- Bois Protat
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Le bois Protat est le nom donné à un fragment de bois, gravé sur ses deux faces, qui est considéré comme le plus ancien bois gravé du monde occidental : il est daté de 1370-1380. Son nom vient de l'imprimeur mâconnais Jules Protat, qui en fit l'acquisition au XIXe siècle, après sa découverte à la fin de 1899 près de l'abbaye de La Ferté (La Ferté-sur-Grosne (Saône-et-Loire). Il est conservé au département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France.
Sommaire
Description
Il s'agit d'un morceau de bois d'environ 60 x 20 cm, en noyer, qui comporte sur une face un fragment d'une Crucifixion. On voit une partie de la croix avec le bras gauche du Christ, et le centurion parlant : un phylactère partant de sa bouche comporte un texte en latin, Vere filius Dei erat iste (« Celui-ci était vraiment le fils de Dieu »). Derrière lui se trouvent deux soldats. Les costumes et les armes sont ceux du XIVe siècle. Par ailleurs, l'écriture utilisée, de type oncial, a également permis une datation de l’œuvre, car ce bois gravé est ainsi antérieur à l'apparition des caractères gothiques (fin du XIVe siècle).
Sur l'autre face figure un ange, probablement celui d'une Annonciation.
De par ses dimensions et le fait qu'il ne s'agisse que d'un fragment (un quart ou un tiers de l'œuvre), l'ensemble de la scène représente une surface largement supérieure aux formats de papier qu'on pouvait fabriquer à l'époque. On pense donc que ce bois servait à imprimer un tissu de soie servant de bannière ou de parement d'autel. La xylographie était d'abord un procédé d'impression sur tissus avant de servir à l'impression sur papier, qui se développera massivement avec l'invention de l'imprimerie. De ce fait, l'imagerie populaire s'est pour beaucoup développée à partir de centres textiles, comme Rouen. De son côté le bois Protat est au centre, sinon à l'origine, d'une abondante production xylographique en Bourgogne. Le musée de Châtillon-sur-Seine[1] en possède de nombreux témoignages.
Histoire
La planche servait à caler un escalier à Laives, dans une dépendance de l'abbaye de La Ferté, détruite sous la Révolution. Découvert et acheté par Jules Protat (1852-1906), imprimeur et collectionneur, le désormais nommé bois Protat fut confié à Henri Bouchot, conservateur du Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale, qui l'estima aux environs de 1370. Jules Protat encra une seule fois la planche pour en tirer de rares exemplaires (on ignore le tirage). Le bois Protat resta dans la famille, puis fut offert en dation au département des Estampes de la Bibliothèque nationale de France, qui le conserve aujourd'hui.
Notes et références
Bibliographie
- Henri Bouchot, Un ancêtre de la gravure sur bois. Étude sur un xylographe taillé en Bourgogne vers 1370. Paris, Émile Lévy, 1902.
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