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Einherjar
Les Einherjar ou Einheriar (Einheri au singulier en vieux norrois) étaient les Fylgjas (esprits) des guerriers d’exception qui étaient morts bravement lors des combats, « l’arme à la main ».
Mythe
Les Valkyries choisissaient les Einherjar et les emportaient. Certains guerriers qui souhaitaient survivre à ces batailles, ne levaient pas les yeux au ciel pour ne pas attirer l'attention des Valkyries qui pouvaient les faire périr pour les emporter.
Ils échappaient pour leur plus grande satisfaction à « la mort de paille » c'est-à-dire la mort naturelle dans leur lit qui destinait ces esprits à prendre le chemin de Hel où la douce Hela, Déesse de la mort dont le visage est à demi plongé dans l’ombre des ténèbres, les conduisait sur un vaisseau pour suivre le courant de l’une des douze rivières, les Élivágar dont l’une d’entre elles débouchait dans le pays de Gimlé (équivalent des Champs Élysées grecs).
Une toute autre destinée attendait ces Einherjar ! Les Valkyries relevaient ces glorieux combattants pour les accompagner à Ásgard. Une partie de ces héros allait au Valhöll, dans le palais d’Odin, l’autre partie au Fölkvangr, le palais de Freyja. Pour expliquer ce choix entre Odin et Freyja, certaines transmissions orales (Propriété Óðal) expliquent que les guerriers dévolus à Odin sont ceux d’entre eux qui vouent leur existence à la guerre et aux batailles, et que l’on nomme les offensifs. Les guerriers dévolus à Freyja sont ceux d’entre eux qui mènent des combats pour protéger leurs familles, leurs clans et leurs biens, et que l’on nomme les défensifs.
L’historienne Else Roesdahl a remarqué que, dans les sépultures contenant des armes, dans celles de Norvège les guerriers avaient des boucliers (défensifs), et au Danemark ils avaient uniquement leurs armes d’attaques (offensifs)[1].
Les guerriers d’Odin sont chaque jour réveillés par le coq Gullinkambi, pour se rendre au vaste champ d'Idavoll situé au centre d'Asgard pour combattre les uns contre les autres dans de joyeux et mortels combats. Au crépuscule, les morts reprennent vie, les blessés guérissent et tous se retrouvent au banquet d’Odin, où ils festoient servis par les délicieuses Valkyries. Ils s’abreuvent de l’hydromel de la chèvre Heiðrún qui se nourrit elle-même des feuilles de l’arbre Yggdrasil. Andhrímnir, le cuisinier des Dieux, a préparé un somptueux repas avec l’énorme porc Sæhrímnir. Les animaux des Dieux ont tous un nom, c’est dire l’importance qu’ils accordent à leurs compagnons, ils sont si soucieux de leur bien être qu’ils vont jusqu’à redonner vie à ces derniers quand il leur arrive de les consommer ! Aussi le généreux porc Sæhrímnir reprend vie chaque matin pour être consommé chaque soir. (Il est arrivé à Thor de conserver les os de l’un de ses boucs qu’il avait été contraint de manger, afin de lui redonner vie au plus vite !)
Les clercs chrétiens prétendirent dans des sagas écrites quelques siècles après l’ère Viking que les Einherjar se préparaient pour un combat final lors du Ragnarök mais cette version est démentie dans les Propriétés Óðal, et remise en question également par les historiens, quant à la bonne foi de leurs auteurs qui voulaient voir disparaître les croyances et les dieux païens. Le Ragnarök serait en fait une réécriture chrétienne d’un mythe très ancien, évoquant une bataille éternelle et non une bataille ultime. De nombreux textes en font état : la Ragnarsdrápa de Bragi Boddason ou des textes plus récents de Saxo Grammaticus ou le Sörla Thattr, celui de la Hjadninga él ou Hjadninga vig, lui-même tiré d’une Hildar saga…[2]
Le Grímnismál décrit le Valhöll en précisant que ce palais possède 540 portes. Une porte permet à 8 centaines (en vieux Norrois, une centaine : hundrað, peut vouloir dire 100 ou 120) de guerriers de marcher de front.
Notes et références
- ↑ « Vikings, enquête sur les secrets des maîtres de la mer », les cahiers de Science et vie n°80 avril 2004, article de Anne Nissen Jaubert (Institut national de recherches archéologiques préventives)
- ↑ Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, édition Payot, page 141, (ISBN 978-2-228-90165-9)
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