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Illuminations (Rimbaud)
Pour les articles homonymes, voir Illumination.Illuminations est le titre d'un recueil de 54 poèmes composés par Arthur Rimbaud entre 1872 et 1875.
L'ensemble de ces poèmes aurait été remis à Verlaine en février 1875 à Stuttgart. Quelques mois plus tard, Verlaine transmet ce dossier de poèmes en prose qu'il n'appelle pas encore Illuminations à Germain Nouveau, selon le témoignage d'une lettre de Verlaine à Ernest Delahaye[réf. nécessaire]. En 1886, les Illuminations rassemblaient non seulement les poèmes en prose que nous connaissons sous ce titre, mais encore l'ensemble dit des Derniers vers. En 1895, c'est cet ensemble de proses et de vers que Verlaine a préfacé. Plus tard, les deux dossiers ont été séparés dans la mesure où les manuscrits des poèmes en prose formaient un ensemble de copies distinctes de l'ensemble des copies de poèmes en vers. Les copies des proses ont été faites en 1874, celles des poèmes en vers datent de 1872 sinon de 1873. Toutefois, Rimbaud avait très bien pu décider finalement de conjuguer les deux dossiers sous le seul titre des Illuminations. Dans tous les cas, quand Verlaine dit que Rimbaud a composé les Illuminations de 1873 à 1875, dans des voyages tant en Belgique qu'en Angleterre et en Allemagne, il parle autant des vers que des proses. Par conséquent, nous avons la preuve que sa préface est moins rigoureuse qu'élégante. Les poèmes en vers quand ils sont datés renvoient pour la plupart à la période mai-juin 1872, à Paris. D'autres témoignages de Verlaine prétendent que Rimbaud n'a plus composé de poèmes en vers au-delà de 1872,[réf. nécessaire] au-delà de rien autre [Quoi ?] que ses dix-huit ans. La théorie actuelle qui veut que les poèmes en prose des Illuminations soient postérieurs à la composition du recueil Une saison en enfer laisse à entendre que Rimbaud n'a pratiquement rien composé de juillet 1872 à avril 1873, pendant la plus grande partie de son compagnonnage quasi exclusif avec Verlaine. Ainsi, rien ne permet de discréditer l'idée selon laquelle Rimbaud a dû composer plusieurs des Illuminations avant d'écrire Une saison en enfer. D'ailleurs, il fut matériellement impossible à Rimbaud de composer des Illuminations en Belgique en 1873 (trop court passage éclair en mai 1873, absorption dans le drame de juillet à Bruxelles). Rimbaud n'a pu composer, parmi d'autres poèmes en vers, des Illuminations belges qu'en juillet et août 1872. Un autre témoignage de Verlaine laisse entendre que Veillées I et Aube illustrent l'art de Rimbaud, précisément au moment de sa répudiation parisienne, juste avant son départ en Belgique le 7 juin 1872.[réf. nécessaire] Une autre anomalie du témoignage de Verlaine saute aux yeux. Si Verlaine a récupéré le dossier des Illuminations en février 1875 à Stuttgart, Rimbaud n'a eu qu'un mois pour composer des Illuminations allemandes. Force est d'admettre que Verlaine est un adepte du témoignage approximatif. En revanche, parmi les brillantes démonstrations de Bouillane de Lacoste[réf. nécessaire], les copies des poèmes en prose datent de 1874 et Germain Nouveau a participé à la copie de deux poèmes d'un ensemble numéroté de 24 pages, ce qui veut dire avant juin 1874.
En résumé, les Illuminations ont été composées pour l'essentiel avant juin 1874, peut-être et même probablement dès 1872. Certaines des Illuminations ont pu être composées après juin 1874, du moins pour celles qui ne font pas partie du dossier numéroté de 24 pages, mais nous sommes loin de toute certitude. En tout cas, tous les poèmes étaient composés avant le milieu de l'année 1875, date à laquelle Verlaine transmet le dossier à Germain Nouveau.
Première édition : publications de La Vogue, Paris, 1886, 103 p. Notice de Paul Verlaine.
Extrait
Veillées
- I
- C'est le repos éclairé, ni fièvre, ni langueur, sur le lit ou sur le pré.
- C'est l'ami ni ardent ni faible. L'ami.
- C'est l'aimée ni tourmentante ni tourmentée. L'aimée.
- L'air et le monde point cherchés. La vie.
- — Était-ce donc ceci ?
- — Et le rêve fraîchit.
- II
- L'éclairage revient à l'arbre de bâtisse. Des deux extrémités de la salle, décors quelconques, des élévations harmoniques se joignent. La muraille en face du veilleur est une succession psychologique de coupes de frises, de bandes atmosphériques et d'accidents géologiques. — Rêve intense et rapide de groupes sentimentaux avec des êtres de tous les caractères parmi toutes les apparences.
- III
- Les lampes et les tapis de la veillée font le bruit des vagues, la nuit, le long de la coque et autour du steerage.
- La mer de la veillée, telle que les seins d'Amélie.
- Les tapisseries, jusqu'à mi-hauteur, des taillis de dentelle, teinte d'émeraude, où se jettent les tourterelles de la veillée.
- La plaque du foyer noir, de réels soleils des grèves : ah ! puits des magies ; seule vue d'aurore, cette fois.
(in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1991, Bibliothèque de la Pléiade)
Anecdote
Le titre du recueil fait allusion à un sens vieilli du mot « illumination », à prendre ici dans le sens d'« enluminure ». D'où la précision de Paul Verlaine dans la notice accompagnant l'édition originale de l'œuvre : « Le mot Illuminations est anglais et veut dire gravures coloriées, — colored plates : c'est même le sous-titre que M. Rimbaud avait donné à son manuscrit ».
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