La bande Pollet

La bande Pollet

Bande Pollet

La bande Pollet était un groupe de grands bandits du début du XXe siècle (1898-1906). Cette bande très organisée sévissait principalement dans le Nord-Pas-de-Calais et en Belgique. Elle était composée de plus de 30 personnes et dirigée par les frères Abel Pollet et Auguste Pollet d'où son nom « bande Pollet ». Elle sera reconnue coupable de nombreux meurtres, vols, rackets, torture et autres méfaits.

Sommaire

La période dite « la grande peur »

De janvier 1898 au 30 avril 1906, les frères Pollet et leurs complices, dont le territoire de chasse s'étend de la Belgique à la lisière nord-est du bassin minier d'Artois, avec une prédilection pour la plaine flamande, vont commettre 118 vols et agressions à main armée, sept tentatives d'assassinats et massacrer six personnes.

Les débuts de la bande

En 1898, Abel Pollet a 26 ans et vit a Vieux-Berquin. C'est un homme nerveux, bourru, portant une barbe et une moustache brune. Il est très brutal et arrogant.

Abel Pollet a commis son premier vol « une pièce de 100 sous » à l'âge de 9 ans[réf. nécessaire]. Cependant, il était plutôt « spécialisé » dans le vol de nourriture, en pillant les caves et saloirs des gens de la région. Arrêté pour cambriolage à Vieux-Berquin en 1901, Abel Pollet écope de 4 années de détention.

Il sort de prison en 1905. Il n'attend pas une semaine pour se remettre au travail, selon les connaissances acquises au cours de sa longue peine de prison. De février à août 1905, il commet 41 cambriolages. Le 28 mars, il fait connaissance d'une nouvelle recrue : Canut Vromant, 21 ans, journalier belge et naturalisé français habitant Hazebrouck. A ces trois personnes se joint Théophile Deroo, et ce quatuor forme le noyeau central du groupe.

Le premier cadavre

Le principal de la bande est maintenant au complet. Le 17 juillet 1905, Abel et Auguste commettent leur première tentative de meurtre en assommant à coups de tisonnier, à Calonne-sur-la-Lys, un vieil homme de 78 ans, M. Deron, qu'ils étranglent, mais par chance leur victime survivra. Le 1er août Abel, Auguste et Vromant infligent le même traitement à une vieille dame de Merville qui survivra elle aussi.

Si les victimes survivent jusque là, ce ne sera pas le cas de de M. Lenglemetz, 80 ans, cabaretier à Locon près de Béthune. Il est 22h30, le vieux monsieur, très malade car souffrant de troubles respiratoires, se trouve dans sa cuisine ; sa femme de 79 ans quant à elle, dort à l'étage. Abel Pollet et trois de ses complices, Dekimpe, Verbeke et Guyard, forcent une fenêtre, le gang surprend le vieillard, Verbeke le saisit à la gorge. La femme Lenglemetz réveillée par le tapage occasionné par les bandits descend au rez-de-chaussée. Voyant la situation, elle comprend vite et appelle à l'aide son fils Jules qu'elle croit dans la maison. Dekimpe grimpe les escaliers quatre à quatre en disant : « tu vas en avoir des jules !!! » , il se couche sur elle et la fait taire en la bâillonnant de sa poigne pour étouffer ses cris. Pendant ce temps, Abel Pollet et Guyard fouillent la maison et raflent 1 000 francs en louis d'or, des bijoux, et des vêtements. Le pillage dure une bonne heure, puis ils s'évanouissent dans la nuit. Quand Mme Lenglemetz, que les coups ont à moitié tuée, se traîne au rez-de-chaussée, c'est pour y trouver le corps sans vie de son mari mort de suffocation. Elle en perdra la raison. La sinistre bande a laissé derrière elle son premier cadavre.

1906, L'année sanguinaire

Le 2 janvier, 7 heures du matin, Abel Pollet, Théophile Deroo et Marcel Deroo donnent l'assaut après avoir veillé toute une nuit dans une maison isolée de Crombeke en Belgique où vivent les époux Louzie, âgés de 73 et 72 ans. M. Louzie, qui est malentendant, voit soudain devant lui trois brutes armés de gourdins qui le menacent. Sa femme lui crie à l'oreille : « Ils en veulent à nos sous ! ». Le vieil homme s'écrie soudain : « Jamais ! vous n'aurez pas notre argent ! ». Abel lui tombe dessus à coups de matraque ; il doit même demander de l'aide à Marcel Deroo pour venir à bout de Louzie qui se défend comme un damné. Théophile Deroo quant à lui rejoint la femme qui s'enfuyait et lui martèle le crâne. Chancelante, Mme Louzie indique la cachette d'un bien maigre magot (250 francs), mais les bandits ne s'arrêtent pas là : « Et l'or ? » hurlent-ils, « Où est l'or ? ». En vain, après une heure de multiples tortures, Abel Pollet, regardant la pièce éclaboussée de sang s'écrie « Allons-nous-en, c'est un abattoir ! ». Quand les hommes quittent la maison, en ayant bien pris soin de laver leurs mains dans un seau d'eau, la femme dont le crâne est ouvert, est morte. Quand le mari revient à lui, il parvient à se traîner à travers champs pour chercher du secours. Il survivra, par miracle, à des blessures impressionnantes : fracture ouverte du bras, nez fracassé, le crâne couturé de cicatrices livides, le pauvre homme est défiguré pour le restant de sa vie. Son apparition au procès aura sans doute un rôle décisif.

Le 20 janvier les frères Pollet, Deroo et Vromant assassinent les époux Lecocq, 81 et 79 ans, et leur fille Euphrosine, 55 ans. Ils laissent derrière eux une scène d'une horreur inimaginable qui raconte les souffrances endurées par les trois malheureuses victimes. La bande repartira avec 8000 francs en or, des bijoux, et de l'argent liquide. Ils attaqueront dans les jours qui suivent un vieux fermier qui s'en sort miraculeusement.

La chute

Au mois de mai 1906, Abel Pollet est dénoncé aux gendarmes par son beau frère qui, par une mystérieuse coïncidence, mourut avant le procès.

Le procès

Le procès d'assises eut lieu à Saint-Omer. Dans le box, ils ne sont pas moins de vingt sept accusés, pour la plupart des complices occasionnels. Dix-huit seront condamnés à des peines de trois à sept ans de prison, les frères Pollet, Deroo et Vromant seront condamnés à mort et cinq seront acquittés au terme d'un procès de onze jours (du 16 au 26 juin 1908) troublé par des accusés qui s'invectivent entre eux. Les frères Pollet insultent les témoins qui viennent déposer à la barre .

Quatre têtes pour Deibler

Le 11 janvier 1909 à sept heures du matin, Anatole Deibler, « éxécuteur en chef des arrêts criminels », vient chercher les quatre condamnés pour les emmener devant la prison de Béthune où a été monté la guillotine. L'exécution devait initialement se dérouler sur une place située à 200 mètres de la prison mais Anatole Deibler, ayant jugé d'un excès de zèle des autorités, décida que l'exécution aurait lieu devant le portail de la prison.

Là, les gens sont plus de dix-mille à crier "à mort !" "salauds !", à vociferer un mélange de haine et de soulagement, à attendre le spectacle cruel des quatre têtes qui tomberont dans le panier d'osier. Deroo d'abord, Vromant ensuite, puis vient le tour d' Auguste Pollet, sans un mot, terrorisés. La foule, dans un déchaînement de liesse chante "C'est Abel, Abel, Abel, C'est Abel qu'il nous faut..." Abel arrive à son tour. Arrogant, hystérique. Il défie la foule et hurle: "Tas de fainéants, à bas les calotins !" Sa tête sur le billot, il crachera encore : "Merde, merde, et encore merde!..." le couperet tombe dans un bruit sec, la bande Pollet n'est plus.

Anecdotes

  • L'exécution fut filmé par les opérateurs de "Pathé Actualités" mais censurée.
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