- Joseph Süß Oppenheimer
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Joseph Süss Oppenheimer
Pour les articles homonymes, voir Le Juif Süss.Né en 1692 et mort supplicié en 1733, Joseph Süss Oppenheimer connut une ascension sociale éclatante grâce à la protection du duc du Wurtemberg, Charles-Alexandre. Son personnage a fait l'objet de nombreux romans et de deux adaptations cinématographiques sous le nom du Juif Süss.
Sommaire
Biographie
Joseph Süss Oppenheimer est né en 1692. Pour certains historiens, c'est le fils du négociant Süsskind-Oppenheimer, pour d'autres il est l'enfant naturel d'une relation adultérine entre le baron Georges de Heydersdorf et Michaela, fille du rabbin de Francfort, elle-même mariée au chantre Isaac Süss Oppenheimer[1]. Il devient lui-même collecteur d’impôts du Palatinat. Il est le cousin de Samuel Oppenheimer, rappelé en 1673 par l’Empereur Léopold pour sauver l’Empire de l’invasion turque, seulement trois ans après le décret d’expulsion des Juifs de Vienne. Samuel Oppenheimer avait fondé une dynastie des « Juifs de cour » qui modernisèrent l’appareil financier de l’économie autrichienne et allemande. Le jeune Joseph montre peu d'empressement pour les études mais révèle un indéniable talent pour les affaires. Il travaille pour des maisons de commerce juives à Francfort, Amsterdam et Vienne. Il scandalise parfois la communauté juive par ses violations des lois religieuses. Il fournit du papier timbré pour le Palatinat et fabrique des pièces de monnaies pour Darmstadt. il devient conseiller de Charles-Alexandre, l'électeur du Palatinat.
Quand celui-ci devient duc du Wurtemberg, il lui confie, en 1733, la fonction de conseiller pour les finances. Süss, brillant financier se fait connaître dans toute l’Allemagne comme un affairiste d’exception. Il instaure le monopole ducal sur le commerce du sel, du cuir, de la fabrication des cartes à jouer, du tabac et des liqueurs. Cette politique permet au duc d'augmenter considérablement ses finances et augmente la confiance que ce dernier a en lui. Oppenheimer fonde une banque et une fabrique de porcelaine et s'enrichit énormément. Oppenheimer obtient aussi pour les Juifs des contrats de fournisseurs pour l'armée du Wurtemberg. Son succès et son influence lui valent un bon nombre d'inimitiés. Ses ennemis l'accusent d'avoir des intérêts dans les maisons de jeux du duché. Les rumeurs malveillantes et les accusations qui courent sur lui n'empêchent pas le duc d'en faire son conseiller privé pour les finances en 1736. Sur le plan politique, il prépare avec le duc devenu catholique, une conspiration contre le Parlement, destinée à convertir les habitants protestants du duché au catholicisme et à abolir les privilèges du parlement. Arrêté juste après la mort subite de son souverain en mars 1737, Joseph Süss Oppenheimer est condamné le 13 décembre à mort pour « haute trahison, vol, usurpations, escroquerie, violation des lois ». Il est pendu devant 12 000 personnes sur le plus haut échafaud d’Allemagne, dans une cage de fer, le 7 février 1734, plus pour des raisons plus antisémites que politiques. Ses complices chrétiens n'ont jamais été inquiétés. Ses derniers mots ont été Shema Israel.
Importance de Joseph Süss Oppenheimer
Le Juif Süss représente la figure emblématique de la dizaine de « juifs de cour » qui, au XVIIIe siècle, ont accédé au sommet des petits états allemands. De 1737 à 1739, les pamphlets contre le juif Süss sont nombreux. Puis Wilhelm Hauff lui consacre une nouvelle en 1827. L’auteur a une vision protestante des événements et fait un portrait peu sympathique de Joseph Süss Oppenheimer, présenté comme un étranger aux mœurs dissolues. Le juif Süss fait ensuite l'objet de nombreux romans de la communauté juive visant à le réhabiliter. Parmi les plus notables, il faut citer le roman du rabbin Markus Lehmann en 1872 ou celui de l'écrivain Salomon Kohn en 1886. En 1874, l'historien Manfred Zimmermann lui consacre un thèse et s'efforce de donner une image impartiale de Joseph Süss Oppenheimer[2]. Lion Feuchtwanger, écrivain allemand d'origine juive, s'intéresse au personnage de Süss, connu déjà d'un grand nombre d'Allemands. Il écrit d'abord un drame en trois actes joué à Munich à partir d'octobre 1917. Le Juif Süss fait ensuite l'objet d'un roman historique publié en 1925. Le roman de Lion Feuchtwanger fait ensuite l'objet de deux adaptations théâtrales, une par Ashley Dukes en 1929 qui obtient un grand succès à Londres et une autre de Paul Kornfeld en 1930 où Süss apparaît sous un jour favorable. Selma Stern, historienne allemande du judaïsme, publie une biographie de Joseph Süss Oppenheimer. A l'avénement du nazisme, elle est brûlée dans les autodafés de 1933[3].
Le cinéma finit par s'intéresser lui aussi au personnage de Joseph Süss Oppenheimer. En 1934, le livre de Lion Feuchtwanger fait l'objet au Royaume-Uni d'une première adaptation cinématographique par Lothar Mendes. On y trouve une évocation de l'antisémitisme de l'Allemagne hitlérienne et une vibrante défense des Juifs. Mais, pour le monde actuel, Le Juif Süss est lié au film antisémite de Veit Harlan, tourné dans le Studios de Babelsberg et sorti en 1940. La charge violente du film, un grand succès du cinéma nazi, lui a valu d'être interdit pendant de nombreuses années à la Libération et a lié définitivement le personnage à l'antisémitisme.
Voir aussi
Références
- ↑ SUESS OPPENHEIM, consulté le 16 août 2008
- ↑ Lionel Richard, Nazisme et barbarie, 2006, Éditions Complexe, p 106
- ↑ Patrick Boucheron, "L'Avocat des Juifs. Les tribulations de Yossel de Rosheim dans l'Europe de Charles Quint", de Selma Stern : Yossel de Rosheim, "commandeur" des juifs du Saint Empire, Le Monde, 3 octobre 2008
Bibliographie
- Lionel Richard, Nazisme et barbarie, 2006, Éditions Complexe, (ISBN 2804800741) disponilble sur Google livres [1]
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