- La Petite Fille de Monsieur Linh
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La Petite Fille de Monsieur Linh est un court roman de l'écrivain français Philippe Claudel, publié en 2005.
Sommaire
Résumé
Parti de son pays natal ravagé par la guerre (probablement le Vietnam), M. Linh refait sa vie dans un nouveau pays (la France) où il rencontre M. Bark, un gentil vétéran de guerre. Il quitte son pays avec sa petite fille, nommée Sang Diû, ce qui dans la langue du pays natal veut dire "Matin doux". En rencontrant M. Bark, il a changé sa vie, même si les deux vieillards n'ont pas la même communication.
Personnages
Le roman (même si l'histoire est peu fournie en éléments et que les personnages sont peu nombreux et rapidement détaillés), met en scène trois personnages :
- élément A : Monsieur Linh, petit vieillard, immigrant venu d'Asie, et sa petite fille Sang Diû, qu'il adore et choie du mieux qu'il peut ; les deux forment une sorte de couple en antithèse, la petite fille, la jeunesse, la vie, et le vieillard, la mort. Les deux ont en commun leur fragilité.
- élément B : Monsieur Bark, homme presque banal, ayant perdu sa femme ; c'est la seule vraie personne avec laquelle Monsieur Linh entretiendra une relation, au-delà des mots bien sûr, car les deux hommes ne se comprennent pas, une relation de gestes, de tons, une relation dans la tristesse, mais aussi dans l'espoir.
Problématiques
La petite fille de Monsieur Linh est un roman sur l'exil. Monsieur Linh a dû fuir son pays, chassé par la guerre, son fils et sa belle-fille sont morts là-bas. C'est alors l'arrivée dans un pays nouveau, mais seul, perdu. Avec pour lui la mémoire, et un certain devoir aussi, pour ne pas oublier ; avec sa souffrance, ses morts... Tout cela nous est raconté avec une grande pudeur (on ne nous force pas dans nos sentiments) ; la narration est simultanée (au présent), ce qui nous rend proche du personnage : on vit avec lui, on avance avec lui, et comme lui, on ne sait pas où on va (puisque le récit n'est pas rétrospectif). Mais le narrateur est externe au récit, et alors nous ne sommes plus que lecteur, impuissant, incapable d'agir pour aider ce petit homme.
Au milieu de cela, de cette ambiance tout de même violente, on peut toutefois se raccrocher à quelque chose. Et c'est d'ailleurs le sujet même de ce roman, c'est le besoin que l'Homme a de se tenir à quelque chose, à un repère. Le besoin d'amour aussi, car les repères ne suffisent pas, et c'est en quelque sorte l'amour de Monsieur Linh pour Bark qui le sauve, qui lui permet de revivre.
C'est donc un livre engagé, et qui laisse réfléchir quant à l'accueil des immigrés : que leur offrons-nous ? Qu'est-il vital de leur offrir ?
Chute
Attention, ce passage révèle des moments clés de l'intrigue
À la fin du roman (dernière page dans la plupart des éditions), le lecteur découvre, au travers des yeux de Monsieur Bark, que la petite fille de Monsieur Linh n'est qu'une poupée. Ce qui permet de comprendre différentes choses sur le déroulement de l'histoire et sur certains détails :
- Il s'est retrouvé dans un asile, alors qu'on pouvait croire qu'il s'agissait d'une maison de retraite (c'est également pour cela que Monsieur Linh, lorsqu'il voulait aller voir Monsieur Bark, a été "emprisonné" et anesthésié pour être ensuite renvoyé à sa chambre).
- Les gens le regardent bizarrement dans le restaurant, ou dans la rue, le dimanche, lorsqu'un passant lui donne une pièce de monnaie.
- Sa petite fille est toujours calme, ne pleure jamais, et ne peut être nourrie, la nourriture coulant à chaque fois sur le côté de sa bouche.
- Les femmes du dortoir demandent à Monsieur Linh de laisser jouer les enfants avec Sang Diû, et ont tendance à se moquer de lui, à le voir comme un fou. Ils le trouvent étrange lorsque le vieil homme panique quand Sang Diû manque à l'appel
La confusion entre l'enfant et la poupée apparait dès le début du roman, lorsque du passage où Monsieur Linh retrouve Sang diû dans la rizière, à quelques distances des corps de ses parents. Mais le lecteur ne le perçoit pas car il voit l'histoire à travers les yeux de Monsieur Linh, qui se persuade alors, dans la confusion de la guerre, que la petite fille a survécu.
Monsieur Linh croit que sa petite fille est vivante, alors qu'en réalité, c'est la poupée qui est vivante. Il croyait que la poupée avait eu la tête arrachée par une bombe, alors que c'était en réalité la petite fille qui était morte.
Articles de presse
Ces extraits figurent sur le quatrième de couverture de l'édition Le Livre de poche de La Petite Fille de Monsieur Linh :
« L'abandon, la mémoire, le regard sur l'autre habitent [...] ce troublant roman. Des thèmes que Philippe Claudel explore ici avec une intensité poignante. »
— Delphine Peras, Lire
« Un récit aussi bref que brûlant dont les braises ne s'éteignent pas le livre refermé. »
— Philippe Jean Catinchi, Le Monde des livres
Catégories :- Roman français
- Roman paru en 2005
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