- Ange Vergèce
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Ange Vergèce (en grec : Άγγελος Βεργίκιος), également connu sous les noms Ángelos Vergíkios, Ángelos Bergíkios, Angelo Vergecio ou Angelus Vergetius, est un maître écrivain d’origine crétoise, actif à Venise puis en France jusqu’en 1568.
Sommaire
Biographie
Il est d’origine crétoise, issu d’une des grandes familles de l’île (probablement de La Canée, port sous domination vénitienne). Il parvient à Venise autour de 1530 et exerce déjà là-bas son métier d’écrivain puisqu’on connaît un manuscrit sorti de ses mains à Venise, daté 1535. Là, il est probable qu’il perfectionna sa manière au contact d’Alde l'Ancien, imprimeur versé dans les textes humanistes. C’est là sans doute qu’il rencontre l’ambassadeur du roi de France Lazare de Baïf, alors en poste dans la Sérénissime. C’est probablement dans le sillage de Lazare de Baïf que Vergèce arrive à Paris, peu avant 1538. Il enseignera le grec à son fils le poète Jean-Antoine de Baïf.
A Paris, Vergèce fut chargé de la collection royale des manuscrits grecs de Fontainebleau, sous la supervision de Pierre Duchâtel, aumônier de François Ier et maître de sa librairie (puis sous Henri II). Cette collection fut l'objet d'accroissement considérables sous le règne de François Ier, passant d'une cinquantaine de volumes à plus de cinq cents. Vergèce travailla à une liste préliminaire en 1545, puis en rédigea des catalogues soignés entre 1549 et 1552, avec la collaboration de Constantin Palaeocappa.
En mars 1545, Vergèce figure dans l’édit rendu par François Ier en faveur des professeurs et lecteurs du Collège royal (futur Collège de France), sous la mention Angelo Vergetio nostre escrivain en grec : il est en effet écrivain ordinaire du roi sous François Ier, Henri II et Charles IX, et chargé de la correction chez l’imprimeur du roi pour le grec.
Quoique parlant mal le français, Vergèce pénètre dans les réseaux humanistes, rencontre Pierre de Ronsard, enseigne non seulement l’écriture grecque mais aussi sa prononciation. Sa compagnie et son enseignement sont recherchés dans les familles sensibles à la culture humaniste. Il devient emblématique de cette caractéristique fondamentale de la Renaissance, qui suscita la recherche, la copie et l’étude des textes anciens. Jean-Antoine de Baïf mentionne Vergèce dans l’épître dédicatoire de ses Oeuvres en rime (Paris : 1573) adressée à Charles IX :
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- Ange Vergèce, Grec à la gentille main,
- Pour l’écriture greque écrivain ordinère
- De vos granpère et père et le vostre, eut salère
- Pour à l’accent des Grecs ma parole dresser,
- Et ma main sur le trac de sa lettre adresser.
Vergèce eut une fille qui travailla pour son père en peignant des illustrations très soignées dans plusieurs de ses manuscrits (voir par exemple quelques copies du De natura animalium de Manuel Philè).
Nicolas Vergèce, son neveu, l’accompagne dans les milieux humanistes, lié aussi à Jean-Antoine de Baïf comme à Ronsard. On connaît également une Etrene et une Contr-etrene poétiques échangées entre lui et Baïf. Nicolas exécuta lui aussi quelques manuscrits grecs : le manuscrit Psi-IV-9 de la Bibliothèque de l’Escurial porte sa signature.
En 1561, Vergèce eut un procès avec un sergent à verge du Châtelet de Paris, dont les extraits conservés ne donnent pas de lumière sur le fond de l’affaire (voir Omont). Il avait été momentanément détenu en attendant le jugement de l’appel qu’il avait interjeté, puis mis en liberté provisoire (limitée à Paris et ses faubourgs) pour pouvoir vacquer aux affaires du Roy, lui faire le service qu’il estoit tenu luy faire comme de son estat de scripteur et correcteur de l’impression du Roy en langue grecque.
La dernière date portée sur ses manuscrits est 1568 et il est mort en 1569.
Œuvres
- Les manuscrits copiés par Vergèce sont au nombre de plus d’une cinquantaine ; une liste (sans doute à rafraîchir) figure dans Legrand p. cxxv-cxxvi. Les auteurs sont souvent des classiques grecs ou latins : Polybe, Manuel Philè, Euclide, Oppien, Homère...
- Les Grecs du roi, polices de caractères grecs taillées et fondues par Claude Garamond pour l’imprimeur Robert Estienne, ont été exécutés d’après les modèles de Vergèce entre 1544 et 1550, et peut-être pour la première police (de corps moyen) sous la supervision de Conrad Neobar, imprimeur du roi pour le grec. Ces caractères dépassaient largement, par leur beauté et par la richesse de leurs ligatures, les caractères grecs dessinés par Geoffroy Tory.
- En 1554, Vergèce édite le texte grec de Mercurii Trismegisti Poemander, seu de potestate ac sapientia divina... Paris : Adrien Turnèbe, 1554 (impr. Guillaume Morel), 4°. Texte grec édité par Vergèce et traduction latine de Marsile Ficin. (Legrand tome I n° 131).
- En 1556, il publie sa traduction du traité de Plutarque Libellus de fluviorum et montium nominibus et quae in iis reperiuntur, e graeco in latinum conversus, chez Charles Estienne avec une dédicace à Claude Laval, évêque d’Embrun, signée Aug. Ver. (Paris BNF)
Trois exemples de manuscrits copiés par Vergèce :
- Manuel Philè, De natura animalium (London, British Library : Ms. Burney 97) : voir
- Manuel Philè, De animalium proprietate (Paris, BIU Sainte-Geneviève : Ms. 3401) : voir
- Hexameron, par saint Cyrille ou Georges Pisidès (Paris, Bibl. Mazarine : Ms. 4452) voir
Documents
- Nicander Nucius [Nikandros Noukios], de Corfou, a rencontré Vergèce à Paris en 1546 et le mentionne dans ses Voyages (extrait transcrit dans Legrand p. clxxxii).
- Le manuscrit Paris BNF (Mss.) : Grec 2339 contient une ordonnance signée par François Ier le 3 janvier 1539 demandant à Jehan Duval de payer à Vergèce le solde de 450 lt pour la pension et de l’entreténement de Vergèce entre le 1er janvier 1538 et le 31 décembre 1539 (texte transcrit dans Legrand p. clxxvii-clxxviii).
- Il existe des autographes de Vergèce dans les papiers d’Henri de Mesmes (Paris BNF (Mss.) : Ms. Lat. 10327).
Bibliographie
- Glen Peers. A Cretan in Paris: Angelos Vergekios and Greek natural history in the French Renaissance. In Pepragmena Th'Diethnous Kretologikou Synedriou. Elounta, 1-6 Oktovriou 2001. Tomos B2: Architetektonike, Istoria tes Technes, Nomismatike, Topographic! kai Topiographia, Diepistemonikes Symvoles, Herakleion, 2004 (2006), p. 419-440.
- Marie-Pierre Laffitte. Reliures royales du Département des Manuscrits (1515-1559). Paris : BNF, 2001. (p. 114-117 sur les manuscrits de Vergèce)
- Repertorium der griechischen Kopisten 800-1600, ed. Ernst Gamillscheg and Dieter Harlfinger, veröffentliungen der Kommission für Byzantinistik 3-1, ed. by Herbert Hunger (Vienna : 1981).
- Philip Hofer and G. W. Cottrell Jr. Angelos Vergecios and the bestiary of Manuel Phile. In Harvard Library Bulletin 8 (1954) p. 323-339.
- A. Dain. Commerce et copie de manuscrits grecs. In Humanisme et Renaissance 4 (1937) p. 395-410.
- A. Dain. La fille d’Ange Vergèce. In Humanisme et Renaissance 1 (1934) p. 133-144.
- Pierre de Nolhac. Ronsard et l'humanisme. Paris : Champion, 1921 (p. 39).
- Henry Omont. Procès d’Ange Vergèce au Châtelet et au Parlement de Paris (1561). In Bibliothèque de l’Ecole des Chartes 77 (1916) p. 516-520. Les sources de cet article sont à Paris AN : X2a 128 et Paris BNF (Mss.) : Ms. N.A.F. 8061 f. 122-123.
- Henri Omont. Catalogues des mss. grecs de Fontainebleau sous François Ier et Henri II. Paris : Imprimerie nationale, 1889. 4°, XXXIX-466 p.
- Émile Legrand. Bibliographie hellénique. Paris : 1885. (tome I, p. cxxv-cxxxvi).
Article connexe
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