- Fédération du Scoutisme Français
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Fédération du scoutisme français
Le Scoutisme Français fédère cinq mouvements de scoutisme. Cette fédération est membre fondateur de l'Organisation mondiale du mouvement Scout (OMMS) et de l'Association Mondiale des Guides et Eclaireuses (AMGE).
Les différentes associations du Scoutisme français
Cinq mouvements appartiennent à la fédération Le Scoutisme Français :
- les Éclaireuses et Éclaireurs de France (EEDF), laïques
- les Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France (EEUdF), protestants
- les Éclaireuses et Éclaireurs Israélites de France (EEIF), Juifs
- les Scouts et Guides de France (SGDF), catholiques
- les Scouts Musulmans de France (SMF), musulmans
Le Scoutisme Français rassemble plus de 80 000 jeunes et responsables autour d’une proposition éducative porteuse de valeurs citoyennes, solidaires et spirituelles. En tant qu’associations de jeunesse et d’éducation populaire, ces mouvements sont agréés par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, et les EEDF, EEUdF, EEIF et SGDF sont reconnus d’utilité publique.
Ces cinq associations se veulent réellement représentatives de la société nationale, tant par leurs origines que par les valeurs qu’elles transmettent. Elles s'enracinent dans une histoire commune, notamment une solidarité forgée dans la lutte contre l'occupant lors de la seconde guerre mondiale (à l'exception des SMF, fondés plus tard).
Néanmoins, la progression de l'effectif des mouvements non membres du S.F. (environ 40% en 2007), les tensions internes liées aux différences pédagogiques mais aussi idéologiques et son activité réduite mettent en cause sa légitimité. Une réflexion s'est engagée en 2008 pour définir les conditions du dialogue à ouvrir avec d'autres mouvements scouts, et notamment avec les quatre autres mouvements de scoutisme agréés par les pouvoirs publics.
Préambule : aux sources du scoutisme français (avant 1914)
Nicolas Benoit, le découvreur français du scoutisme
Scoutisme en France
Membres de la
Fédération du scoutisme françaisÉclaireuses Éclaireurs de France
Éclaireuses éclaireurs israélites de France
Éclaireuses et éclaireurs unionistes de France
Scouts et Guides de France
Scouts musulmans de France
Membres de la
Conférence française de scoutismeÉclaireurs neutres de France
Féd. des éclaireuses et éclaireurs
Guides et scouts d'Europe
IndépendantsScouts Unitaires de France
Autres associations indépendantes
Henri Viaux, dans son livre intitulé "Aux sources du scoutisme français" (Éditions du Scorpion, 1961), donne des précisions sur l'enquête menée par Nicolas Benoit en Grande-Bretagne, action qui montre que Nicolas Benoit a été avec Georges Bertier et Pierre de Coubertin l’un des promoteurs du Scoutisme en France.De par sa notoriété, Pierre de Coubertin, rénovateur des Jeux Olympiques modernes, a aussi joué un rôle considérable dans l'introduction du scoutisme dans notre pays qu'il considère comme un moyen de régénération de la jeunesse au même titre que le sport. Henri Viaux raconte l'unité initiale du scoutisme de France, une unité qui sera de bien courte durée (ndlr : 5 jours !) avant que l'oeuvre n'éclate en trois associations :
- les Éclaireurs Français (EF) avec Pierre de Coubertin.
- les Éclaireurs de France (EDF) avec Nicolas Benoit et Georges Bertier.
- les Éclaireurs Unionistes (EU) avec Samuel Williamson.
La désunion provenait moins de questions liés à laïcité comme on le croit souvent que du désir différent des Éclaireurs de France et des Éclaireurs Français de se démarquer plus ou moins fortement du scoutisme anglais, et le choix fait par les Éclaireurs Unionistes (EU) de puiser leurs sources directement dans l'Évangile. Mais les EU n'en resteront pas moins d’excellents partenaires des Éclaireurs de France (EDF), notamment à partir de 1923 avec les camps-écoles communs aux chefs EDF et EU encadrés en commun ou à tour de rôle à Cappy et une revue commune.
Mort de Nicolas Benoit et Maximilien Bayer
Né le 15 octobre 1875, Nicolas Benoit est tué au combat le 17 décembre 1914 sur l'Yser, à Nieuport-Steenstraete (Belgique).
Le 25 octobre 1917 à Nomeny (Meurthe et Moselle), un officier allemand commandant le 259ème régiment d'infanterie allemande est tué au combat. C'était Maximilien Bayer, premier président dès 1911 de la Deutsche Pfadfinderbund et l'un des fondateurs du scoutisme en Allemagne.
L'organisation des scouts en France : les premières années (de 1920 à 1939)
Les réalités culturelles et religieuses françaises n'ont pas permis la création d'un mouvement scout unifié comme dans la plupart des pays de tradition anglo-saxonne. Entre 1911 et 1923, sept associations scoutes se créent en France :
- les Éclaireurs Français (EF), Éclaireurs de France (EDF) et Éclaireurs Unionistes (EU) en 1911
- les Scouts de France (SDF) en 1920
- la Fédération Française des Éclaireuses (FFE) en 1921
- les Éclaireuses Israélites de France (EIF) et les Guides de France (GDF) en 1923.
Tandis que les associations scoutes masculines se forment selon des clivages religieux, la Fédération Française des Éclaireuses va constituer un mouvement extrêmement original avec ses trois sections neutre, israélite et unioniste (protestant). La FFE est ainsi plus fidèle au modèle britannique d’association unique ouverte à toutes les tendances de la société que les mouvements scouts masculins. Ce mouvement reste une expérience unique dans le paysage associatif français et un témoignage que d’autres chemins sont possibles.
L'ouverture d'esprit de la Fédération Française des Éclaireuses et la prise en compte des réalités communautaires permettent par exemple aux éclaireuses israélites d'être acceptées dès 1928 au sein de la FFE et créer la section "I" (Israélite), tout en étant membres des EIF, partageant groupes locaux et formations.
Importance de la formation scoute
Le premier camp de formation scoute est organisé en France en 1921 à La Croix-Saint-Ouen sur les bords de l'Oise en forêt de Compiègne. On y rencontre ensemble les chefs des EDF et des EUF, mais aussi le Père Jacques Sevin, un des fondateurs des SDF. Ce premier camp reçoit la visite de Baden-Powell, fondateur du scoutisme . Ce camp de formation est ouvert aux jeunes garçons, scouts ou non, et se propose de les initier au scoutisme. Un premier camp regroupe du 30 juillet au 6 août des chefs des trois mouvements pour mieux faire connaissance et préparer ensemble les trois camps de formation qui suivent : du 8 au 18 août pour les Éclaireurs Unionistes, du 20 au 30 août pour les Éclaireurs de France, et du 1er au 10 septembre pour les Scouts de France.
Le camp de La Croix-Saint-Ouen fait apparaître l'importance de la formation des chefs scouts dans le développement du mouvement scout en France. Cette priorité à la formation scoute se traduit par la création de deux centres de formation scoute dès 1923 : Cappy (Oise) pour les EDF, EUF, puis EIF, et Chamarande (Essonne) pour les SDF. En 1933, les EIF auront leur propre centre de formation à la Chapelle-en-Serval (Oise).
Création de l'Internationale scoute
En 1922, le congrès scout mondial organisé à l'initative de Baden-Powell à la Sorbonne à Paris fonde les bases de ce qui deviendra plus tard l'Organisation Mondiale du Mouvement Scout (OMMS) : une organisation mondiale de jeunesse oeuvrant pour la Paix et la Fraternité entre les hommes après les horreurs de la Première Guerre Mondiale, aux idéaux proches de ceux de la Société des Nations. Les scouts français participent activement aux jamborees, grands rendez-vous de cette internationale pacifique et joyeuse de la jeunesse.
Deux organismes de concertation sont alors créés en 1923 pour assurer une représentation commune des scouts français au sein du scoutisme mondial :
- le Bureau Inter-Fédéral (BIF) - pour le scoutisme masculin - regroupe les Éclaireurs de France (EDF), Éclaireurs unionistes (EUF) et Scouts de France (SDF) ;
- le Comité de Liaison - pour le scoutisme féminin - regroupe la Fédération Française des Éclaireuses (FFE) et les Guides de France (GDF).
En 1939, les Éclaireurs Israélites de France sont officiellement admis au sein du Bureau Inter-Fédéral du scoutisme (BIF), après avoir été refusés par deux fois : en 1928 et 1937, à la différence des éclaireuses israélites accueillies dès 1928 au sein de la Fédération Française des Éclaireuses (FFE).
Le Scoutisme Français de 1940 à 1945
Création de la fédération Le Scoutisme Français
Après la défaite militaire du printemps 1940, le Bureau Inter-Fédéral du scoutisme (BIF) réunit le 5 août 1940 à Vichy les directions des différents mouvements pour étudier les conditions d'un rapprochement des associations scoutes sur la base de l’équivalence des formations de cadres et des pratiques pédagogiques, chaque association conservant sa ligne spirituelle.
Historiquement, les relations entre EDF et SDF étaient difficiles en raison d'une différence d'approche du fait religieux ; pour les SDF en effet, le scoutisme ne pouvait être que religieux. Mais les conditions nationales de 1940 obligent les mouvements à plus d'entraide et de solidarités au service de la jeunesse de France, et un camp de chefs est prévu en septembre 1940 pour travailler à la création du Scoutisme Français. Ce camp de chefs se déroule au château de l’Oradou près de Clermont-Ferrand du 24 au 26 septembre 1940. La Charte de l’Oradou définit les rapports entre les associations. Le dépôt des statuts de la fédération "Le Scoutisme Français" est effectué le 24 décembre 1940 à la sous-préfecture de La Palisse.
Dissolution des Éclaireurs Israélites de France
Par une loi du 29 novembre 1941 du gouvernement de Vichy, le mouvement des Éclaireurs Israélites de France est dissout comme toutes les organisations juives non cultuelles. Le président du Scoutisme Français, le général Joseph Lafont, obtient des autorités de Vichy que les EIF, bien que ne faisant plus officiellement partie du Scoutisme Français, puissent continuer leurs activités scoutes sous le contrôle du Scoutisme Français.
Le 5 janvier 1943, par un simple courrier adressé au directeur de l'UGIF, Louis Darquier de Pellepoix, Commissaire général aux questions juives, ordonne "d'assurer une dissolution effective et immédiate des EIF et d'interdire leur regroupement sous une forme quelconque" (souligné dans le document original). Cette dissolution ne fait qu’accélérer le passage de ce mouvement à la clandestinité.
Le Scoutisme Français et l'État français
L’État Français entend faire du Scoutisme un pilier de sa politique de jeunesse. Cette intégration accorde au Scoutisme une audience et des moyens inédits. Le Scoutisme Français est le premier mouvement de jeunesse agréé le 24 juillet 1941. Cet agrément sera toutefois retiré en juin 1943.
Fondée sur l’ambivalence du retour à une société d’autorité, elle n’empêche pas un décrochage progressif vis-à-vis du régime, entamé dans la seconde moitié de 1942. Les contacts se nouent courant 1943 avec le Gouvernement provisoire installé à Alger qui possède sa politique éducative.
Le Scoutisme Français et la France libre
En mars 1943 en Grande-Bretagne est décidé la fusion du Scoutisme Français en Angleterre (les Éclaireurs français de Grande Bretagne créés en 1940 dont le Général de Gaulle est le président d'honneur) avec celui d'Afrique. C'est le Médecin Général Adolphe Sicé, rallié dès 1940 à la France Libre au Cameroun et l'un des artisans du ralliement de la colonie au Général de Gaulle, qui en prend la direction. Adolphe Sicé fait partie du mouvement des éclaireurs unionistes. Un Conseil d'Empire du Scoutisme Français est alors créé à Alger, capitale de la France Libre.
C'est à Alger que le Scoutisme Français écrit la réglementation des activités de jeunesse qui est toujours en vigueur. L'ordonnance du 2 octobre 1943 qui fonde jusqu'à aujourd'hui la base légale des activités des mouvements de jeunesse est en effet largement écrite par Pierre de Chelles, commissaire des Éclaireurs unionistes, nommé en mars 1943 responsable du Scoutisme français pour toute l’Afrique du Nord.
En novembre 1944 et malgré l’hostilité de l’administration, le collège algérien du Scoutisme Français accueille les Scouts Musulmans Algériens en son sein. En mai 1945, cette participation est remise en cause après les massacres de Sétif car les SMA sont accusés d'être complices ; la direction du SF tiendra bon.
A la Libération, le Scoutisme Français est installé comme partenaire du jeune ministère de la Jeunesse et des Sports.
Le Scoutisme Français de 1945 au début des années 1990
Les années fédérales
A sa création et jusqu'au début des années 60, le Scoutisme Français joue un rôle dynamique et fédérateur ; les programmes et pratiques scouts des différents mouvements sont très proches, ce qui facilite le travail en commun et permet des échanges fructueux.
En 1947, dans une période de restrictions et grâce à une mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs concernés, le Scoutisme Français est ainsi capable d'organiser le Jamboree mondial de 1947 à Moisson près de Paris, dit "Jamboree de la Paix", qui rassemble des scouts du monde entier après des années de guerre et d'interdictions.
A l'époque, il existe des programmes, pratiques et uniformes normalisés, des unités fédérales et des structures facilitant la pratique en commun de certaines activités comme les collèges locaux, les unités communes (dites fédérales) dans les écoles militaires, dans certains pays lointains ou dans la zone française d'occupation en Allemagne.
Le Scoutisme Français oeuvre au service de l'enfance défavorisée (handicapés physiques, mentaux et jeunes pré-délinquants). Dès 1947, des sessions de formations de chefs inter-mouvements ont lieu sur ce thème à Marly-le-Roi. Jusqu'au début des années 1960, le Scoutisme Français organise à Paris les conférences du Méridien à l'initiative d'Henri Joubrel, commissaire EDF à l'enfance défavorisée.
En Algérie le 20 novembre 1954 (trois semaines après le début de la guerre d'Algérie), une lettre ouverte au gouverneur général d'Algérie signée par le Scoutisme Français et 15 autres mouvements de jeunesse dénonce la situation d'oppression. Cette lettre fera un véritable scandale.
Tradition, évolution, révolution : les choix des associations
Les rénovations pédagogiques initiées dans les années 1960-1970, non concertées entre les différents mouvements scouts, entraînent un repli sur les programmes et pratiques des associations au détriment d'une pratique fédérale, commune et partageable. C'est notamment le choix de la co-éducation et la création de propositions pédagogiques spécifiques aux adolescents.
La Fédération française de éclaireuses (FFE) s'auto-dissout en 1964 ; sa section neutre rejoint les EDF pour créer les EEDF, la section israélite rejoint les EIF en 1969 pour créer les EEIF et la section unioniste (protestante) se fédère en 1970 avec les EUF pour créer la FEEUF. En 2004, les Scouts de France et les Guides de France fusionnent dans un même mouvement : les Scouts et Guides de France (SGDF).
Ces innovations pédagogiques ne sont pas acceptées par certains ; des mouvements scouts se développent qui entendent rester fidèles à la méthode scoute scoute d'origine : distinction éducative et matérielle des unités de filles et de garçons, maintien d'une branche "éclaireur" unitaire permettant une véritable autonomie et vie d'équipes de jeunes âgés de 12 à 17 ans (l'autonomie est moindre avec des équipes de jeunes âgés de 12 à 14 ans dans les "propositions" pour pré-adolescents séparées des propositions pour les adolescents).
Il est intéressant de souligner que dans d'autres pays (notamment chez les scouts américains), ces différentes propositions pédagogiques cohabitent et se complètent, enrichissant l'offre faite aux jeunes et à leurs familles par le mouvement scout.
Le Scoutisme Français : évolution et actualité
Création des Scouts Musulmans de France
Le 9 février 1991, en pleine guerre du Golfe, les Scouts de France et les Scouts Musulmans de France, sous l’impulsion du Cheïkh Khaled Bentounés, signent un protocole de partenariat en présence des représentants des régions arabe et européenne de l’OMMS. En février 1992, le Scoutisme Français accueille les Scouts Musulmans de France comme membres associés, puis comme membres à part entière le 1er janvier 1994, ce qui permet aux SMF d'être membres à la fois de l‘OMMS et de l’AMGE. Le 10 août 1992, les Scouts Musulmans de France ont obtenu leur agrément en tant qu'association nationale de jeunesse et d’éducation populaire. Les SMF tirent leur origine des réflexions et pratiques d’animation et de formation de la jeunesse de culture musulmane par des croyants, engagés dans une action éducative.
Aujourd'hui
Le Scoutisme Français participe aux programmes et activités de l'OMMS et de l'AMGE. Il est partenaire de l'administration française en matière d'élaboration des formations et des réglementations des camps et activités de scoutisme. Il organise des stages fédéraux de formation de formateurs ainsi que des sessions BAFD.
Lors de l'année du centenaire du scoutisme en 2007, une réflexion s'est engagée entre les membres de la fédération pour actualiser les statuts et pratiques afin de prendre en compte les réalités du scoutisme en France et établir le périmètre d'un éventuel dialogue avec d'autres mouvements scouts, et notamment les quatre autres mouvements agréés par les pouvoirs publics, à savoir l'association des guides et scouts d'Europe (AGSE), les éclaireurs neutres de France (ENF), la fédération des éclaireuses et éclaireurs (FEE) et les scouts unitaires de France (SUF).
L'insigne du Scoutisme Français
Les cinq associations membres du SF utilisent sur leur uniforme scout et dans leur communication un insigne commun. Cet insigne combine trois symboles, valorisant la fraternité mondiale scoute et guide :
- à gauche, la fleur-de-lys, logo de l'OMMS ;
- au centre, le logo tricolore du Scoutisme Français, combinant une fleur-de-lys et un trèfle orné des lettres S et F ;
- à droite, le trèfle, logo de l'AMGE.
Sources
Liens externes
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