Hippodrome de Constantinople

Hippodrome de Constantinople

41° 00′ 23″ N 28° 58′ 33″ E / 41.0064, 28.9758

L'hippodrome de Constantinople aujourd'hui.
Plan de l'hippodrome dans le centre de Constantinople.

L'hippodrome de Constantinople est l'arène hippique monumentale de la capitale de l'Empire byzantin, dans laquelle se déroulaient des courses de chars et d'autres manifestations. Sa construction est commencée par l'empereur Septime Sévère dans la ville qui s'appelait encore Byzance, pour être achevée par Constantin Ier pour sa nouvelle capitale, Constantinople. L'hippodrome a été ensuite utilisé jusqu'à la fin du XIIe siècle, avant d'être partiellement incendié par les Croisés en 1203. Aujourd'hui, les vestiges de l'hippodrome sont visibles sur la place du Sultan-Ahmet (« Sultanahmet Meydanı », également appelée « At Meydanı » — place aux chevaux) à İstanbul.

Sommaire

Description

Structure générale

Architecturalement, l'hippodrome de Constantinople est un cirque romain conforme au modèle du Circus Maximus à Rome : en forme d'épingle à cheveux, l'édifice comprend une arène bordée de gradins formant une courbe semi-circulaire à son extrémité sud-ouest (la sphendonè) tandis que l'extrémité nord-est est occupée par les carceres (en grec, kankella ou aussi thyrai), les stalles de départ des chars, au nombre de douze. L'arène est divisée en deux pistes par une barrière, la spina (en grec, euripos), sur laquelle se dressaient de nombreuses colonnes et statues.

Les gradins étaient aménagés sur des passages voûtés faisant le tour de l'arène, excepté du côté des carceres. Au sommet des gradins courait un long portique. Légèrement excentré vers le sud du côté oriental des gradins se trouvait le Kathisma (en grec), la loge monumentale de l'empereur, l'équivalent du pulvinar au Circus Maximus. Cette structure à deux niveaux comprenait, outre la loge proprement dite, une salle de réception, et communiquait directement avec le Grand palais situé immédiatement à l'est (voir plan ci-contre), par un escalier en colimaçon (en grec, kochlias) dont l'accès était barré par deux portes de bronze.

La longueur totale de l'édifice n'est pas connue précisément en raison de sa destruction, mais devait approcher 450 mètres. La section fouillée de la sphendonè permet en revanche de donner la largeur précise du monument : 117,50 m pour la largeur extérieure, et 79,50 m pour la largeur intérieure.

On estime la capacité d'accueil de l'édifice de 30 à 50 000 spectateurs environ, soit le dixième de la population de la ville[1].

Ornementation

Comme la plupart des monuments édifiés par Constantin Ier dans sa nouvelle capitale, l'hippodrome était décoré de nombreuses sculptures apportées spécialement des grands sanctuaires et des cités de l'Orient grec :

Les courses de chars

Au signal de départ, le jet de la mappa par le consul ou l'empereur présidant les jeux, un mécanisme permettait d'ouvrir simultanément les douze stalles. Les chariots devaient effectuer sept tours de piste dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, en tournant autour de l'extrémité nord de la spina marquée par une borne, la meta (en grec, kampter). La ligne d'arrivée était probablement située dans la partie ouest de la piste, en face des tribunes où prenaient place les partisans des factions.

Histoire

Bien qu'associé à l'histoire de Constantinople, l'hippodrome existait déjà du temps de Byzance (Βυζαντιον, ou Byzantion en grec), une ville provinciale d'importance modeste. Il fut agrandi une première fois en 203 par Septime Sévère.

En 324, Constantin décide de transférer le siège de l'empire de Rome vers Byzance, qu'il appelle « Nova Roma » (Nouvelle Rome). Le nom ne parvient pas à être adopté, et la ville est désormais connue sous celui de Constantinople, la ville de Constantin. Ce dernier entreprend, entre autres grands travaux d'embellissement, d'agrandir l'hippodrome pour en faire un champ de course de quelque 450 mètres de long pouvant accueillir 100 000 spectateurs.

Pendant toute la période byzantine, l'hippodrome est le centre de la vie sociale de la cité. Des sommes énormes sont engagées dans les paris autour des courses de chevaux et la ville est divisée entre les supporteurs des Bleus (Venetii) et des Verts (Prasinoi), les Rouges (Rousioi) et les Blancs (Leukoi) étant pour leur part graduellement marginalisés et absorbés par les deux premières factions. Ces factions prennent progressivement une couleur politique et religieuse, et mènent parfois des combats qui débouchent sur de véritables guerres civiles comme la sédition Nika en 532.

Constantinople ne s'est jamais réellement relevée du sac de la ville, en 1203 et 1204, lors de la quatrième croisade, bien que l'empire ait nominalement survécu jusqu'en 1453. L'hippodrome, partiellement incendié, ne fut pas reconstruit. Les Ottomans qui font de la ville leur capitale ne prêtent aucun intérêt aux courses de chevaux et l'hippodrome reste à l'abandon. Le site, inoccupé, est utilisé pour des cérémonies officielles, comme la célébration de la circoncision du prince Mehmet, fils de Murad III, l'occasion d'un fastueux défilé des guildes dans l'arène de l'hippodrome (cette cérémonie a été immortalisée par les enluminures conservées à la bibliothèque du palais du Topkapi).

L'hippodrome est devenu aujourd'hui un lieu de promenade très fréquenté et touristique, connu sous le nom de « Sultanahmet Meydanı » (place du Sultan-Ahmet), ou encore « At Meydanı » (place aux Chevaux).

Annexe

Bibliographie

  • Wolfgang Müller-Wiener, Bildlexikon zur Topographie Istanbuls, Tübingen, Deutsches Archäologisches Institut, 1977 (ISBN 3-8030-1022-5) , 64-71 ;
  • (en) Alexander Kazhdan (dir.), The Oxford Dictionary of Byzantium, 3 vols., Oxford University Press, 1991 (ISBN 0195046528) s. v. Hippodromes, vol. 2, 934-935 ;
  • Gilbert Dagron, Naissance d'une capitale, Constantinople et ses institutions de 330 à 451, Paris, PUF, 1974 (ISBN 2130389023)  ;
  • (en) Alan Cameron, Circus Factions. Blues and Greens at Rome and Byzantium, Oxford University Press, 1976 (ISBN 0-19-814804-6) ;
  • (en) Sarah Bassett, The Urban Image of Late Antique Constantinople, Cambridge University Press, 2004 (ISBN 0-521-82723-X).

Notes et références

  1. Michel Kaplan, Byzance : IVe-XVe siècle, Paris, Hachette, 2006.

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