Eglise Saint-Joseph de Waterloo

Eglise Saint-Joseph de Waterloo

Église Saint-Joseph de Waterloo

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L’Église Saint-Joseph de Waterloo est construite au XVIIe siècle.

Église Saint Joseph

Sommaire

Origine de l’édifice

La chapelle forestière dédiée à sainte Anne a été brûlée peu avant. Les Waterlootois veulent la reconstruire mais buttent sur le financement. Depuis vingt ans les producteurs de bois payent un impôt — le centième denier — sur leurs ventes. La somme rassemblée, imortante à l’échelle du hameau, ne suffit pas. Le nouveau gouverneur général des Pays-Bas espagnols, Don Francisco Antonio de Agurto, marquis de Gastañaga intervient : il évoque la stérilité désespérante de son souverain, le souffreteux et maladif Charles II d'Espagne, dernier des Habsbourg d’Espagne. Malgré ses deux mariages, il n’a toujours pas de descendant. Édifier une chapelle à saint Joseph, modèle spirituel de l’infortuné monarque, est considéré comme un bon moyen de remédier à cette stérilité.

Construction

La cause est entendue et la cérémonie de pose de la première pierre, rehaussée par la présence de l’archevêque de Malines, a lieu le 26 juin 1687. Comme tout ce qui se construit à l’époque, l’architecture de l’édifice, attribuée au carolorégien Philippe Delsaux, emprunte au langage du classicisme français : une rotonde, un dôme et, surtout, un portique à colonnes, référence à l’Antiquité, donnant à l’édifice une solennité toute royale. Elle est encore renforcée par la présence de deux lions sur le fronton du portique. C’est un monument imposant, tout en contraste avec la modestie des hameaux qu’il dessert.

Inaugurée en grande pompe le 19 février 1690, la pieuse intention du marquis reste sans effet sur la famille du monarque et sur sa carrière : il est rappelé à Madrid pour n’avoir pas suffisamment défendu la ville de Mons, prise par la France.

Petite histoire

Les aléas du découpage administratif compliquent la vie de la nouvelle chapelle royale. Construite à la lisière de la forêt de Soignes, au lieu-dit petit Waterloo, elle dépend de la paroisse de Rhode-Saint-Genèse et, partant, du diocèse de Malines. Or, l’essentiel du hameau, le grand Waterloo, est du ressort de la paroisse de Braine-l'Alleud, dans le diocèse de Namur. Pour éviter l’hémorragie de fidèles, le curé de Braine veut s’approprier la nouvelle chapelle. Malgré les oppositions, il l’obtient temporairement pour éviter au curé de Rhode, vieillissant, de longs et dangereux déplacements à travers la forêt. La mort de ce dernier remet la question sur le tapis. S’agissant d’une fondation royale, payée avec les deniers du gouvernement espagnol, Bruxelles garde la haute main sur la nomination du recteur. Malgré ses propos calomnieux, le curé de Braine est écarté au profit de Guillaume-Albert Le Roy, chapelain depuis déjà trois ans.

Révolution française

Peu après la Révolution française et l’annexion des Pays-Bas méridionaux, la chapelle royale n’échappe pas à la vente comme bien national. Thomas Gillet, homme d’affaires parisien avisé et sans scrupules, l’achète pour une bouchée de pain, comme il a déjà acquis les abbayes voisines d’Aywiers et de Wauthier-Braine. La messe est désormais célébrée clandestinement dans la grange de la ferme de la veuve de Philippe Pastur par le courageux abbé Bierlaire, réfractaire comme la plupart de ses confrères brabançons.

Pour valoriser ses investissements, le spéculateur immobilier démantèle les bâtiments et vend les matériaux. Il décoiffe la chapelle royale de son toit de plomb qu’il cède aux fournisseurs des armées pour en faire des balles de fusil… mais l’opposition de la population est telle qu’il hésite à poursuivre. Entre-temps, Napoléon signe le Concordat avec le pape et Waterloo devient paroisse autonome. La commune sollicite la générosité de ses concitoyens pour racheter la chapelle et la réapproprier au culte, chose faite le 10 juin 1806.

Agrandissements

L’édifice baroque, de plan central, se révèle toutefois bien trop petit pour accueillir la masse des fidèles, qui compte désormais 1500 âmes. Un premier projet d’agrandissement avait déjà été dessiné par Louis Montoyer en 1789. Après avoir un moment songé à démolir la chapelle pour reconstruire une église à Mont-Saint-Jean, l’idée d’un agrandissement refait surface. La commune dispose du terrain nécessaire et la solution est certainement moins onéreuse. Le temps de rassembler dons et subsides, les travaux sont menés à bien pendant les années 1823 et 1824. Un hall de brique, surmonté d’une toiture en ardoise, prolonge désormais le dôme vers l’arrière. Fermé vers la rue, celui-ci accueille désormais le chœur. Les pièces maîtresses du mobilier — la chaire de vérité et les bancs de communion en chêne massif sculpté — sont récupérés à l’abbaye des Blanches Dames d’Aywiers…

Trente ans plus tard — entre 1855 et 1858 — on restaure et agrandit encore l’édifice devenu vétuste, en le dotant d’un vaisseau à trois nefs néo-classiques garni, comme pendant du dôme du côté ouest, d’une tour carrée de brique surmontée, en 1899 seulement, d’une flèche en cuivre de 22 mètres de hauteur. Le revêtement intérieur mélange la pierre blanche et le stuc. Des pilastres ioniques soutiennent un fort entablement qui supporte les nervures croisées du toit et de la calotte de la coupole, éclairée par un lanternon et six œils-de-bœuf. Les Britanniques participent financièrement à l’opération. Les architectes Émile Coulon et Joseph Dumont, grands spécialistes de l’architecture religieuse, sont sollicités. Un facteur d’orgues de renom, Pierre-Hubert Anneessens, réalise un buffet tellement remarquable qu’il est vendu, un siècle plus tard, dans des circonstances troubles, par un restaurateur peu scrupuleux. Il est aujourd’hui mis en valeur dans une petite église du sud des Pays-Bas…

Actuellement

Malgré le classement de la rotonde et du portique comme monument en 1956, l’église Saint-Joseph est dans un état dégradé. En cause, les deux guerres mondiales, les tempêtes et les premiers effets de la pollution de l’air par l’automobile. Une intervention urgente est mise sur pied à l’occasion du 150e anniversaire de la bataille de Waterloo, avec l’aide des Britanniques, mobilisés pour la cause par les descendants de leurs valeureux soldats. L’architecte Albert Degand a le souci de faire disparaître les ajouts du XIXe siècle qui dénaturent l’édifice comme le jubé, les plaques commémoratives, les enduits qui recouvrent la pierre. La rénovation, achevée en 1972, consacre la séparation de l’ancienne chapelle royale et du vaisseau de l’église. L’arc d’entrée vers l’église a été maçonné, ne laissant plus comme passage qu’une porte vitrée dont la dimension et les chambranles rappellent ceux du portique.

À droite de l’église, l’ancien presbytère, construit au moment du premier agrandissement, présente une belle façade néo-classique. L’entrepreneur se serait inspiré des plans de Louis Montoyer, archivés à la Révolution, pour construire ce bel hôtel à plan carré, précédé d’un perron à double volée surmonté, autrefois, d’une lucarne à fronton. Désaffecté en 1968 en raison de son piètre état, il a abrité à titre précaire des associations, des services communaux et même le cabinet du bourgmestre, avant d’être rénové pour accueillir, en 1995, la Fédération touristique de la nouvelle province du Brabant wallon. La disparition de celle-ci a amené la création de la maison du tourisme de Waterloo et des communes avoisinantes.

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