge à l’ouest de l’île chez leur allié Tinomana Enuarurutini, sur les hauteurs de Puaikura. Leur exile devait durer sept années puisque ce n’est qu’en 1822 ou 1823 et après de longues palabres que Makea Pori fut autorisé par Pa et Kainuku ariki à rentrer à Avarua. Il fut intronisé cette même année, ariki sur le marae Vaerota au koutu de Kainuku, en remplacement de son père Makea Tinirau resté à Puaikura[2].
Makea Pori était donc l’ariki en titre en 1823, lors du premier passage du missionnaire de la London Missionary Society, John Williams, accueillant l’évangéliste Raiatéan Papehia que Willliams avait décidé de déposer sur place afin de convertir la population. Acceptant de détruire les marae et « idoles païennes » de la tribu, il reçut le baptême en 1825, lors du passage sur l’île du Révérend Robert Bourne. Il semble néanmoins que ses convictions chrétiennes étaient loin de satisfaire aux exigences très strictes des missionnaires. En 1828, le Révérend Aaron Buzacott qui venait de prendre en charge la mission d’Avarua constatait, « Lorsque nous arrivâmes à Rarotonga au début de l'année 1828, Makea et les siens s'étaient certes déjà convertis au christianisme, mais en devenant plus familier de leur caractère privé, il m'apparut nettement qu'en dépit du respect régulier des obligations les plus visibles de leurs devoirs religieux, très peu d'entre eux avaient abandonné leurs pratiques païennes, particulièrement celles qui ont trait aux comportements licencieux. Makea qui avait pourtant promis d'abandonner toutes ses femmes à l’exception d’une seule, continuait en réalité d'en fréquenter autant, voire plus encore qu'à l'époque où il était païen.»[3].La situation devait encore se détériorer pour les missionnaires quelques mois plus tard suite à un séjour de Makea Pori à Tahiti. « En mars 1828, Makea et sa femme accompagnèrent M. Williams dans l'archipel des Australe et de la Société. Ce voyage accrut considérablement sa connaissance des autres pays. Sur place, il fut traité avec grand respect. Des dons lui furent offerts par les chefs et les indigènes des îles visités. À son retour après trois mois, il avait considérablement accru ses richesses, rapportant avec lui de nombreux vêtements mais également des outils. Malheureusement, il devint très vite évident que cette abondance matérielle l'avait appauvri sur le plan spirituel. Il devint encore plus hautain qu'auparavant et commença à traiter les missionnaires avec dédain et froideur. Cela nous surprit de sa part, lui qui avait été depuis toujours l'ami des missionnaires. Nous apprîmes finalement que cela était la conséquence de conseils que lui avaient prodigués des personnages importants de Tahiti et Raiatea. Après quelques franches explications, il redevint néanmoins au bout de quelques semaines aussi amical et respectueux qu'auparavant. »[4] Les îles de la Société connaissaient en effet à l’époque un mouvement de remise en cause de l’ordre missionnaire au travers du mouvement syncrétique connu sous le nom de mamaia.
Ce n’est qu’en 1835, sachant alors lire et écrire, que Makea Pori céda définitivement aux missionnaires acceptant de devenir membre de l’Eglise en recevant la communion. Cette conversion définitive ne se fit pas néanmoins sans difficulté puisqu’il échappa de peu en 1833 avec les autres ariki à un complot ourdi par des mataiapo hostiles à la nouvelle religion.
En mai 1839, Makea Pori tomba malade, « Environ dix ou douze jours avant de s'éteindre, il se leva tôt un samedi matin, prit son petit panier de livres et marcha jusqu'à la Chapelle toute proche. Il s'y assit et attendit quelques instants, se demandant pourquoi la population n'était pas présente pour le service du Sabbat. Il fut également surpris de voir s'agiter autour de lui des femmes munies de balais et de seaux d'eau qui nettoyaient la chapelle. Il commença à les réprimander pour leur profanation avant d'être informé de son erreur. Il reprit alors son petit panier de livres et rentra chez lui. Ce fut le premier signe du delirium qui peu à peu le gagna. Après cet incident, il se mit à parler tout seul, mais il nous fut d'un grand réconfort de constater qu'il ne s'agissait que de sujets strictement religieux.»[5]. Il devait décéder le 28 octobre 1839. Il fut enterré à Avarua près de la chapelle. Sa tombe est toujours visible.
Son fils Makea Davida lui succéda à la tête de la chefferie.
Voir aussi
Notes
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