- Georges de Podiebrady
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Georges de Bohême
Georges, seigneur de Kunstat et de Poděbrady (en tchèque : Jiří z Kunštátu a Poděbrad), né le 23 avril 1420 à Poděbrady, roi de Bohême (1458-1471) est le premier souverain européen rejetant la foi catholique, embrassant la religion de Jan Hus dont le signe caractéristique était un calice apposé sur les églises.
Fils de Victor, seigneur de Kunštát et de Poděbrady, un noble tchèque qui avait pris la tête de la rébellion taborite durant les guerres hussites, Georges prend part très jeune à la bataille de Lipany en 1434 qui vit la défaite des Taborites contre les Hussites modérés.
En tant que chef des Hussites, il mit en déroute les armées impériales menées par Albert II, beau-fils de l'empereur Sigismond Ier du Saint-Empire. Durant la minorité de Ladislas Ier du Saint-Empire, la Bohème se divise en deux camps : les Catholiques menés par Ulrich von Rosenberg (Oldřich z Rožmberka) (1403-1462) et les Hussites menés par Georges de Poděbrady.
Georges de Poděbrady, après plusieurs essais infructueux d'entente entre les deux camps, a recours aux armes, mobilise une armée hussite qu'il base dans le nord-est du pays où son fief est situé et, en 1448, marche sur Prague dans laquelle il entre quasiment sans rencontrer de résistance. La guerre civile continue cependant. En 1451, Frédéric III, tuteur du jeune roi Ladislas confie à Georges l'administration du royaume de Bohême, décision entérinée par la diète réunie cette même année et qui lui confie l'intendance du royaume. En 1453 la diète de Bohême élit roi Ladislas après que l'empereur l'ait libéré mais comme le roi n'a que treize ans, Georges de Poděbrady devient régent.
L'opposition entre les Tchèques hussites et les Catholiques proches du Saint-Empire demeure, mais Georges de Poděbrady se révèle homme de compromis. La mort prématurée du jeune roi donne lieu a des rumeurs d'empoisonnement dont les Hussites seraient à l'origine. Le 27 février 1458, la diète des États de Bohême élit Georges a l'unanimité. Même les partisans du camp catholique votèrent pour lui, soucieux de ménager un fort sentiment national et de garder les domaines de l'église romaine que certains d'entre eux avaient sécularisé.
Excellent administrateur, Georges de Poděbrady créa une haute administration qui subsista jusqu'à la guerre de trente ans. Le plus grave problème que le nouveau roi dut résoudre fut la menace de croisade brandie par le pape Pie II. Le pape dénonça en mars 1462 les Compactata et appela les sujets tchèques à la désobéissance, ce qui eut un certain succès dans les provinces restées pour l'essentiel catholiques (Moravie et Silésie). Le roi de Bohême réussit toutefois à détourner les intentions du pape en appelant toute la chrétienté à la croisade contre les Ottomans qui avaient pris Constantinople en 1453. La manœuvre faillit réussir mais Pie II meurt en 1464 avant de s'embarquer.
Ne pouvant s'entendre avec le nouveau pape Paul II, Georges de Poděbrady envoie en 1464 ses ambassadeurs dans toute l'Europe pour proposer à la chrétienté une alliance permanente sous la forme d'un traité instaurant une « Confédération des rois et princes chrétiens » dotée d’une assemblée permanente et d’une cour internationale de justice. Le projet est très élaboré comprenant les principes d'une assistance mutuelle automatique, d'un arbitrage international, etc. L’Assemblée se réunirait à Bâle, puis, en alternance, dans une ville française et italienne. Les fonds de la "caisse commune" seraient alimentés par la dîme perçue par l'église. Mais les rois préférèrent leurs vaines querelles au bien des peuples.
Le 23 décembre 1465, le pape Paul II excommunie le roi Georges et interdit aux sujets catholiques de la couronne de Bohème de lui porter allégeance. Jusqu'alors allié de Georges, Matthias Ier de Hongrie fait alliance avec Frédéric III, conquiert la Moravie et la Silésie, se fait couronner roi de Bohême à Olomouc le 3 mai 1469. Les années suivantes, Georges remporte des succès militaires, obligeant le roi de Hongrie à signer un cessez-le-feu. La mort du roi de Bohême, le 22 mars 1471, relance la guerre, cette fois pour la succession au trône de Bohême.
Précédé par Georges de Bohême Suivi par Ladislas V de Habsbourg
roi de BohêmeVladislas IV Jagellon Bibliographie
- Sous la direction de Denise Péricard-Méa, De la Bohême à Compostelle. Aux sources de l'idée d'union européenne. Projet du roi Georges de Podebrady (1464). Récit du voyage en Europe du seigneur Léon de Rozmital (1465-1467), Atlantica-Séguier, coll. Autour de Compostelle, 2008, 978-2-7588-0180-1
- (de) Claus Bernet, « Georges de Bohême », dans Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon (BBKL) , Band 21, Nordhausen 2003 (ISBN 3-88309-110-3), Sp.1183–1203.
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