François Naville

François Naville (1883-1968) était professeur de médecine légale et doyen de la faculté de médecine à l'Université de Genève.

Vie

"François Naville descend d’une famille historiquement et politiquement liée au destin de Genève, dont l’ancêtre Jacques Naville a accédé à la bourgeosie de cette ville en 1506. François Naville, lui-même petit-fils du grand philosophe Ernest Naville (1816 - 1909), est né le 14 juin 1883 à Neuchâtel, où son père, Henri- Adrien, enseignait la philosophie à l’Académie, avant d’être appelé à l’Université de Genève. François Naville fait ses études secondaires à Genève et obtient la Maturité en 1901. Il étudie ensuite la médecine à l’Université de Genève et dans d’autres universités suisses et étrangères, et obtient en 1907 à Genève le diplôme fédéral de médecin. Il fait des stages entre autres chez Dejerine à Paris et chez Kraepelin à Munich. En 1910 - après une dissertation sur l’aliénation mentale dans l’armée suisse et les armées étrangères - il devient docteur en médecine. Privat-docent en neurologie en 1912 (thèse sur le «Répétitoire des maladies du système nerveux»), il se consacre d’abord essentiellement à la neurologie et à la psychiatrie infantile et s’oriente plus tard vers la criminologie clinique, sans pourtant renoncer à son intérêt pour la neuropsychiatrie. François Naville fut nommé en 1928 professeur extraordinaire de médecine légale, et en 1934 professeur ordinaire et directeur de l’Institut de médecine légale à l’Université de Genève. Auteur de plusieurs travaux scientifiques importants (19, 20), il était président du Conseil de surveillance psychiatrique et médecin-inspecteur des classes d’enfants anormaux du Canton de Genève, ainsi que président de la Société Suisse de Neurologie entre 1930 et 1932, et doyen de la Faculté de médecine de Genève de 1948 à 1950. A l’armée, le professeur Naville avait le grade de lieutenant-colonel; de 1938 à 1941 il fut médecin chef de la brigade frontière I. Retraité en deux temps, en 1952 et en 1956, il meurt subitement le 13 avril 1968 dans sa 85e année."^[1]

Le massacre de Katyn

Naville était membre de la Commission Internationale de 1943 qui investigait le massacre de Katyn:

"Le professeur François Naville, directeur de l’Institut de médecine légale de l’Université de Genève, est le seul expert vraiment neutre dans cette commission. Fin avril 1943 ses membres visitent les fosses communes à Katyn et concluent, que les exécutions ont eu lieu au printemps 1940, c’est-à-dire dans la période où ce territoire se trouvait sous l’hégémonie soviétique. Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, au Conseil d’Etat de Genève, le député du parti du travail (communiste) M. Jean Vincent pose, le 11 septembre 1946, la question sur le rôle joué par le professeur Naville, dans «l’Affaire de Katyn». M. Vincent lui reproche d’avoir accepté de se rendre à Katyn et prétend que le massacre de Katyn était l’oeuvre des Allemands eux-mêmes. Dans sa réponse le professeur Naville décrit les conditions d’appel et d’acceptation de sa mission et maintient les conclusions d’expertise de 1943. Il déclare qu’en signant le rapport sur Katyn il n’a «nullement cherché à rendre service aux Allemands, mais exclusivement aux Polonais et à la Vérité». Il ne trouve, malheureusement, ni compréhension, ni soutien de la part du CICR et du Département politique fédéral. Ces institutions ont agi d’une façon strictement pragmatique, avec le seul but de ne pas offenser le gouvernement soviétique et d’éviter les complications diplomatiques. Ils voulaient «ne pas savoir» qui était responsable du massacre de Katyn. Finalement, en 1989, les Soviétiques ont confirmé que dans cette affaire il s’agit d’un des plus épouvantables crimes staliniens."^[2]

"En avril dernier, près de quarante ans après sa disparition, François Naville recevait la Croix de commandeur de l’Ordre du mérite de la République de Pologne. Remise à titre posthume, cette distinction venait saluer un courage scientifique peu commun."^[3]

Références