- Hémiole
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En musique, une hémiole (mot grec qui signifie un et demi) désigne l’insertion d’un rythme — ou d'une structure rythmique — ternaire dans un rythme — ou une structure rythmique — binaire, ou inversement. Il s'agit d'un terme propre à la notation ancienne (musique baroque, notamment), mais qui subsiste dans certaines partitions contemporaines.
L'hémiole concerne donc le rapport 3/2 : deux mesures à trois temps sont jouées comme si elles étaient notées sous forme de trois mesures à deux temps.
- Par exemple, il est écrit 2+2+2, et on joue 3+3 ; ou encore, il est écrit 3+3, et on joue 2+2+2.
En musique baroque, l'hémiole est souvent insérée dans une mesure à 6/8 ou 12/8 (rythme binaire à structure ternaire), mais aussi dans des mesures classiquement ternaires (3/4, par exemple). Le rythme, normalement accentué en 3+3 est alors, cela est souvent clairement lisible dans la partition ou à l'écoute des notes, accentué en 2+2+2.
L'hémiole baroque est presque systématiquement intégrée à une cadence, parfaite le plus souvent, en fin de phrase. La rupture par l'hémiole de la régularité rythmique de l'œuvre permet alors d'attirer l'attention de l'auditeur sur le mouvement cadentiel concluant le morceau de musique ou l'une de ses sections.
Mozart prendra le contrepied de cette tradition dans le menuet (3e mouvement) de sa 40e symphonie. L'hémiole est présente dès le début du mouvement aux violons par une structure de phrase à 2 temps (sur 3 mesures) alors que la basse (violoncelles et contrebasses) propose un accompagnement à 3 temps comme mentionné dans le chiffrage de mesure.
Avant lui, Michael Haydn avait déjà donné un rythme très haché au Dies irae de son requiem en mêlant irrégulièrement, dès le début du morceau, des mesures 3/4 et des paires de mesures en hémiole formant l'équivalent de mesures en 3/2.
À l'époque romantique, Johannes Brahms, dont l'originalité rythmique constitue à elle seule une signature caractéristique, utilisera abondamment l'hémiole, tant dans ses œuvres orchestrales que dans son écriture pianistique.
- Le scherzo de sa seconde Sérénade en est, d'un bout à l'autre, un exemple typique : un thème binaire sur une mesure 3/4. Pendant 62 mesures dans le trio, les cordes martèlent un rythme à deux temps sur une pédale de tonique, tandis que les vents déroulent leur mélodie ternaire.
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