Gaston Roge

Gaston Roge

Gaston Rogé

Gaston Rogé
Parlementaire français
Naissance 28 novembre 1886
Décès 1963
Mandat sénateur
Début du mandat 1932
Fin du mandat 1941
Circonscription Meurthe-et-Moselle
Groupe parlementaire
IIIe République

Gaston Rogé (Nancy, 28 novembre 1886 - 1963) est le dirigeant de la principale association d'anciens combattants en Meurthe-et-Moselle et un homme politique français de la IIIe République.

Sommaire

Études et vie professionnelle

Il est issu d'une famille de commerçants. Ancien élève du lycée Loritz à Nancy (école supérieure de commerce de 1903 à 1905), il devient représentant de commerce.

Président de l'A.M.C. en Meurthe-et-Moselle

Ancien combattant, mutilé de guerre, médaillé militaire et titulaire de la croix de guerre, il est le fondateur en avril 1916 de l'A.M.C., l'Association des mutilés et anciens combattants, qui est la plus ancienne et la plus puissante association d'anciens combattants dans ce département[1] . Il la préside pendant toute l'entre-deux-guerres. Affiliée à l'Union fédérale, elle dispose d'un bulletin, "L'Ancien combattant", et organise à Nancy les cérémonies du 11 novembre. Il est président honoraire de l'Union fédérale. Il s'oppose en 1933 au Comité d'entente des anciens combattants de Meurthe-et-Moselle, dont ne fait pas partie l'AMC, dans le contexte de la campagne de protestation menée par les anciens combattants contre les projets financiers du gouvernement, lui reprochant de "faire de la politique"[2]. Il s'est pourtant fait élire au Sénat l'année précédente. En 1936, l'AMC a voulu conserver son indépendance à l'égard des partis politiques et n'a pas souhaité se prononcer sur le Front populaire. Toutefois, Gaston Rogé se déclare à la fois adversaire du "bolchevisme destructeur et du conservatisme social aveugle". Il ne cesse surtout de réclamer la réconciliation des Français, dénonçant les "luttes stériles et épuisantes"[3] .


Carrière politique

Il est élu conseiller général du canton de Nancy-Sud en octobre 1928 et réélu en 1934 au premier tour. Il est élu sénateur le 16 octobre 1932 au second tour et remplace Henri Michaut qui ne s'est pas représenté. Il siège au groupe de l'Union républicaine.

En 1928, il est conseiller général URD mais il est plus proche de Désiré Ferry que de Louis Marin. Il évolue vers le Parti démocrate populaire; il est membre de la Fédération départementale de ce parti, fondée en 1924, et soutient publiquement aux législatives de 1932 le PDP Pierre Fisson contre le républicain national sortant Édouard de Warren, alors en conflit ouvert avec le PDP. Il se radicalise à partir de 1934. Il fustige dans un discours tenu à l'occasion de l'assemblée générale de l'A.M.C. "l'invasion des étrangers, des métèques, des heimatlos", responsable selon lui du triomphe de "la spéculation" et de "l'effondrement de la conscience professionnelle"[4]. En 1934, aux cantonales, il est candidat "républicain d'union nationale" et s'oppose aux "tenants avoués ou occultes du Front commun (...) révolutionnaire"[5]. C'est que l'affaire Stavisky l'amène à tenir des discours radicaux[6] . Le 11 février, le conseil départemental de l'AMC annonce que l'association se solidarise avec les manifestants du 6 février de l'U.N.C. (l'Union nationale des combattants, l'autre grande association nationale d'anciens combattants, plus à droite que l'Union fédérale ) et Gaston Rogé, quelques mois plus tard, refuse de considérer les manifestants du 6 février 1934 comme des factieux. En 1936, il est aux côtés de Louis Marin, Désiré Ferry et François Valentin pour la dernière réunion qui clôture la campagne électorale.

Il vote le 10 juillet 1940 les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il est nommé le 4 septembre 1941 conseiller municipal de Nancy par arrêté gouvernemental de Vichy, chargé de l'enseignement primaire et technique, et adjoint au maire Camille Schmitt. Il démissionne de ces fonctions le 9 décembre 1943. Il est ami de Déat et partisan de la Collaboration ; il écrit à Déat le 30 décembre 1942 que "Laval devrait de toute urgence désigner 20 ou 25 préfets régionaux sûrs, actifs et convaincus et les charger, en dehors de toute activité administrative directe, de redresser l'opinion et d'épurer les administrations ; je lui ai également conseillé de se débarrasser des sous-Darlan qui encombrent encore son gouvernement"[7]. Il est arrêté à la Libération de Nancy en 1944.

Sources

  • Jean-François Colas, "Les droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux", Thèse de doctorat, Université de Paris X-Nanterre, 2002
  • Jean El Gammal ( dir. ), "Dictionnaire des parlementaires lorrains de la IIIe République", Metz, Éd. Serpenoise, 2006, p. 180-181

Notes et références

  1. Jean-François Colas,"Les droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux", Thèse de doctorat, Université de Paris X-Nanterre, 2002, T. II, p. 377 : Elle comprend de nombreuses sections et sous-sections. Ses effectifs s'élèvent à 17 131 adhérents en 1928 et à 28 138 en 1933-35. Elle représente de 50 à 75 % des titulaires de la carte du combattant en Meurthe-et-Moselle en 1935. Ses effectifs déclinent ensuite de 1934 à 1939 : 27 833 cotisants en 1936.
  2. Ibidem, p. 389
  3. Ibidem, p. 409
  4. Jean-François Colas, op. cit., T. III, p. 555 ( in "L'Eclair de l'Est", 5 février 1934 ).
  5. Ibidem, T. I, p. 73
  6. Ibidem, p. 385 : "Hélas le scandale dure depuis longtemps. rappelons-nous les mercantis du front, les pilleurs de cadavres, les exploiteurs des régions libérées. (...)) Le remède ? Revenons à la mentalité et aux méthodes de la guerre, à la justice implacable et expéditive d'alors. (...) Si une telle rigueur était employée à l'égard des fripons chéquards de l'affaire Stavisky, les braves gens de France auraient la certitude que la justice n'est pas seulement implacable avec les humbles. (...) Pour moi, mes camarades, (...) je me recueille, mais quand le moment sera venu d'agir, je ne le laisserai pas passer (...) contre toute cette racaille" ( assemblée générale de la section nancéienne de l'AMC in "L'Éclair de l'Est", 5 février 1934 ).
  7. Cité par Olivier Wieviorka, "Les orphelins de la République. destinées des députés et sénateurs français (1940-1945 )", Paris, Ed. du Seuil, 2001, p. 257
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