- Lev Vygotsky
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Lev Vygotski
Lev Semionovitch Vygotski, en russe Лев Семёнович Выготский, (17 novembre 1896 (5 novembre, selon l'ancien calendrier russe) - 11 juin 1934) est un psychologue russe connu pour ses recherches en psychologie du développement et sa théorie historico-culturelle du psychisme.
Hors de l’Union soviétique il a été découvert dans les années 1960. C’est un penseur qui a introduit la notion du développement intellectuel de l’enfant comme une fonction des groupes humains plutôt que comme un processus individuel. Ses contributions sont estimées actuellement par les tenants du socio-constructivisme comme primordiales dans l’évolution de notre compréhension du développement de l’enfant.
Sommaire
Biographie
(Sources : Wiki en: et es:, Présentation de Lucien Sève en introduction de Pensée et Langage)
Jeunesse et révolution
Lev Vygotski (Vygotsujhky en anglais) est né à Orcha, Russie (aujourd'hui en Biélorussie) près de Vitebsk, dans une famille juive et grandit à Gomel. Il est le second d’une famille de huit enfants. Il se passionne pour le théâtre dans son adolescence et décide d’écrire son nom de famille Vygotski, au lieu de Vygodski. Malgré le numerus clausus qui frappe alors les Juifs et du fait que l’histoire et la philosophie lui sont interdites car elles conduisent au professorat (un Juif ne peut avoir d’emploi de fonctionnaire), il s’inscrit en médecine, puis en droit à l’Université de Moscou (1913-1917). En 1915, il écrit un essai sur Hamlet.
Ayant terminé simultanément ses deux universités en 1917, il rentre à Gomel avec le désir passionné, mais impossible, d’enseigner la littérature et la psychologie.
C'est alors que la révolution d'Octobre abolit toutes les discriminations antisémites, il se jette dans l’activité politique, il est député de l’Armée rouge, et surtout, pédagogue.
Son activité devient débordante, il est au centre de l’activité intellectuelle et culturelle de Gomel : il enseigne la langue et la littérature russes à l’École du travail pour les ouvriers adultes, donne des cours de psychologie et de logique à l’Institut pédagogique, d’esthétique et d’histoire de l’art au Conservatoire, dirige la rubrique théâtrale d’un journal, fonde une revue littéraire avec des camarades. C’est dans cette période qu’il lit Spinoza et Hegel, Marx et Engels, Freud, Ivan Pavlov et Potebnia (linguiste à Kharkov).
En 1919, il contracte la tuberculose et doit faire un séjour en sanatorium en 1920. Il sait que sa vie sera brève ce qui accroît sa soif de travail et d’initiative.
Réflexion pédagogique
À l’Institut pédagogique, il crée un laboratoire de psychologie pour étudier les jeunes enfants du jardin d’enfants. Il en tire des matériaux pour son livre Psychologie pédagogique qui paraît en 1926.
En 1924, il épouse Rosa N. Sméjova (morte en 1979), ils auront deux filles, G.L. et A.L. Vygodskaïa.
Vygotski présente en 1924, au 2e Congrès panrusse de psycho-neurologie à Léningrad, un rapport sur Méthodes de recherches réflexologique et psychologique. Thème qu’il approfondit peu après dans La conscience comme problème de la psychologie du comportement, produisant une si vive impression que Kornilov, leader du courant marxiste en psychologie et nouveau directeur de l’Institut de psychologie de l’université de Moscou, lui propose de prendre part à sa reconstruction sur de nouvelles bases.
Vygotski travaille à l’Institut de psychologie de Moscou avec Alexandre Louria et Leontiev (un peu plus jeunes que lui) : il cherche à reformuler la théorie psychologique sur des bases marxistes et à inventer des démarches pédagogiques pour lutter contre l’analphabétisme et résoudre des problèmes de défectologie (de la surdité au retard mental).
En 1925, il crée un laboratoire de psychologie pour l’enfance anormale, transformé en Institut de défectologie expérimentale du Commissariat du peuple pour l’éducation qu’il dirigera.
Délégué au Congrès international sur l’éducation des sourds-muets qui se tient en Angleterre au printemps 1925, il visite l’Allemagne, les Pays-Bas et la France.
De retour en URSS, il entre à l’hôpital pour une grave rechute de tuberculose et il y achève sa thèse Psychologie de l’art, qu’il soutient à l’automne mais qu’il ne parviendra pas à faire éditer. De nouveau à l’hôpital en 1926, il y écrit un essai sur La Signification historique de la crise en psychologie, non publiée aussi.
Sa santé s’améliore et il reprend une large activité de recherche avec ses élèves, source d’une conception nouvelle, historico-culturelle du psychisme, et d’enseignement en psychologie, sciences sociales, éducation et défectologie, etc. Tous ces travaux ne sont que partiellement publiés. Lecteur assidu de Freud, Piaget, Köhler, Stern, Gesell, etc. il publie des préfaces aux éditions de ces auteurs.
Début 1929, comme sa réputation s’étend en URSS, il est invité à séjourner plusieurs mois à Tachkent pour former des pédagogues et des psychologues à l’université d’Asie centrale. En 1930, il dirige à Moscou un séminaire avec Louria, Eisenstein et le linguiste Marr.
Face à la critique
À partir de 1931, des critiques émergent contre sa théorie historico-culturelle et le groupe des années 20 se scinde, Louria, Galpérine, Zaporojets vont à Karkov et Vygotski va régulièrement à Léningrad avec Elkonine et Joséfina Schif.
Toujours aussi actif, en 1933, il entreprend une vaste synthèse pour répondre aux diverses critiques qui lui sont faites : Pensée et langage. Au printemps 1934, il est hospitalisé et c’est depuis son lit qu’il dictera le dernier chapitre de Pensée et langage, publié peu après sa mort dans la nuit du 10 au 11 juin 1934. Il est enterré au cimetière de Novodevitchi.
Sa bibliographie est considérable : cent quatre-vingts titres dont quatre-vingts non publiés.
Ses idées ont un rôle important dans la réflexion théorique en psychologie et en pédagogie, même s'il a été victime de la censure, dès 1936, car ses textes ont été considérés par les autorités staliniennes comme « antimarxistes et antiprolétariens », de même que tous les textes traitant de pédologie (science du développement de l'enfant).
Sa théorie
Vygotski élabore une théorie des fonctions psychiques supérieures grâce à la méthode génétique, conçue comme une « histoire sociale » c'est-à-dire qu'en référence à la théorie sur l'« excentration » de Leontiev « les transmissions ne sont pas simplement d'ordre héréditaires mais aussi culturelles ». Pour Vygotski, l'apprentissage est un processus d'appropriation de ces systèmes, un processus d'appropriation de ces outils.
Plus simplement, Vygotski dit que l'intelligence se développerait grâce à certains outils psychologiques que l'enfant trouverait dans son environnement parmi lesquels le langage (outil fondamental) ; ainsi l'activité pratique serait intériorisée en activités mentales de plus en plus complexes grâce aux mots, source de la formation des concepts.
Pour Vygotski, le langage dit « égocentrique » de l'enfant (opposition entre Vygotski et Piaget) a un caractère social et se transformera ensuite en langage dit « intérieur » chez l'adulte et serait un médiateur nécessaire dans le développement et le fonctionnement de la pensée.
Il présente à partir de travaux expérimentaux le développement des concepts sous forme de complexes chez le tout petit enfant, jusqu’aux concepts élaborés, employés par les adultes.
Le travail de Vygotski articule plusieurs concepts clés qui sont essentiels dans la compréhension du développement précoce de l’enfant. Un des plus importants est celui concernant les zones de développement dont la zone proximale de développement (ZPD) (cf. les considérations de la traductrice de Pensée et langage p.39) qui décrit l’espace conceptuel entre ce que l’enfant peut apprendre de lui-même et ce qu'il peut apprendre avec l'aide d’un adulte. La ZPD est donc tout ce que l’enfant peut maîtriser quand une aide appropriée lui est donnée. Vygotski pensait que les enfants peuvent réaliser et maîtriser des problèmes difficiles quand ils sont guidés et aidés par une personne compétente, généralement un adulte, au cours d’une collaboration. Ainsi, l'éducateur a bien une fonction, il n'a pas qu'à attendre que l'enfant construise par lui-même, en toute autonomie, ses savoirs, par une maturation psychologique plus ou moins naturelle. C'est là une critique du concept rousseauiste d'éducation négative.
Bibliographie
Attention pour les recherches bibliographiques, la transcription de son nom est soit Vygotsky (en anglais), soit Vygotski (en français). Certains ouvrages ne sont référencés que sous l'une des deux graphies seulement.
Œuvres
- Hamlet (texte de jeunesse, 1915)
- Méthodes de recherches réflexologique et psychologique (1924)
- Psychologie de l’art (thèse, 1925), publiée en français en 2005 (Editions La Dispute, Paris)
- La conscience comme problème de la psychologie du comportement (article, 1925), publié en français en 2003 dans Conscience, inconscient, émotions (Editions La Dispute, Paris)
- Psychologie pédagogique (1926)
- Signification historique de la crise en psychologie (1926), publié en français en 1999 (Éditions Delachaux et Niestlé, Lausanne)
- Psychisme, conscience, inconscient (article, 1930), publié en français en 2003 dans Conscience, inconscient, émotions (Éditions La Dispute, Paris)
- Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures (1930-1931)
- La théorie des émotions de Spinoza et de Descartes à la lumière de la psycho-neurologie contemporaine (article, 1933)
- Étude des émotions, publié en français en 1998 sous le titre Théorie des émotions (Éditions L’Harmattan, Paris)
- Défectologie et déficience mentale
- Apprentissage et développement à l’âge préscolaire
- Pensée et langage (1933) (traduction de Françoise Sève, avant-propos de Lucien Sève), suivi de « Commentaires sur les remarques critiques de Vygotski » de Jean Piaget,(Collection « Terrains», Éditions Sociales, Paris, 1985) ; Rééditions : La Dispute, Paris, 1997.
Sur Vygotski
- Avec Vygotski (ouvrage collectif sous la direction d'Yves Clot), Editions La Dispute, 2e édition, 2002
- Se former avec Vygotski. Nouvelle formation des professeurs des écoles. Compétences. Mastérisation, Dr. Léon Miffre, Editions Je Publie, 4e édition, 2009, [1].
Liens externes
- Jerome Bruner, Car la culture donne forme à l’esprit. De la révolution cognitive à la psychologie culturelle, Eshel, Paris, 1990.
- Colloque : Vygotski et les recherches en éducation et en didactique des disciplines, Albi, avril 2007
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