- Littérature Du Rwanda
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Littérature du Rwanda
Au sein de la littérature du Rwanda, on peut distinguer plusieurs éléments distincts, selon des lignes de partages différentes.
La première ligne de partage est chronologique. De ce point de vue, en effet, il existe indéniablement une rupture entre les ouvrages publiés avant le génocide de 1994 et ceux publiés depuis.
La deuxième est relative à l'existence d'une très riche littérature relative au Rwanda, mais dont les auteurs ne sont pas des Rwandais. Il n'est question, dans cet article, que des auteurs rwandais. Pour ce qui est d'autres écrivains qui ont écrit au sujet du Rwanda, on se reportera avec profit à la rubrique Témoignages sur le Rwanda.
Enfin, le troisième critère de distinction est, comme dans la plupart des pays d'Afrique, linguistique, en ce sens que, si les écrivains rwandais les plus connus sont francophones, il n'en existe pas moins un vaste corpus en d'autres langues.
Sommaire
Aux origines
Il est généralement reconnu que l'ancien royaume du Rwanda avait élaboré une littérature orale d'une grande originalité et d'une extraordinaire richesse. Cette littérature peut se diviser en deux catégories principales:
- Tradition royale
- Tradition populaire
"Les Grands Textes Rwandais"
Les textes royaux
En effet, l'érudit rwandais Alexis Kagame, envers qui la littérature orale de l'ancien Rwanda doit une si grande dette, a pu distinguer entre "iby'ibwami", les traditions de la cour, et "ibyo muri Rubanda", les traditions populaires. Bien que cette distinction ne soit pas aussi nette que le laisse supposer cette manière de dire, il existe néanmoins une série de textes que l'on peut qualifier d'officiels, car ils concernent principalement la vie et l'œuvre des rois du Rwanda. Ces textes sont au nombre de quatre:
- Une série de listes généalogiques, Ubucurabwenge
- Un ensemble de mythes, Ibitekerezo
- Un corpus de poèmes, Ibisigo
- Un recueil de rituels de magie cérémonielle, Ubwiru.
Les trois derniers documents oraux sont, pour ainsi dire, construits autour des listes généalogiques, qui constituent la charpente de toute la Tradition rwandaise. Effectivement, il est aisé de constater que les mythes Ibitekerezo relatent la vie et l'œuvre des rois suivant leur ordre chronologique, que nombre d'Ibisigo consacrent un verset à chaque roi, tandis que le cérémoniaire de l'Ubwiru dispose que certains rituels doivent être exécutés par le roi qui porte tel nom cyclique.
Par ailleurs, les textes royaux se caractérisent par leur forme figée. Cette caractéristique semble naturelle en ce qui concerne les poésies Ibisigo, qui, une fois composées, étaient apprises par cœur et transmises telles quelles ; elle va de soi quant aux listes généalogiques, qui ne se prêtent pas à la variation ; mais elle ne laisse pas d'étonner s'agissant des prescriptions rituelles de l'Ubwiru. En effet, les textes des rites royaux du Rwanda ancien étaient entièrement et mémorisés, jusque dans les détails leurs plus minutieux, sans qu'il soit permis de changer quoi que ce soit au texte.
Les rois du Rwanda attachaient une grande importance à l'enrichissement et à la conservation des grands textes de la Tradition rwandaise. Ces tâches étaient confiées à certaines familles, qui en assuraient la mémorisation et la transmission d'une génération à la suivante, mais toujours sous le contrôle général des rois.
La littérature populaire
A côté de ces quatre textes officiels, le Rwanda dispose d'une très riche littérature de type populaire. Il faut préciser que le terme "populaire" ne dénote nullement une littérature de qualité inférieure, mais sert simplement à distinguer celle-ci de la littérature site "de cour". L'une est l'expression livre de la créativité rwandaise, l'autre étant un ensemble d'ouvrages dont la confection et la conservation sont contrôlées par l'autorité royale. Certains rwandologues ont établi une distinction entre une littérature savante et une littérature populaire, ce qui tendrait à suggérer que cette dernière soit de qualité moindre. Il n'en est rien : les deux catégories sont distinctes mais également valables et également belles en leurs diverses formes. J'en veux pour preuve la collection de récits populaires réalisée par Pierre Smith (Le Récit populaire au Rwanda, 1975), qui a su capter tout le charme et toute la beauté de ce genre.
Parmi les genres littéraires de cette seconde catégorie des textes rwandais, on peut citer les suivants:
- Amateka y'Imiryango: histoires des grandes familles du Rwanda
- Ibyivugo: poesies héroïques
- Indirimbo z'Ingabo : hymnes héroïques et musique militaire
- Amazina y'inka : poésies pastorales
- Imyasiro: poésie cynégétique
- Imigani: proverbes et dictons
- Ibisakuzo: énigmes et devinettes
- Inanga : chants accompagnés à l'inanga, instrument à cordes traditionnel
- Chansons d'amour, berceuses, louanges, etc.
Cette seconde catégorie de la littérature rwandaise n'a pas encore reçu l'attention qu'elle mérite de la part des chercheurs. En effet, Alexis Kagame s'est appesanti sur la littérature officielle, bien qu'il ait réalisé d'importants travaux dans les autres genres également. Nombre d'autres rwandologues se sont généralement inscrits dans la lancée de Kagame et des premiers écrivains missionnaires, si bien que des pans entiers de la littérature orale rwandaise restent encore largement inexplorés. Il est à espérer que ce site web cotribuera à susciter un intérêt renouvelé pour le riche patrimoine littéraire rwandais.
L'écriture du Rwanda avant 1994
Après le génocide de 1994
Une abondante littérature de témoignage et d'essais historiques s'est développée après le génocide. Ces rescapés du génocide, parfois des acteurs, veulent accomplir par l'écriture leur devoir de mémoire et faire partager au monde les souffrances qu'ils ont vues et vécues ou faire éclater des vérités parfois contestées, tant les clivages de ce génocide sont encore présents.
Yolande Mukagasana, sans doute la plus connue en Europe, Annick Kayitesi, Esther Mujawayo, Révérien Rurangwa ont donné des témoignages particulièrement bouleversants de la folie génocidaire, de la perte identitaire et des difficultés à se reconstruire.
Scholastique Mukasonga a donné un témoignage historique de la montée de la folie génocidaire depuis 1959 jusqu'en 1994. Vénuste Kayimahe, qui a travaillé pendant vingt ans au centre culturel français à Kigali, a produit à la fois un témoignage et un essai historique sur le génocide comme témoin privilégié de l'opération militaire française Amaryllis, décrivant ce qu'il a vu et perçu des « coulisses (françaises) du génocide ».
Des Rwandais de la diaspora, qui parfois avaient quitté très jeunes le Rwanda, se sont soudain brusquement interrogés sur leurs origines et les causes du génocide, tel Benjamin Sehene dans Le Piège ethnique ; avec Le Feu sous la soutane, roman inspiré d'une histoire vraie et dénonçant le comportement insoutenable de certains religieux, Benjamin Sehene fut aussi le premier Rwandais[1] à s'attaquer au thème du génocide par le biais de la fiction. En 2008, avec son roman Le Passé devant soi, Gilbert Gatore devient le second auteur rwandais à utiliser la fiction pour évoquer le génocide de 1994.
Servilien Sebasoni, membre du FPR qui a enseigné le Français à travers le monde jusqu'en Chine, a écrit une histoire sur les origines du Rwanda et se propose à travers sa recherche de retrouver l'authenticité culturelle et historique du Rwanda.
Abdoul Ruzibiza, soldat du FPR, se présente comme témoin de l'histoire du conflit du FPR contre les FAR et l'opération Noroît de l'armée française, et prétend, dans un livre controversé, être témoin direct de l'attentat du 6 avril 1994 auquel il aurait participé.
Principaux écrivains
- Gilbert Gatore
- Alexis Kagame
- Venuste Kayimahe
- Annick Kayitesi
- Esther Mujawayo
- Yolande Mukagasana
- Scholastique Mukasonga
- Saverio Naigiziki
- Révérien Rurangwa
- Abdoul Ruzibiza
- Servilien Sebasoni
- Benjamin Sehene
- Darius Rourou Kageme
- ruhumuliza benjamin
- Françoix-Xavier Gasimba
- François-Xavier Munyarugerero
- Cyprien Rugamba
- Eugène Ndahayo
- Maurice Niwese
- Marie Béatrice Umuhire
- Pierre Céléstin Bakunda
- Bernard Muzungu
- Aimable Twagilimana
- Léonard Nduwayo
- Bénoît Rugumaho
- Charles Karemano
- Boniface Ngulinzira
- André Sibomana
- Gaspard Musabyimana
- Innocent Bahinyuza
- Venant Ndamage
- Philippe Mpayimana
- Anicet Karege
Articles connexes
Note
- ↑ Des auteurs étrangers comme le Français Jean-Pierre Campagne ou le Canadien Gil Courtemanche l'avaient précédé dans cet exercice.
Catégorie : Littérature rwandaise
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