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Paul Léautaud
Paul Léautaud est un écrivain français, né à Paris le 18 janvier 1872, qui a vécu à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), et s'est éteint le 22 février 1956 à l'âge de 84 ans. Ses dernières paroles, avant de mourir, auraient été: « Maintenant, foutez-moi la paix ».
Sommaire
Biographie
Il naît d'un père comédien puis souffleur vingt-trois années à la Comédie-Française. Cinq jours après l'accouchement, il est abandonné par sa mère, une des « compagnes temporaires » du géniteur. Élevé par un père indifférent, le petit Paul acquiert très tôt le sens de l'indépendance et possède une clef du domicile à l'âge de dix ans (Paul Léautaud, Amours, Mercure de France, 1965).
Dans son adolescence, il se lie d'amitié avec Adolphe Van Bever et partage avec lui une vie d'employé pauvre. Leur passion commune de la poésie les conduira à publier en 1900 l'anthologie Poètes d'aujourd'hui.
À vingt ans, il découvre Henry Beyle alias Stendhal. Cette rencontre littéraire demeurera comme une étape essentielle dans sa constitution d'écrivain. Il débute cette même année son Journal littéraire qu'il tiendra soixante-trois ans, témoignage essentiel sur l'homme qu'il était et panorama monumental et hautement subjectif sur la première moitié du vingtième siècle et le microcosme littéraire d'alors, principalement vu de son bureau d'employé sous payé au Mercure de France.
Misanthrope à la trogne voltairienne, d'une efficacité incisive dans son écriture, il fait le choix d'une existence retranchée, bien que toujours en contact avec les gens essentiels du microcosme littéraire : il suscite l'admiration d'Octave Mirbeau et de Lucien Descaves, qui l'auraient volontiers soutenu pour le prix Goncourt, et il compte parmi ses amis Marcel Schwob, Remy de Gourmont, Alfred Vallette, Guillaume Apollinaire, Paul Valéry et André Gide.
Sous le pseudonyme de Maurice Boissard[1], Léautaud devient en 1907 critique dramatique au Mercure de France, puis à la Nouvelle Revue française et aux Nouvelles littéraires. « Tranchant sur l'ordinaire » (expression de son cru) il confirme son attitude face au monde et les axes premiers de sa nature et de sa pensée. L'auteur du Petit ami concilie un retranchement forcené dans sa demeure de Fontenay-aux-Roses (à partir de 1911) entouré de dizaines de chiens et de chats, et une fréquentation du monde culturel, toujours empreinte d'une distance cynique.
Pour assumer son minimum vital, il travaille trente-trois ans comme secrétaire général du Mercure de France. La popularité ne viendra que sur le tard, en 1950, grâce aux interviews radiophoniques de Robert Mallet. À quatre-vingts ans sa verve et ses indignations, portées par une voix aux timbres singuliers, sont plus puissantes que jamais. Il s'éteint dans son sommeil à la Vallée-aux-Loups, dans la Maison de Santé du Docteur Henry Le Savoureux sise sur l'ancien domaine de Chateaubriand, où il logeait depuis un mois.
Léautaud est un aristocrate par l'esprit, dans sa certitude de lui-même, par une pratique tous azimuts d'une lucidité souvent caustique, par une fidélité sans faille à sa manière d'être et de penser. Alfred Vallette, directeur du Mercure, l'un des hommes à l'avoir le plus côtoyé, lui déclare en 1924, « Au fond vous êtes un aristocrate. Tous vos faits et gestes, vos façons d'agir, le prouvent. » Son parti-pris de la subjectivité en toute chose se concilie sans peine avec une efficacité reconnue de la plume et du verbe. Il est un parangon de l'aristocratisme en solitaire, sans quête du pouvoir, misanthrope attentif de ses contemporains, écrivain par plaisir.
Ses positions politiques étaient réactionnaires. Son respect de l'ordre établi, son horreur du désordre et de la nouveauté, son dégoût du peuple, son mépris pour le patriotisme, la violence, la guerre, l'esprit de sacrifice et l'esprit grégaire le conduisirent toujours à adopter les opinions qui lui semblaient le mieux garantir sa tranquillité. Dans son journal d'après-guerre, il regrette l'Occupation allemande et se montre antisémite (alors qu'il raillait dans sa jeunesse les antisémites et les antidreyfusards), il vitupère contre les ouvriers, jugés fainéants, les allocations familiales (car il déteste les enfants), les syndicats et les partis, surtout de gauche. La politique n'était pas son fort : il n'a milité dans aucune faction, n'a jamais voté, et s'il a entretenu de bonnes relations avec des personnages aux idées totalement opposées aux siennes (comme Jean Paulhan ou Julien Benda), c'est que ceux-ci ne prenaient pas ses opinions au sérieux.
Œuvres
- 1900 : Poètes d'aujourd'hui, morceaux choisis accompagnés de notices biographique et d'un essai de bibliographie, avec Adolphe Van Bever
- 1903 : Le Petit ami
- 1926 : Le Théâtre de Maurice Boissard : 1907-1923
- 1928 : Passe-Temps
- 1942 : Notes retrouvées (Imprimerie de Jacques Haumont, Paris) : « Lundi 25 Août 1941. En triant de vieux papiers, je retrouve une série de notes que j'avais bien oubliées. Je ne sais plus si je les ai utilisées, ni si elles se trouvent à leur place dans mon "Journal". Je les regroupe ici par ordre de dates (de 1927 à 1934). »
- 1943 : Le Théâtre de Maurice Boissard - 1907-1923 - avec un supplément
- 1951 : Entretiens avec Robert Mallet
- 1954 à 1966 : Journal littéraire 19 volumes
- 1956 : In Memoriam (traduit en allemand et postfacé par Ernst Jünger en 1978[2])
- 1956 : Lettres à ma mère
- 1958 : Amours
- 1958 : Le Théâtre de Maurice Boissard : 1915-1941 (tome 2)
- 1959 : Bestiaire
- 1963 : Poésies
- 1964 : Le Petit ouvrage inachevé
- 2001 : Correspondance de Paul Léautaud. Tome 1, 1878-1928 recueillie par Marie Dormoy
- 2001 : Correspondance de Paul Léautaud. Tome 2, 1929-1956 recueillie par Marie Dormoy
- 2004 : Chronique poétique, Éditions Sigalla
Orientations bibliographiques
- Loïc Decrauze, L'Aristocratie libertaire chez Léautaud et Micberth, Lorisse, 1996.
- Philippe Delerm, Maintenant, foutez-moi la paix !, Mercure de France, 2006.
- Raymond Mahieu, Paul Léautaud - La recherche de l'identité (1872-1914), Lettres modernes Minard, 1974.
- Pierre Perret, Adieu, Monsieur Léautaud, JCLattès, 1986.
- François Richard, L’anarchisme de droite dans la littérature contemporaine. Puf.
- François Richard, Les anarchistes de droite. Que sais-je ? Puf.
- Martine Sagaert, "Paul Léautaud", Castor Astral, Millésimes, 2006.
- Edith Silve, Paul Léautaud et le Mercure de France, Mercure de France, 1985.
Citations
« Dans le mariage, on fait l'amour par besoin, par devoir. Dans l'amour, on fait l'amour par amour.
La vie de couple
Aimer, c'est préférer un autre à soi-même. »Notes et références
- ↑ Ernest Raynaud, Jean Moréas et les Stances, avec un index de tous les noms cités, 1929, lire en ligne.
- ↑ Alain de Benoist, Ernst Jünger une Bio-bibliographie, Guy Trédaniel éditeur, 1997, p. 122.
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