Ferrari 250 GT Lusso

Ferrari 250 GT Lusso
Ferrari 250 GT Lusso
Ferrari 250 GT Lusso Berlinetta.jpg
Ferrari 250 GT Lusso au Goodwood Breakfast Club 2008

Constructeur Drapeau : Italie Ferrari
Années de production 1963 - 1964
Production 351 exemplaires
Classe Grand Tourisme
Usines d’assemblage Carrozzeria Scaglietti, Modène, Drapeau d'Italie Italie
Moteur et transmission
Énergie Essence
Moteur(s) V12 « Colombo » 60°
Position du moteur Longitudinale avant
Cylindrée 2 953 cm3
Puissance maximale 240 ch (177 kW)
Couple maximal 242 Nm
Transmission Propulsion
Boîte de vitesses 4 rapports
Poids et performances
Poids De 1 020 kg à 1 310 kg
Vitesse maximale 240 km/h
Accélération 0 à 100 km/h en 7,0 ou 8,0 s
Consommation mixte 18 ℓ/100 km
Châssis - Carrosserie
Carrosseries Coupé 2+2
Châssis Tubulaire
Freins Freins à disques
Dimensions
Longueur 4 410 mm
Largeur 1 750 mm
Hauteur 1 290 mm
Empattement 2 400 mm
Voies  AV/AR 1 395 mm  / 1 387 mm
Chronologie des modèles
Ferrari 250 GT Coupé Pininfarina
Ferrari 330 GT
Article principal : Ferrari 250.

La Ferrari 250 GT Lusso — parfois dénommée GTL, GT/L ou encore Berlinetta Lusso — est une automobile de tourisme produite par le constructeur italien Ferrari. Déclinaison plus spacieuse et surtout plus luxueuse[Note 1] de la berlinette 250 GT, la 250 GT Lusso, qui n'est pas destinée à la compétition en Grand Tourisme, est considérée comme l'un des plus élégants modèles de Ferrari[1],[2],[3],[4].

Fidèle à la « tradition » Ferrari de l'époque, la 250 GT Lusso est dessinée par le carrossier turinois Pinin Farina[Note 2] et carrossée par la Carrozzeria Scaglietti. Bien que l'habitacle soit plus spacieux que celui de la 250 GT, la GT Lusso demeure un coupé GT deux places, contrairement à la 250 GTE. Fabriquée pendant seulement dix-huit mois, de début 1963 à milieu 1964, elle est le dernier modèle de la génération des Ferrari 250 GT.

Sommaire

Contexte et genèse

Les expositions automobiles sont souvent l'occasion pour les constructeurs de présenter de nouveaux modèles au public. Ferrari profite ainsi de l'édition 1962 du Salon automobile de Paris pour dévoiler, sous forme de prototype, sa 250 GT Lusso[1]. Il s'agit d'un modèle déjà quasiment abouti, puisque seules des « modifications de détails[2] » seront apportées par la suite.

Ce nouveau modèle est le moyen pour Ferrari d'une part de combler le « vide » laissé entre la sportive 250 GT SWB et le luxueux coupé 250 GTE 2+2[5],[Note 3], et d'autre part — et surtout — de répondre aux nouvelles exigences des années 1960. En effet, les amateurs de sportives sont à cette époque plus friands de modèles « civilisés », c'est-à-dire confortable et spacieux, que radicalement sportifs[2],[6]. Ferrari ne lésinera d'ailleurs pas sur les finitions de la GTL, ce qui se ressent en ce qui concerne le poids ; se situant entre 1 020 kg et 1 310 kg selon les finitions, celui-ci est en effet assez élevé[7].

S'étendant sur une période exceptionnellement courte pour un modèle Ferrari, sa production en série commence en janvier 1963 et se termine en août 1964. Selon l'Américain Peter Coltrin, expert Ferrari de longue date, la construction de la 250 GT Lusso a dû commencer peu de temps après la présentation du prototype du Salon de Paris[8].

Bien qu'elle ne soit pas destinée à la compétition, la 250 GT Lusso fera quelques apparitions dans plusieurs épreuves sportives en 1964 et 1965, telles que la Targa Florio et le Tour de France. Dernier modèle de la série des 250 GT, la GT Lusso sera produite à 351 exemplaires avant d'être remplacée par la Ferrari 275 GTB suite à l'augmentation de la cylindrée du moteur[1]. À l'origine vendue 13 375 $, la GTL se négocie en 2010 entre 400 000 et 500 000 $[9], soit entre 325 000 et 410 000 € environ.

Aspect extérieur

L'importante lunette arrière offre à la GTL une excellente visibilité.

Reprenant certains traits esthétiques, et notamment aérodynamiques, des 250 GT et 250 GTO, Pinin Farina est à l'origine du design de la 250 GT Lusso[Note 4], que beaucoup considèrent comme l'une des plus belles Ferrari jamais produites[1],[9] ; elle saura d'ailleurs séduire des personnalités de l'époque telles que Steve McQueen.

Comme à son habitude, la société Carrozzeria Scaglietti est chargée quant à elle de la fabrication de la carrosserie. Cette dernière est réalisée en acier à l'exception des portes, du couvercle de coffre et du capot moteur, conçus en aluminium[10]. La poupe de la carrosserie, dans laquelle est sculpté un petit aileron — la 250 GTL devenant ainsi la première Ferrari de tourisme à intégrer des appendices aérodynamiques[10] —, se termine par un abrupt arrière de style Kamm[11],[5].

Typique des coupés, l'arrière court se caractérise par ailleurs par une lunette descendant en pente douce jusqu'à la « queue » de l'automobile[9]. Les surfaces vitrées, notamment la lunette arrière et les custodes triangulaires, sont particulièrement importantes[1] et les montants très minces, offrant une excellente visibilité[9],[12]. La 250 GTL est équipée de quatre phares ronds à l'avant, hormis quelques rares versions, dont la version Speciale Berlinetta Coupe dessinée par Battista Pininfarina pour lui-même, qui disposent de deux des phares carénées à l'image de ceux de la Ferrari 250 GT California Spyder[10],[13]. De nombreux détails de carrosserie font la particularité de la 250 GT Lusso, comme par exemple la grille d'aération rectangulaire placée sur le capot, les ailes particulièrement galbées ou encore les pare-chocs chromés, essentiellement décoratifs et placés, à l'avant, verticalement sous chaque feu de position[5].

Habitacle

La planche de bord de la 250 GT Lusso présente un dessin inhabituel pour son temps.

Déclinaison de luxe des 250 GT, la 250 GT Lusso dispose d'un habitacle spacieux, grâce notamment à un moteur avancé de quelques centimètres sur le train avant[14] ; c'est une modification inattendue à cette époque de la part de Ferrari, étant donné que les sportives doivent concentrer, autant que possible, le poids au centre[7]. L'intégration de seulement deux places — et non quatre comme sur la 250 GTE — permet également de disposer de suffisamment de place derrière les profonds baquets pour y ajouter un plateau destiné à recevoir les bagages[1] ; cet espace recouvert de cuir matelassé dispose d'ailleurs de lanières permettant de les attacher[15].

Si la 250 GT Lusso était une sportive civilisée, elle était néanmoins « à recommander de préférence à des passagers jeunes et souples[12] » en raison des dossiers de sièges dont l'inclinaison n'est pas réglable. À l'inverse, la profondeur du pédalier est réglable sur cinq centimètres, comme sur les versions de course[15]. Le dessin du tableau de bord, recouvert de cuir souple et noir, est inhabituel : le tachymètre, dont la zone rouge commence à 8 000 tr/min, et le compteur de vitesse sont placés au centre, légèrement orientés vers le conducteur, tandis que les cinq jauges supplémentaires se trouvent en face du conducteur, derrière le volant à trois branches Nardi en bois et en aluminium, disposé presque à la verticale[10],[12].

Châssis, freins et suspensions

La 250 GT Lusso conserve un empattement court de 2,40 m.

Contrairement à la 250 GTE, déclinaison « 2+2 » dont l'empattement atteint les 2,60 m, la GT Lusso est construite sur un empattement court de 2,40 m, identique à celui de la berlinette 250 GT[1]. Le châssis adopte la structure tubulaire de la 250 GTO, en diminuant toutefois la section des tubes[5],[14]. De fait, le châssis pouvait, selon Brian Laban, auteur de Ferrarissime, « soutenir brillamment la comparaison avec celui des concurrentes[15] ».

Au niveau des suspensions, la 250 GT Lusso dispose de doubles triangles superposés et de ressorts hélicoïdaux à l'avant, tandis qu'un pont rigide, des ressorts à lames semi-elliptiques et des ressorts hélicoïdaux concentriques à des amortisseurs télescopiques équipent la suspension arrière. Le freinage est assuré par quatre freins à disque à commande hydraulique, placés derrière les jantes à rayon Borrani en aluminium poli à fixation par papillon central chromé[5].

Moteur et transmission

La 250 GT Lusso est mue par le célèbre V12 ouvert à 60°.

Animée par le moteur V12 « Colombo » d'une cylindrée de trois litres (2 953 cm3 exactement), la 250 GT Lusso développe une puissance de 240 ch à 7 500 tr/min et 242 Nm de couple à 5 500 tr/min. Elle atteint une vitesse maximale de 240 km/h, devenant par conséquent l'automobile de tourisme la plus rapide de l'époque[4], et n'a besoin que de 7 à 8 secondes pour accélérer de 0 à 100 km/h [1],[15]. Certains composants, comme les soupapes et le vilebrequin, sont issus du moteur de la 250 GT SWB tandis que d'autres, tels que les pistons et le bloc-cylindres, proviennent de la 250 GTE[10].

Le moteur est tout aussi « civilisé » que l'habitacle, étant donné qu'il n'est muni que d'un seul arbre à cames en tête par banc de cylindres, entraîné par chaîne, de deux soupapes par cylindre et de trois carburateurs Weber double corps placé au sommet du V, contre six habituellement sur les versions plus sportives[7].

Ce V12 souffre néanmoins d'importantes émissions de fumée lors de fortes accélérations — c'est d'ailleurs pour cette raison que Steve McQueen, irrité par les fumées persistantes en dépit d'une réparation du moteur, se séparera de sa GTL en 1967[9] — ou encore de vibrations aux alentours de 3 700 tr/min[16]. La boîte de vitesses synchronisée accuse également quelques faiblesses, étant donné qu'elle n'est dotée que de quatre rapports[16], dont le premier s'avère être un peu long[1] afin d'améliorer le 0 à 100 km/h[15].

Héritage

En étant la dernière représentante de la lignée des Ferrari 250, commencée en 1952 avec la 250 S, la fin de la production de la 250 GT Lusso en 1964 annonce le début d'une nouvelle génération de Ferrari, toujours plus luxueuses et raffinées, celle des Ferrari 275 et 330.

La Ferrari 250 GT Lusso marque également l'aboutissement de la stratégie commerciale d'Enzo Ferrari, selon laquelle « Ferrari vendait des voitures de courses, des voitures de courses doublées de routières, des routières pouvant faire de la compétition, et des routières tout court[17] ». Si de cette manière, Ferrari est devenu un constructeur automobile à part entière et s'est constitué une importante clientèle, son seul intérêt était en réalité de financer sa passion pour la compétition automobile[17].

Notes et références

Notes

  1. Le terme « Lusso » signifie « Luxe » en italien.
  2. À cette époque, Pininfarina écrit encore son nom en deux mots.
  3. Les années 1950 sont marquées par l'évolution rapide des infrastructures routières, induisant une demande croissante d'automobiles plus rapides, plus équilibrées, connues sous le nom de « Grand Tourisme ». Strictes 2 places à l'avant et 2 places à l'arrière, ces GT sont dites « 2+2 ».
  4. La 250 GT Lusso sera d'ailleurs la première Ferrari à disposer d'un écusson Pinin Farina sur sa carrosserie, habitude conservée par la suite par le designer turinois.

Références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h et i Gilles Bonnafou, « Ferrari 250 GT Lusso » sur Motorlegend, p. 2. Mis en ligne le 16 avril 2002, consulté le 1er juillet 2009
  2. a, b et c B. Laban, Ferrarissime, 250 GT Berlinetta Lusso, p. 77
  3. (en) Keith Martin, Keith Martin on Collecting Ferrari, MotorBooks International, 2004 (ISBN 978-0760319710) [lire en ligne] , p. 24. Consulté le 25 juin 2010
  4. a et b Dennis Adler, Ferrari, MotorBooks International, 1997 (ISBN 978-0760302736) [lire en ligne] , pp. 44-45. Consulté le 26 juin 2010
  5. a, b, c, d et e (en) Ferrari 250 GT Berlinetta Lusso sur QV500.com, p. 1. Consulté le 25 juin 2010
  6. Richard Gunn, Supercars : les voitures les plus extraordinaires au monde, Gremese Editore, 2006 (ISBN 978-8873016236) [lire en ligne] , p. 116. Consulté le 25 juin 2010
  7. a, b et c B. Laban, Ferrarissime, 250 GT Berlinetta Lusso, p. 78
  8. (en) Ferrari 250 GTL - Berlinetta Lusso sur Ferrari For Sale. Consulté le 3 juillet 2009
  9. a, b, c, d et e (en) John Apen, « 1963 Ferrari 250 GTL “Lusso” Berlinetta » sur Sports Car Market. Consulté le 2 juillet 2009
  10. a, b, c, d et e (en) Ferrari 250 GT/L Lusso sur How Stuff Works ?. Consulté le 25 juin 2010
  11. B. Laban, Ferrarissime, 250 GT Berlinetta Lusso, p. 81
  12. a, b et c H. Lehbrink et al., Ferrari, 250 GT Lusso, p. 142
  13. (en) Ferrari 250 GT Berlinetta Lusso sur QV500.com, p. 2. Consulté le 25 juin 2010
  14. a et b H. Lehbrink et al., Ferrari, 250 GT Lusso, p. 143
  15. a, b, c, d et e B. Laban, Ferrarissime, 250 GT Berlinetta Lusso, p. 80
  16. a et b H. Lehbrink et al., Ferrari, 250 GT Lusso, p. 146
  17. a et b B. Laban, Ferrarissime, 250 GTE (250 GT 2+2), p. 59

Bibliographie

  • Brian Laban, Ferrarissime, Editions Atlas, 2009, 221 p. (ISBN 978-2723473149) 
  • Hartmut Lehbrink, Rainer W. Schlegelmilch et Jochen von Osterroth, Ferrari, Paris, Editions Place des Victoires, 2004, 408 p. (ISBN 978-2844590787) 

Annexes

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