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Explosion de l'abri Sadi-Carnot
L'abri Sadi-Carnot est creusé en pleine ville de Brest de 1941 à 1942 par Messieurs Estrade et Pommeret. Il s'étend sur une longueur de 560 mètres entre la porte de Tourville (porte de l’arsenal) et la place Sadi-Carnot (centre-ville) à une profondeur variable.
En juin 1940, la ville est occupée par les Allemands. Les premiers bombardements de grande ampleur frappent la ville de Brest. L'occupation de la Penfeld par les sous-marins allemands valent à la ville des bombardements plus intensifs et plus meurtriers. Fin mars 1941, la présence des bâtiments de la Kriegsmarine : Prinz-Eugen, Scharnhorst et Gneisenau entraîne l’augmentation de la fréquence et la violence des bombardements. La décision de construire un grand abri souterrain au Centre Ville est prise.
Le 31 juillet 1944, les Américains effectuent la percée d'Avranches et foncent vers Brest sans rencontrer de résistance. Le général Patton est persuadé qu'une semaine lui suffira pour faire tomber Brest. Le 7 août, les premiers blindés américains se trouvent du côté de Milizac. Les troupes américaines qui amorcent un mouvement de contournement de la ville se retrouvent cloués par des tirs d'artillerie. C'est le début du siège de Brest. Il durera 43 jours avant la reddition des Allemands le 18 septembre 1944.
Le 14 août, les civils qui se trouvent encore dans Brest évacuent. L'abri Sadi-Carnot est alors le siège de ce qu’il reste des services administratifs de la municipalité. Victor Eusen est alors le Président de la Délégation Spéciale qui assure la survie des 2 000 Brestois restés dans la cité. La moitié de l’abri (256 mètres) occupée par la population civile (de la place Sadi-Carnot à la rue Amiral-Linois). La partie occupée par les troupes d'occupation s'étendait de la rue Amiral-Linois à la porte Tourville.
Le 3 septembre, le Général Ramcke convoque Monsieur Eusen et lui annonce qu'il se défendra jusqu'au dernier homme dans les fortifications de la ville. Il exige l'évacuation de tous les civils car il a besoin des abris. Mais celle-ci est devenue impossible. Il consent à laisser aux Français une partie de l'abri Sadi-Carnot à condition qu’ils n’en sortent plus. Il accueillait principalement les dirigeants de la Délégation Spéciale, les services municipaux, le service sanitaire, des infirmières de la Croix Rouge, des dirigeants du Secours national, des assistantes sociales, une dizaine de religieuses des Ordres de l'Assomption, de la Providence et du Bon Secours et des membres de la Défense Passive... Du coté allemand, il y avait des soldats de la division Todt et des parachutistes de la compagnie de réserve.
C'est dans la nuit du 8 au 9 septembre 1944 qu'a lieu la catastrophe. A 2 heures 30 du matin un soldat Todt chargé du groupe électrogène qui alimente l'abri se lève pour le mettre en marche. Suite à une fausse manœuvre un incendie éclate. À proximité se trouvait un groupe électrogène de secours utilisé pour la lumière et tout à côté une réserve assez grande de carburant. Enfin une grande quantité de munitions était entreposée dans l’abri. Ceux qui réagissent rapidement sortent dans les fumées après avoir monté les 154 marches de l’escalier. Un grondement sourd d'une énorme puissance ébranle la voûte. Ceux qui sont au bout du tunnel sont éjectés comme des fétus de paille. Les autres sont coincés contre la grille qui s'est refermée sous le choc ou morts à l’intérieur. Toutes les munitions ont explosé transformant le long tunnel en un véritable canon. Les flammes s'élèvent à 30 mètres au-dessus de l'entrée. 371 Français sont morts, carbonisés d'un seul coup; 5 à 600 Allemands auraient été tués. Monsieur Victor Eusen est au nombre des victimes.
L'abri Sadi-Carnot est remodelé dans les années 60 pour en faire un abri anti-atomique. On peut voir à l'intérieur de l'abri deux grosses portes blindées ainsi qu’un cénotaphe.
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