La Societe du spectacle (livre)

La Societe du spectacle (livre)

La Société du spectacle (livre)

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La Société du Spectacle est un essai de Guy Debord publié en 1967. Il est composé de 221 paragraphes divisés en 9 chapitres.

La phrase d'ouverture est un détournement[1] de la phrase d'ouverture du Capital de Karl Marx :

« La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s'annonce comme une "immense accumulation de marchandises". » (première phrase de Marx)
« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. » (première phrase de La Société du Spectacle)

Le livre est agencé comme un essai politique utilisant la forme de la thèse, et non comme un ouvrage de philosophie, dont il dit qu'elle doit trouver sa réalisation et non plus sa discussion, pour reprendre le mot de Marx. En cela il expose son sujet de manière affirmative plutôt que discursive, il ne cherche pas à démontrer, ou même à convaincre, mais à montrer.

Dans cet essai, Debord s'inspire largement du style hégélien. Si Debord prolonge la critique marxienne du fétichisme de la marchandise développée dans le Capital (1867), prolongement de la théorie de l'aliénation exposée par Marx dans ses Manuscrits de 1844, l'originalité de sa réflexion consiste à décrire dans sa thèse l'avance contemporaine du capitalisme sur la vie de tous les jours, c'est-à-dire dans son emprise sur le monde à travers la marchandise.

Sommaire

La thèse de l'auteur

La Société du spectacle est essentiellement une critique radicale de la marchandise et de sa domination sur la vie, que l'auteur voit dans la forme particulière de l'« aliénation » de la société de consommation. Le concept de spectacle se réfère à un mode de reproduction de la société basé sur la reproduction des marchandises, toujours plus nombreuses et toujours plus semblables dans leur variété. Debord prône une mise en acte de la conscience qu'on a de sa propre vie, envers d'une illusoire pseudo-vie que nous impose la société capitaliste, particulièrement depuis l'après-guerre.

Il soutient, dans le premier chapitre essentiellement, que la direction immanente du spectacle en est aussi le but et qu'ainsi, au fur et à mesure de son application, elle se justifie elle-même de façon exponentielle.

Selon Debord, le spectacle est le stade achevé du capitalisme, il est un pendant concret de l'organisation de la marchandise. Le spectacle est une idéologie économique, en ce sens que la société contemporaine légitime l’universalité d’une vision unique de la vie, en l’imposant aux sens et à la conscience de tous, via une sphère de manifestations audio-visuelles, bureaucratiques, politiques et économiques solidaires. Ceci, afin de maintenir la reproduction du pouvoir et de l’aliénation : la perte du vivant de la vie.

Aussi le concept prend plusieurs significations. Le « spectacle » est à la fois l'appareil de propagande de l'emprise du capital sur les vies, aussi bien qu'un « rapport social entre des personnes médiatisé par des images ».

En 1988, Guy Debord publia Commentaires sur la société du spectacle où il analysait les derniers développements de la société contemporaine. Il y notait l'apparition d'une nouvelle forme de domination spectaculaire : le spectaculaire intégré qui est le mélange du spectaculaire diffus (démocraties occidentales) et du spectaculaire concentré (stalinisme, fascisme et nazisme).

Réactions diverses

  • Le philosophe Giorgio Agamben en 1990 : « L’aspect sans doute le plus inquiétant des livres de Debord tient à l’acharnement avec lequel l’histoire semble s’être appliquée à confirmer ses analyses. Non seulement, vingt ans après La Société du spectacle, les Commentaires sur la société du spectacle (1988) ont pu enregistrer dans tous les domaines l’exactitude des diagnostics et des prévisions, mais entre-temps, le cours des événements s’est accéléré partout si uniformément dans la même direction, qu’à deux ans à peine de la sortie du livre, il semble que la politique mondiale ne soit plus aujourd’hui qu’une mise en scène parodique du scénario que celui-ci contenait. L’unification substantielle du spectacle concentré (les démocraties populaires de l’Est) et du spectacle diffus (les démocraties occidentales) dans le spectacle intégré, qui constitue une des thèses centrales des Commentaires, que bon nombre ont trouvé à l’époque paradoxale, s’avère à présent d’une évidence triviale. Les murs inébranlables et les fers qui divisent les deux mondes furent brisés en quelques jours. Afin que le spectacle intégré puisse se réaliser pleinement également dans leur pays, les gouvernements de l’Est ont abandonné le parti léniniste, tout comme ceux de l’Ouest avaient renoncé depuis longtemps à l’équilibre des pouvoirs et à la liberté réelle de pensée et de communication, au nom de la machine électorale majoritaire et du contrôle médiatique de l’opinion (qui s’étaient tous deux développés dans les États totalitaires modernes). » [2]
  • Jacques Ellul, dans les notes de ses cours publiées sous le nom La pensée marxiste, rappelle que l'affirmation de la vie ressentie comme ramenée à un simple spectacle par le prolétariat se trouve bien chez Marx, et que Debord n'en est pas l'initiateur.

Éditions

  • La Société du spectacle, éditions Buchet-Chastel, Paris, 1967.
  • La Société du spectacle, éditions Champ Libre, Paris, 1971.
  • La Société du spectacle, éditions Gallimard, Paris, 1992.
  • La Société du spectacle, folio Gallimard, Paris, 1996.

Notes et références

  1. Pour d'autres détournements et citations voir dans les liens externes : citations et détournements de La société du spectacle
  2. http://juralibertaire.over-blog.com/article-20137929.html Postface de Giorgio Agamben à l'édition italienne en un volume de La Société du spectacle et des Commentaires sur la société du spectacle

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