- Guérés
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Les Guérés désignent un groupe ethnique de la Côte d'Ivoire, vivant dans la région ouest du pays, près du Libéria. Il est installé dans les départements de Bangolo, Duékoué, Guiglo et Toulepleu et vit en Eburnie depuis plus de sept siècles. Si ce peuple vit aujourd'hui principalement entre le fleuve Cavally (frontière libérienne), le fleuve Sassandra (à l'est) et au sud des régions des 18 montagnes, dans le passé il fut installé plus au Nord, dans l'actuel pays Dan, mais fut peu à peu contraint de se retrancher dans la forêt qui caractérise sa région, à cause principalement, des invasions Mandingues du XVIIe siècle.
Les Wobés et les Guérés constituent en réalité un seul peuple, le peuple WE, divisé artificiellement par l'administration coloniale française.
Cependant, le terme Guéré, très couramment utilisé par les Ivoiriens et par les guérés eux-mêmes, est sujet à polémique, puisqu'il n'est qu'un terme créé par les colons lors de l'exploration puis de l'administration des régions reculées de la colonie ivoirienne. Ce terme, comme celui de Wobé, découle en fait d'une interprétation ou d'une mauvaise compréhension de la traduction, ou bien des guides qui accompagnaient les colons ou bien des colons eux-mêmes.
Ces termes "Guéré" et "Wobé" jugés de termes coloniaux, n'ont en effet jamais existé dans la langue WE, et de ce fait ne sont jamais utilisés par les personnes âgées originaires du pays WE. De nombreuses personnes originaires de cette région, jeunes ou plus âgées, ne supportent par ailleurs pas qu'on les nomment Guéré ou Wobé, termes inexistants dans la langue WE, et surtout, termes absolument humiliants ne serait-ce que pour la mémoire de leurs aïeuls envahis par les colons français, à l'époque de la conquête coloniale. Hélas, bon nombre de personnes, Wés y compris, continuent à se désigner comme guérés, signe de la marque profonde que porte encore l'Eburnie, plus d'un demi-siècle après son indépendance. D'ailleurs, de nombreux peuples de Côte d'Ivoire sont encore désignés aujourd'hui par le nom que leur a donné l'administration coloniale, il y a près d'un siècle de cela, sans qu'une véritable politique régionale de réhabilitation soit menée. Les gouvernements successifs en place n'ont jamais été réellement préoccupés par ce point d'honneur. Il en va de même pour de nombreux lieux, villes, départements, fleuves ivoiriens et bien sûr, le nom même du pays.
Durant la guerre civile qui a secoué le pays de 2002 à 2005, la région WE a payé un énorme tribut à cette lutte absurde et de nombreuses personnes ont péri alors que le pays We fut pratiquement livré à lui-même plus d'une année durant, à la merci des mercenaires libériens les plus barbares qui pouvaient passer allègrement la frontière, en l'absence de postes-frontières de l'armée ivoirienne, qui fuirent tous, comme le reste des troupes censées protéger leur patrie et cette partie du pays. De ce fait, de terribles exactions ont eu lieu dans le moyen-cavalli, ce qui a poussé certains Wegnons, comme l'illustre Maho Glo Fiehi, à former des brigades d'auto-défense citoyennes, afin de sauvegarder l'intégrité et l'honneur de sa région et de son pays, étant donné que ni l'armée ivoirienne qui avait déserté dans un premier temps, ni les fameuses forces tampons comme la Licorne française, n'eurent daigné apporter une réelle aide aux campagnards de ces régions paysannes. Plusieurs femmes issues de la région We ont par ailleurs créé le site Cri de Cœur, qui est hommage vibrant, à toutes les victimes de cette guerre.
Bibliographie
- Alfred Schwartz, La Vie quotidienne dans un village Guéré, éd. Inadès, Abidjan, 1975, 178 p.
Liens externes
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