- Détrempe
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La détrempe est une peinture dont les pigments sont liés par des colles de collagène (colle de peau, etc.) ou des polysaccharides (gomme arabique, gomme indigène, etc.) en solution aqueuse.
Parent pauvre de la peinture flamande de l'époque ― si l'on peut considérer la tapisserie comme un art d'une somptuosité infinie dont les possibilités monumentales sont à ce point grandes que l'on a pu dire que les tapisseries sont comme les fresques des artistes flamands ―, la peinture à la détrempe ne fut qu'un ersatz et de la tapisserie et de la fresque. C'étaient des œuvres décoratives peintes sur toile et destinées, tout comme les tapisseries, à la décoration d'intérieurs, non pas princiers, mais bourgeois.
Des peintres aussi grands que Pierre Bruegel l'Ancien ou Jacob Jordaens pratiquèrent cet art, et parmi leurs émules, nous citerons Matthieu et Jérôme Cock, Pierre Boon, Jean de Hollander, Jean Bol, Corneille van Dalen, Michel de Gast, Jean et Paul de Vries, qui sont autant de peintres de paysages et de perspectives urbaines relevant de l'école d'Anvers.
Le genre connut une très grande vogue et fut même industrialisé selon le système du travail à la chaîne. Les grands centres en furent Courtrai et Malines, surtout Malines, ville qui ne comptait pas moins de 150 ateliers pratiquant la peinture à la détrempe vers les années 1535 - 1540. En raison de leur extrême fragilité, presque toutes ces peintures disparurent au cours des siècles, de telle sorte que l'on ne peut plus guère citer que quelques œuvres relevant de cette industrie d'art si spécifiquement flamande, notamment L'Adoration des Rois Mages, de Pierre Bruegel l'Ancien, des Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles.
Tüchlein
Composé d'une « fine toile de lin et de couleurs à l'eau », le tableau de Pierre Bruegel l'Ancien est des rares exemples de peinture exécutée à la détrempe sur une fine toile de lin non préparée (Tüchlein), qui soient parvenus jusqu'à nous depuis les XVe et XVIe siècles pendant lesquels cette technique a surtout été utilisée. La rareté des peintures de ce type (probablement due à leur fragilité) et le peu de mentions qui en sont faites dans la littérature ne signifient pas qu'elles étaient peu courantes à l'époque. Certains parmi les plus grands peintres n'ont pas hésité à recourir à cette technique : ainsi les deux célèbres toiles signées de Bruegel à la Galerie nationale de Naples La Parabole des Aveugles et le Misanthrope (emportés en Italie, ils furent probablement sauvés des moisissure), le Dresdener Altar d'Albrecht Dürer et les têtes d'Apôtres du même artiste à la Galerie des Offices, ainsi que plusieurs œuvres de primitifs flamands, telles la Mise au tombeau de Thierry Bouts à la National Gallery de Londres, la Déploration de Hugo Van der Goes de la Galerie Wildenstein à New York, La Vierge à l'Enfant du même artiste au Musée Malaspina de Pavie, L' Adoration des Mages de Juste de Gand au Metropolitan Museum de New York.
L'emploi de cette technique semble avoir presque disparu avec l'apparition de la peinture à l'huile sur toile préparée.
Ces détrempes ont en commun un aspect clair et mat, provenant notamment de la faible teneur en liant de la matière picturale. Le pouvoir d'absorption de la toile, sa couleur et l'absence de préparation blanche excluent les effets de transparence caractéristiques de la peinture flamande sur panneau préparé. La toile est ici souvent employée comme ton de base ou demi-ton.
Mise à part cette différence essentielle, tout le registre des moyens picturaux est possible : les tons plats couvrants, les modelés fondus ou hachurés, les traits de pinceau précis, les empâtements.
Bibliographie
- M. Eemans, La Peinture Flamande de la Renaissance au Pays-Bas, 1968
- Albert Philippot, Nicole Goetghebeur et Regine Guislain-Wittermann, Traitement d'un Tuchlein au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles, 1969
Catégorie :- Technique picturale
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