Comparaison entre le nazisme et le communisme

Comparaison entre le nazisme et le communisme

Des comparaisons entre le nazisme et le communisme ont été effectuées par plusieurs historiens, philosophes politiques et intellectuels, à cause des similitudes techniques de la logistique totalitaire (quadrillage policier de la société, hiérarchie étatique étouffant l'expression de la base populaire, propagande omniprésente embrigadant la population, système répressif hypertrophié allant jusqu'aux massacres de masse dans ses actions, réseau de camps de détention). Certains, comme l'allemand Ernst Nolte y voient deux systèmes qui s'articulent en action-réaction[L1 1]. Dans son livre Le Passé d'une illusion, François Furet affirme que le nazisme et le communisme puisent leur idéologie dans une même opposition à ce qu'ils nomment la démocratie et la « bourgeoisie capitaliste »[1],[2],[3]. Le Troisième Reich et l'URSS de Staline sont définis par la philosophe allemande Hannah Arendt comme des régimes « totalitaires », qualificatif également appliqué par les média aux régimes de Mao Zedong, de Pol Pot ou de Kim Il-sung. Alain Besançon, dans son discours « Mémoire et oubli du bolchevisme » prononcé à l’Institut de France lors de la séance publique annuelle des cinq académies, le 21 octobre 1997, et dans son livre Le malheur du siècle[4] aborde également ce thème et, déplorant que l'on ne compare pas davantage nazisme et communisme, qualifie le traitement relatif des crimes staliniens et des crimes nazis d'« amnésie et hypermnésie historiques » (ce que Régis Debray a surnommé de concurrence des mémoires, thème également abordé par Stéphane Courtois dans la présentation du Livre noir du communisme).

Sommaire

Ancrage historique

Signature du pacte germano-soviétique par Molotov, ministre des Affaires soviétiques.Joachim von Ribbentrop, le ministre allemand des Affaires étrangères est immédiatement derrière lui, à côté de Staline en arrière-plan. En haut, un portrait de Lénine.

Le nazisme est l'idéologie politique du NSDAP, parti politique fondé en Allemagne en 1920. Il accède au pouvoir dans ce pays en 1933, lorsque son chef Adolf Hitler est nommé chancelier du Reich par le président du Reich Paul von Hindenburg. Cette nomination porte également le sceau d'une onction populaire, le NSDAP obtenant par exemple 37,2 % des voix aux élections législatives de juillet 1932. L'idéologie nationale-socialiste comporte également une vision politique racialiste, divisant hiérarchiquement l'espèce humaine en races, hiérarchie au sommet de laquelle se situait la « race aryenne ». Née en Allemagne, le nazisme n'est pas conçu pour s'exporter idéologiquement, bien que les conquêtes hitlériennes pendant la Seconde Guerre mondiale ont peu ou prou imposé la politique du IIIe Reich dans les pays occupés. Le nazisme est anticommuniste. Il a toujours réprimé les communistes, les a internés dès son accession au pouvoir dans les premiers camps de concentration nazis, a interdit et brûlé les textes des auteurs communistes.

Le communisme est un courant de pensée de philosophie politique qui prône une société sans classe, ainsi qu'une organisation sociale sans État basée sur l'abolition de la propriété privée des moyens de productions et d'échange au profit de la propriété collective et fondée sur la mise en commun des moyens de production. Bien que ses racines soient très anciennes, on se réfère presque exclusivement pour en parler aux philosophes allemands du XIXe siècle Karl Marx et Friedrich Engels. Le communisme, à la différence du nazisme, trouve son application dans des pays différents (Russie, Chine) mais se référant toujours à Marx. Le premier régime se réclamant du communisme est la Russie bolchevique, en 1917, qui catalyse bientôt la pensée communiste mondiale[réf. nécessaire]. L'anticommunisme nazi trouve son pendant dans le communisme antifasciste de l'entre-deux-guerre (qui trouve néanmoins une pause lors du pacte germano-soviétique et se déploie dans la résistance au nazisme) et post-1945, où cet antifascisme devient une identité du communisme. La propagande du IIIe Reich est en effet anti-communiste (et réprime les mouvements communistes) et l'URSS est anti-fasciste et, après la fin du pacte germano-soviétique, spécifiquement anti-nazie. Après la Seconde Guerre mondiale émergent d'autres régimes se déclarant d'inspiration communiste (République populaire de Chine, République démocratique allemande).

Les nazis réprimèrent toujours les communistes, ces derniers étant les premiers à voir leur activité politique interdite en Allemagne (début 1933). Les divers courants communistes eurent un rôle très important dans la résistance allemande anti-nazie de 1933 à 1945.

Intellectuels

Dans les années 1920, le néolibéral et anti-socialiste Ludwig Von Mises avait déjà assimilé économiquement le Nazisme a un socialisme, sachant que pour Von Mises et encore aujourd'hui pour les conservateurs des Etats-Unis[5] toute intervention de l'État dans l'économie et par extension dans la société (les impôts par exemple) est considérée comme une caractéristique strictement socialiste.

Cependant, c'est dans les années 30 que Marcel Mauss va rapprocher communisme et fascisme (strictement dans ce sens) dans ces écrits sur le Bolchévisme. Mais, « Il faudra toute fois attendre la fin de la guerre pour que Hannah Arendt précise et popularise cette parenté en condamnant conjointement hitlérisme et stalinisme dans ses différents travaux sur le système totalitaires qui auraient, à l'en croire, "banalisé le mal". Dans le climat de guerre froide qui régnait alors, cette assimilation entre les deux régimes rencontra un échos favorable dans de nombreux secteurs du monde occidental, et notamment dans les milieux russe, dont certains (ukrainien et géorgiens notamment) n'avaient pas répugné, durant l'occupation, à jouer contre Staline la carte nazie;...  » [6]

Dans la période de guerre froide et après le chute de l'URSS, différentes comparaisons entre stalinisme et nazisme ont été faites assimilant ainsi le communisme au nazisme (et non l'inverse). Ainsi, Ernst Nolte[7], Robert Conquest[8], Alain Besançon[9],[10] ou Stéphane Courtois[11] se sont penchés à partir d'analogies sur la question du communisme comme matrice du nazisme. L'historien François Furet répond à Ernst Nolte en apportant ses points de convergence et de divergence : cette correspondance est publiée en 1998 sous le titre Fascisme et communisme.

Sous la direction de l'historien Henry Rousso, comparaison est faite entre communisme et nazisme dans Stalinisme et nazisme : Histoire et mémoires comparées, aux éditions Complexe[12].

Le 14 novembre 1997, le philosophe, écrivain et journaliste Jean-François Revel qui a inventé la formule « La comparaison interdite : communisme et nazisme »[13], a déclaré dans le journal Le Figaro : « Être assassiné par Pol Pot est-il moins grave que d’être assassiné par Hitler ? Il n’y a pas lieu d’établir de distinction entre les victimes des totalitarismes "noir" ou "rouge". Le totalitarisme nazi n’a pas fait mystère de ses intentions : il entendait éliminer la démocratie, régner par la force et développer tout un système de persécutions raciales. On nous dit que les communistes avaient un idéal. Je suis presqu’enclin à trouver cela encore pire. Parce que cela signifie que l’on a délibérément trompé des millions d’hommes. Parce que l’on a ajouté ainsi aux crimes le mensonge le plus abject »[14]. Et Revel résume sa pensée dans cette autre formule : « Le communisme, c'est le nazisme, le mensonge en plus ».

Ouvrages

Le Livre noir du communisme

Article principal : Le Livre noir du communisme.

Dans son chapitre introductif Stéphane Courtois, qui a été maoïste dans sa jeunesse, rapproche les systèmes répressifs des nazis et des communistes, mais récuse l'assimilation des deux idéologies.

Stéphane Courtois pose la comparaison entre nazisme et communisme comme une question à traiter par les historiens. Il compare ainsi l'organisation des deux mouvements, ainsi que le nombre de victimes attribuées au communisme aux morts causés par le nazisme. Il établit un parallèle entre « génocide de race » nazi et ce qu'il nomme, à la suite d'Ernst Nolte, le « génocide de classe[15] ». Le communisme étant, pour ses partisans, une idéologie égalitaire et humaniste, à la différence du nazisme, plusieurs historiens - à commencer par certains auteurs de l'ouvrage - ont affirmé leur désaccord avec Courtois. Nicolas Werth, notamment, dit que « plus on compare le communisme et le nazisme, plus les différences sautent aux yeux[16] ».

Selon Annette Wieviorka, directrice de recherche au CNRS, « Stéphane Courtois dresse une comparaison de la prise de conscience du génocide juif et de celle du communisme qui n'est qu'un tissu de contrevérités ou d'approximations », soulignant notamment que la Shoah n'est devenue un objet privilégié de la recherche historique que dans les années 1970 et ne s'est imposée dans la mémoire collective que dans les années 1980. Elle cite aussi François Furet (qui aurait dû rédiger la préface s'il n'était pas décédé prématurément) : le génocide des Juifs a « l'affreuse particularité d'être une fin en soi[17] ».

Certains, malgré les démentis répétés du principal intéressé, ont vu dans cette comparaison une assimilation pure et simple, et à ce titre ont jugé bon de la dénoncer. Ainsi le journaliste Benoît Rayski accuse certains intellectuels, dont Stéphane Courtois, Alain Besançon, Ernst Nolte ou Jean-François Revel de vouloir décomplexer l'Occident à propos de la question du nazisme, afin de promouvoir leur propre anticommunisme[18].

Critiques

L'historien Nicolas Werth, un des principaux auteurs du Livre noir du communisme, estime pour sa part que comparer le communisme et le nazisme, c'est en découvrir les différences[19]. Pour l'historien Stanley Payne, qui recense une dizaine de similitudes fonctionnelles entre les régimes nazi et stalinien tout en soulignant qu'il ne cherche pas à démontrer que le communisme et le nazisme seraient essentiellement identiques, le système national-socialiste est le régime non-communiste qui, dans l'histoire, s'est le plus rapproché du régime communiste russe[20].

Le Passé d'une illusion

Article détaillé : Le Passé d'une illusion.

Dans Le Passé d'une illusion, François Furet écrit : « la bourgeoisie, sous ses différents noms, constitue pour Lénine et pour Hitler le bouc émissaire des malheurs du monde. Elle incarne le capitalisme, pour l'un fourrier de l'impérialisme et du fascisme, pour l'autre du communisme, pour l'un et l'autre origine de ce qu'ils détestent »[2]. Et il ajoute: « On n'en finirait pas de citer dans l'un et l'autre camp des textes dénonçant le régime parlementaire ou la mise en œuvre du pluralisme politique comme autant de tromperies bourgeoises »[3].

Il souligne également l'attrait du communisme et du fascisme auprès de certains intellectuels : « En mettant ensemble tous les auteurs européens célèbres qui ont été au XXe siècle, communistes ou procommunistes, fascistes ou profascistes, on obtiendrait un Gotha de la pensée, de la science et de la littérature »[21]. La comparaison est pour l'auteur, nécessaire: « ce qui rend inévitable une analyse comparée n'est pas seulement leur date de naissance et leur caractère à la fois simultané et météorique à l'échelle de l'histoire. C'est aussi leur dépendance mutuelle. Le fascisme est né comme une réaction anticommuniste. Le communisme a prolongé son bail grâce à l'antifascisme. La guerre les a mis aux prises, mais après les avoir associés »[3] ; cependant, il reconnaît que « la différence tient naturellement à ce que les deux discours n'ont pas la même ascendance intellectuelle »[22].

Fascisme et communisme

La pensée « infréquentable » d'Ernst Nolte

Dans Fascisme et communisme, l'universitaire allemand Ernst Nolte entreprend une réponse aux propos de François Furet dans Le Passé d'une illusion, qui le citait notamment aux pages 195 et 196. Au cours de cet échange, Furet, tout en avouant sa dette envers Nolte, refuse sa thèse centrale, qui est de considérer le fascisme italien et le national-socialisme (il parle de « fascisme radical » en Allemagne et de « fascisme normal » en Italie[L1 2]), comme des idéologies essentiellement antimarxistes visant à répondre au totalitarisme bolchevique dont ils seraient des copies, certes « plus horrible[s] que l’original »[23].

François Furet évoque d'abord le « dialogue » nécessaire dans la conception des idéologies communiste, nazie et fasciste, issues de la matrice de la Première Guerre mondiale : « La guerre de 1914 a pour l'histoire du XXe siècle le même caractère matriciel que la Révolution française pour le XIXe siècle. D'elle sont directement sortis les événements et les mouvements qui sont à l'origine des trois « tyrannies » dont parle en 1936 Élie Halévy. La chronologie le dit à sa manière, puisque Lénine prend le pouvoir en 1917, Mussolini en 1922, et que Hitler échoue en 1923 pour réussir dix ans plus tard. Elle laisse supposer une communauté d'époque entre les passions soulevées par ces régimes inédits qui ont fait de la mobilisation politique des anciens soldats le levier de la domination sans partage d'un seul parti ».

Mais François Furet ne s'arrête pas à ce qui pourrait constituer une simple références « de la version politico-logico-structurelle de Hannah Arendt et Carl Joachim Friedrich »[L1 3] ; il indique ainsi pourquoi « la pensée d'Ernst Nolte a fait l'objet, en Allemagne et en Occident, d'une condamnation si sommaire qu'elle mérite un commentaire particulier »[L1 4]. En effet, « Un de des mérites est d'avoir très tôt passé outre à l'interdiction de mettre en parallèle communisme et nazisme »[L1 4]. Selon François Furet, le fait que l'historien « devrait ignorer ce que l'avènement de Hitler doit à l'antériorité de la victoire bolchevique, et au contre-exemple de la violence pure érigée par Lénine en système de gouvernement ; enfin à l'obsession kominternienne d'étendre la révolution communiste à l'Allemagne […] empêche de faire l'histoire du fascisme »[L1 5]. « L'obsession du nazisme » a en effet été « dès l'origine, instrumentalisé par le mouvement communiste. [Elle] n'est jamais aussi visible et puissante qu'au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, quand l'Histoire, par la défaite de Hitler, semble donner un certificat de démocratie à Staline, comme si l'antifascisme, définition purement négative, suffisait à la liberté. De ce fait, l'obsession antifasciste a ajouté à son rôle nécessaire un effet néfaste : elle a rendu sinon impossible, du moins difficile, l'analyse des régimes communistes »[L1 6].

Points de raccord entre fascisme et communisme

Ernst Nolte se distingue d'Hannah Arendt, qui rapprochait les idéologies en vertu de structures communes (embrigadement des masses, de l'économie, instauration d'un parti unique, etc.) ; il insiste, comme le dit Alain Besançon en 1998 sur la « généalogies de régimes s'érigeant sur les imperfections de la démocratie moderne […]. La haine du bolchevisme amène Adolf Hitler au pouvoir. Et l'antifascisme, en voilant les crimes d'un Staline derechef identifié comme défenseur du monde libre, permet à ce dernier de pérenniser son régime - au prix d'une sanglante imposture »[24]. Ernst Nolte a ainsi avancé que « le système libéral , par ce qu'il offre de contradictoire et d'infiniment ouvert sur l'avenir, a constitué la matrice des deux grandes idéologies, communiste et fasciste »[L1 7] : le communisme s'y oppose en offrant une transcendance par un « universalisme démocratique » et le fascisme une protection « contre l'angoisse d'être libres et sans déterminations »[L1 7]. Les deux idéologies partagent en définitive la haine du monde bourgeois[L1 8]. C'est également face à un « déficit politique » de la démocratie contemporaine (qui passe notamment par une exclusion des masses au principe de décision, au profit de la bourgeoisie) que s'engage dans les idéologies communiste et fasciste une haine et une lutte contre le même ennemi : la démocratie bourgeoise[L1 9].

François Furet n'apporte pas ici une réelle définition de fascisme et continue : « sur le plan idéologique, l'extrémisme universaliste du bolchevisme provoque l'extrémisme du particulier dans le nazisme. Sur le plan pratique, l'extermination de la bourgeoisie accomplie par Lénine au nom de l'abstraction de la société sans classes crée une panique sociale au point de l'Europe le plus vulnérable à la menace communiste ; elle fait triompher Hitler et la contre-terreur nazie »[L1 10]. François Furet se distingue pourtant de son collègue, en voyant le fascisme et le communisme comme « deux figures potentielles de la démocratie moderne »[L1 11] alors que Nolte insistait sur le « caractère réactif »[L1 12] des deux idéologies. Pour François Furet, « l'extrême droite allemande, et même la droite toute entière, n'ont pas besoin du communisme pour détester la démocratie […] d'ailleurs, certains de ses plus proches affidés [à Hitler], comme Goebbels, ne font pas mystère de détester Paris et Londres plus que Moscou »[L1 13].

Ernst Nolte « a exprimé à plusieurs reprises son horreur de l'extermination des Juifs par les nazis, et même la singularité du génocide juif en tant que la liquidation industrielle d'une race »[L1 5], mais « il maintient l'idée que la suppression des bourgeois comme classe par les bolcheviks a montré la voie et que le Goulag est antérieur à Auschwitz »[L1 14]. Alors que François Furet parle d'un antisémitisme hitlérien ancien, qui annihilerait tout rapport de cause à effet entre les massacres entrepris par Lénine contre la bourgeoisie russe et l'extermination des Juifs par le IIIe Reich[L1 15], Ernst Nolte y voit un « nexus causal », un précédent qui permettrait aux choses de s'enchaîner[L1 16] (mais il ne s'agit pas pour lui de l'unique cause[L1 17]). Il trouve dès lors injustifiée « l'idée que ce serait faire l'apologie du nazisme que de le considérer comme étant d'abord une réaction contre le bolchevisme »[L1 1]. Il trouve ainsi la réaction national-socialiste légitime, dans le sens où il y eût aussi des réactions nationalistes ailleurs en Europe ; mais cette réaction devient illégitime au moment où le national-socialisme entame à légiférer sur la privation des droits puis le processus de spoliation et d'extermination des Juifs. Au sein de l'Historikerstreit, il se place néanmoins en défenseur de l'intentionnalisme[L1 18] et reconnaît la « nature propre d'Auschwitz comparé au Goulag »[L1 19]. Sa réflexion s'achève sur cette question : « ne devrait-on pas juger plus sévèrement un mouvement dont les intentions peuvent être qualifiées de « douces » et qui, en réalité, partout où il s'est imposé par la violence, a provoqué un nombre gigantesque de victimes, plus sévèrement donc qu'un parti dont les intentions d'emblée sont à qualifier de mauvaises ? »[L1 20], établissant ainsi une ultime comparaison entre l'idéologie communisme prétendument démocratique et ne nazisme, qui ne se cachait lui pas d'être anti-démocratique.

L'historien roumain du communisme Victor Frunză, ancien membre du P.C.R., apprécie que « nazisme et communisme ne sont pas comparables, parce que le premier, resté fidèle à ses racines idéologiques naturalistes, a séduit et entraîné d'abord son propre peuple dans un projet historique conformément auquel il a terrorisé et opprimé ses opposants et des peuples étrangers ou définis comme tels, tandis que le second, tournant le dos à ses racines idéologiques humanistes, a terrorisé et opprimé non seulement ses opposants mais d'abord son propre peuple : les prolétariats des pays où il a pris le pouvoir, alors qu'il a séduit et mobilisé intellectuels, syndicalistes, ouvriers et même prêtres chez des peuples étrangers »[25].

Autres sources de comparaisons

Dans la littérature et le cinéma

  • Dans le roman écrit en 1949 et intitulé La Vingt-cinquième Heure, l’écrivain roumain Virgil Gheorghiu raconte l’existence et les périples d’un simple paysan qui subit au quotidien, de 1938 à 1948, les conséquences des discriminations raciales de l'idéologie fasciste en Roumanie et Hongrie, puis nazie en Allemagne, et enfin celles, sociales et politiques, du totalitarisme communiste victorieux. Un film du même titre en a été tiré en 1966 par Henri Verneuil.
  • Dans le roman de Vassili Grossman, Vie et destin, l'auteur oppose nazis et communistes à partir des contenus différents de leurs idéologies, mais les rassemble quant à la servilité humaine qu'ils encouragent, notamment en mettant face à face un vieux bolchevique et un officier national-socialiste, qui déclare au premier : « Regardez-vous, nous nous ressemblons ; le monde, pour vous comme pour nous, n'est-il pas volonté ? ».
  • Le documentaire The Soviet Story, réalisé par le cinéaste letton Edvins Snore affirme explicitement, archives, citations et interviews d'historiens à l'appui, que le nazisme et le communisme stalinien puisent aux mêmes sources idéologiques, qu'ils se sont mutuellement influencés et qu'ils ont collaboré dès 1935, y compris sur le terrain de l'antisémitisme, Staline livrant aux nazis les juifs allemands réfugiés en URSS.
  • Le film intitulé Katyń, réalisé par le cinéaste polonais Andrzej Wajda et diffusé à partir du 17 septembre 2007, jour anniversaire de l'invasion de la Pologne par les soviétiques en 1939, raconte le Massacre de Katyń, crime de masse perpétré par les soviétiques et longtemps attribué par les communistes aux nazis allemands. En France, où la victoire gaulliste aux côtés, entre autres, des soviétiques en 1945, et la Résistance unie à partir de juin 1941, communistes inclus, font partie de l'identité nationale (depuis la Libération), Jean-Luc Douin critique Andrzej Wajda dans un article publié dans Le Monde du 1er avril 2009, pour « le renvoi dos à dos des nazis et des soviétiques comme prédateurs du territoire national » et « sur l'étrange confusion entre Katyń et le génocide des juifs ». Cette analyse suscite une vigoureuse prise de position de l'ancien dissident polonais, Adam Michnik, publiée dans le Le Monde du 15 avril 2009, dans laquelle il se déclare consterné par la « troublante ignorance » du quotidien français : « À l'époque, la Pologne fut morcelée par deux puissances totalitaires liées par le pacte germano-soviétique. La terreur dans les deux parties occupées du pays fut comparable ; la brutalité et la cruauté avec lesquelles les deux occupants emprisonnaient et assassinaient les Polonais étaient les mêmes. [...] En Europe occidentale, [...] le dogme idéologique interdisait de mettre côte à côte les crimes d'Hitler et ceux de Staline. La critique du Monde est donc prisonnière de ce dogme, alors que Wajda le défie. Le metteur en scène polonais brise le mur du silence. [...] Ce fut un sujet tabou pour la gauche française. Pendant de longues années, elle garda le silence autour de l'invasion de la Pologne par l'Armée rouge, des crimes des Soviétiques, de même que sur Katyń. Jusqu'à aujourd'hui, ce tragique événement historique est un cadavre dans le placard de la gauche française, si longtemps indulgente à l'égard du Grand Linguiste, Joseph Staline[26]. »

Dans l'Église catholique

Au sein de deux encycliques quasiment simultanées, Mit brennender Sorge publiée le 10 mars 1937 et Divini Redemptoris publiée le 19 mars 1937, le Pape Pie XI établit un parallèle entre les deux idéologies, souligne les analogies qui existent entre elles et condamne dans la première la doctrine nazie comme « fondamentalement antichrétienne » et dans la seconde le communisme comme « intrinsèquement pervers »[27]. Le pape Jean-Paul II compare avortement, nazisme et communisme dans un livre de souvenirs où il met en garde contre les "idéologies du mal"[28],[29].

Critiques de la comparaison nazisme-communisme

Notes et références

Fascisme et communisme

  1. a et b p. 55.
  2. p. 80-81.
  3. p. 30.
  4. a et b p. 15.
  5. a et b p. 18.
  6. p. 37.
  7. a et b p. 16.
  8. p. 40.
  9. p. 63-64.
  10. p. 17.
  11. p. 41.
  12. p.41.
  13. p. 42.
  14. p. 19.
  15. p. 69-70.
  16. p. 53.
  17. p. 79.
  18. p. 78.
  19. p. 115.
  20. p. 116.

Autres

  1. François Furet, Le Passé d'une illusion, éditions Librairie Générale Française, 1996, p. 16
  2. a et b François Furet, Le Passé d'une illusion, éditions Librairie Générale Française, 1996, p. 19
  3. a, b et c François Furet, Le Passé d'une illusion, éditions Librairie Générale Française, 1996, p. 46
  4. Alain Besançon: « Le malheur du siècle : sur le communisme, le nazisme et l’unicité de la Shoah, Fayard, Paris, 1998, 165 p. »
  5. Kevin D Williamson, The Politically Incorrect Guide to Socialism, ed. Regnery Publishing, coll. Politically Incorrect Guides, 304p., 2011
  6. François-Xavier Coquin, 2011, p.411
  7. Ernst Nolte, La Guerre civile européenne (1917-1945) : national-socialisme et bolchevisme, Paris, Édition des Syrtes, 2000
  8. Robert Conquest, Staline, 1993, 350 pages sur sur Google Books
  9. Alain Besançon, Le malheur du siècle, communisme - nazisme - shoah, Fayard, 1998 sur du livre sur Google Books
  10. [http://www.canalacademie.com/ida378-Le-malheur-du-siecle-Communisme-Nazisme-Shoah.html « Le malheur du siècle : Communisme - Nazisme - Shoah d’Alain Besançon »], Canal académie
  11. Stéphane Courtois, Le livre noir du communisme sur livre noir du communisme sur Google Books
  12. « Stalinisme et nazisme. Histoire et mémoire comparées. », Persée.
  13. Jean-François Revel: La comparaison interdite : communisme et nazisme sur Article de Jean-François Revel dans Le Figaro Magazine du 12 février 2000, sur Communisme/Nazisme et Revel dans mediapart.fr et sur La grande parade : Livre de Jean-François Revel
  14. Page 108 de La grande parade - Essai sur la survie de l'utopie socialiste, Jean-François REVEL, 2000, Plon - ISBN 2259190561
  15. Fascisme & Totalitarisme, p. 14.
  16. Le Monde, 21 septembre 2000.
  17. Annette Wieviorka, Le Monde du 27 novembre 1997
  18. Benoît Rayski, L'enfant juif et l'enfant ukrainien. Réflexions sur un blasphème]. Voir également le compte rendu de Dominique Vidal, « L’enfant juif et l’enfant ukrainien. Réflexions sur un blasphème », Le Monde Diplomatique, février 2002
  19. Nicolas Werth a déclaré dans Le Monde du 21 septembre 2000 : « Plus on compare le communisme et le nazisme, plus les différences sautent aux yeux. » sur Extraits.
  20. (en) Stanley G. Payne, Fascism: Comparison and Definition, University of Wisconsin Press, 1983, (ISBN 9780299080648), p. 104.
  21. François Furet, Le Passé d'une illusion, éditions Librairie Générale Française, 1996, pp. 17 et 18
  22. François Furet, Le Passé d'une illusion, éditions Librairie Générale Française, 1996, p. 47
  23. « Légende historique ou révisionnisme. Comment voit-on le IIIe reich en 1980 », article traduit dans Fascisme et totalitarisme, Robert Laffont, coll. « Bouquins », p. 858.
  24. Libération, 8 octobre 1998, page X.
  25. Victor Frunză, Histoire du communisme en Roumanie, éditions EVF, Bucarest, 1999, 588 pp., ISBN: 973-9120-05-9, p. 6.
  26. «Katyn» ou le film du massacre des Polonais par les Soviétiques par Adam Michnik dans Le Monde
  27. Pie XI, nazisme et communisme. Deux encycliques de mars 1937
  28. Mémoire et identité, Jean Paul II. Flammarion (ISBN 2082105024)
  29. « Jean-Paul II compare avortement, nazisme et communisme », Le Monde, 23 février 2005.

Annexe

Bibliographie

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Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

  • François Furet, Le Passé d'une Illusion, Plon, 1995 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article 
  • François Furet et Ernst Nolte, Fascisme et communisme, Plon, 1998 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article 
  • Sous la direction de Henry Rousso, 1999 : Stalinisme et nazisme : Histoire et mémoires comparées, IHTP, Complexe, coll. « Histoire du temps présent », Bruxelles, 387 p. (ISBN 2-87027-752-0)
    • 2001 : trad. italienne : Stalinismo e nazismo: Storia e memoria comparate, trad. de Silvia Vacca, Bollati Boringhieri, Turin, 354 p. (ISBN 88-339-1334-1)
    • 2004 : trad. anglaise : Stalinism and Nazism: History and Memory Compared, trad. de Lucy B. Golsan, Thomas C. Hilde et Peter S. Rogers, préf. de Richard Golsan, University of Nebraska Press, Lincoln, 324 p. (ISBN 0-8032-3945-9, 0-8032-9000-4 et 0-8032-0417-5)
  • Jean-François Revel, La grande parade - Essai sur la survie de l'utopie socialiste, 2000, Plon - ISBN 2259190561
  • François-Xavier Coquin, Réflexion sur l'assimilation du stalinisme à l'hitlérisme, revue Europe n°921-922, pp.283-307, 2006, in François-Xavier Coquin, Combats pour l'histoire Russe, Éditions L'Âge d'Homme, pp.411-437, 2011.


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