- Doc(k)s
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DOC(K)S est une revue de poésie contemporaine, qui explore les formes visuelles, sonores et expérimentales qui ont marqué le XXe siècle. Elle est actuellement dirigée et éditée par Akenaton.
Sommaire
L'évolution de la revue
DOC(K)S est fondé, en France en 1976, par Julien Blaine, poète, qui en assume la direction et l'édition jusqu' en 1989. À cette date, Julien Blaine, choisit d’arrêter la publication de DOC(K)S, puis (1990-91) souhaitant que l’aventure reprenne, en propose la direction et responsabilité éditoriale à Akenaton (Philippe Castellin, Jean Torregrossa), groupe de poètes engagé depuis le milieu des années 1980 dans une démarche intermedia[1].
Depuis 1976, 140 numéros, fort copieux pour certains, ont été publiés qui se répartissent en 4 "séries".
- La première (1976-1987) dominée par l’investigation systématique de pratiques poétiques issues de zones géographiques ignorées en Europe en général et en France en particulier.
- La seconde (1987-1989) caractérisée par une structure moins souple, organisée en rubriques récurrentes et selon un modèle somme toute classique pour les revues littéraires.
- La troisième (1990-2007) identifiée par des numéros "thématiques" et mise en œuvre par Jean Torregrossa et Philippe Castellin, s'apparentant à des "chantiers", grâce notamment à sa liaison au numérique (web, CD, DVD, poésie programmée, etc.) a gagné rapidement une place majeure en France et une notoriété internationale[2]
- La 4° série, initiée en 2006-2007, se différencie de la précédente par l’actualisation du comité international et par le retour de Julien Blaine au sein du comité de rédaction, pour la publication du numéro "Théories/Poésies : « la poésie_entre_deux_siècles ». Au-delà, présence du numérique, format et apparence de la revue, choix de travailler par "chantiers", etc., 3° et 4° séries se différencient peu et la charge éditoriale continue à être assumée par Akenaton[3].
Revue et matière poétique
Les 4 "séries" partagent en fait le même « programme ». Il s’agit en premier lieu d’intégrer au matériau poétique la totalité des éléments sémiologiques, depuis l'écriture ou le texte envisagés plastiquement, jusqu’à l'image, au graphisme, et à l’ensemble des signes ou effets liés à la voix, au corps, au geste performatif. Cet élargissement de la gamme des signifiants rapporte DOC(K)S aux Avant-Gardes du début du XXe siècle et (concrets, visuels ou sonores) aux multiples courants de l'expérimentation poétique internationale, avec lesquels il partage l’intention d’élargir la diffusion poétique au-delà du circuit de la vie littéraire en l'insérant dans le monde contemporain, ses medias, et son langage.
Logique avec ce programme (d'ailleurs plus mis en œuvre qu’abstraitement énoncé), DOC(K)S efface volontairement et constamment les rôles et les distinctions : entre « genres » comme entre versant créatif et technique. La revue est réalisée par des poètes qui y assument des fonctions de typographe, maquettiste, réalisateurs video ou programmeurs, afin d’intégrer créativement au registre des signes poétiques tous les paramètres de l'objet imprimé comme ceux des produits électroniques. Par le souci pratique accordé aux valeurs de l'écriture, par les multiples traitements auxquels il soumet chaque page jusqu'à la rendre image, DOC(K)S se distingue sensiblement de toutes les autres "revues de poésie" et, malgré la diversité du matériau qu'il articule, réussit à se constituer lui-même en objet poétique de second rang, macro-poème doté d'une identité immédiatement différencié par sa langue syncopée, riche en collages cut-up et détournements.
L'ouverture au format numérique
La cohabitation non redondante, (à partir de 1996) du support imprimé, du web et des supports électroniques (CD, DVD…) encartés dans la revue « papier », permet en outre que DOC(K)S, lié au site du même nom, s’affirme depuis lors comme un dispositif complexe échappant au standard des revues littéraires ou poétiques. Un objet ouvert en devenir permanent[4].
DOC(K)S, lieu de croisements
Les modalités de fonctionnement de la revue renforcent ces traits. Sans cesse et dès son nom, qui réfère conjointement aux documents qu'on livre et aux opérations d’import/export, DOC(K)S s'est en effet défini comme nexus au sein d'un réseau international cousin du mail art et annonciateur du web, réseau qui, nourrissant par ses envois chacune des parutions, en fait un véritable « meeting/melting point » à l’échelle de la planète. Pareil modèle a permis à DOC(K)S, aux antipodes de tout nombrilisme culturel, de "révéler" certains noms, majeurs de la poésie mondiale, sans jamais fermer la porte à des auteurs encore inconnus - ou voués à le demeurer. En quelque 25 000 pages, 3000 poètes de toutes origines ont ainsi pu se rencontrer et faire entendre leurs singularités, inventaire provoquant un élargissement inédit de la vision que nous pouvons avoir de la poésie contemporaine.
Entre les XXe et XXIe siècles, DOC(K)S signe par là le passage de l'âge des groupes verticalement structurés et idéologiquement saturés à celui des réseaux horizontaux, transversaux et affinitaires. Par la logique de communication créative qu’il instaure, DOC(K)S réfère à l'univers électronique et au village polymorphe de Mac Luhan, tandis que, par l’hybridation des codes, il relève de l’universel esperanto numérique; on ne s'étonnera pas que l’une des parutions de la 3° série aie été (96-97, en collaboration avec Alire[5]) consacrée à la « poésie animée par ordinateur». Livraison accompagnée du premier CD-Rom de poésie de ce type jamais publié[6]
Références
- Dick Higgins au sein du groupe Fluxus Le terme d'Intermedia est un concept inventé initialement par
- Entretien vidéo avec Philippe Castellin, sur les dix-sept années de mise-en-oeuvre de troisième série de DOC(K)S.
- Sommaire des tous les numéros série par série
- cf. Magazine littéraire, Jacques Donguy, article "Nouvelles expérimentations" - Mars 2001, article lié au numéro WEB_DOC(K)S.
- Article de Jean-Pierre Balpe sur Alire et DOC(K)S
- Article d'Alain Vuillemin mettant en évidence en quel sens, Tout d'abord Alire puis DOC(K)S en collaboration avec Alire fut novateur quant à la diffusion numérique de la poésie.
Sources
- Philippe Castellin, DOC(K)S mode d’emploi, histoire formes et sens des poésies expérimentales, éditions Al dante, 2004.
- « De DOC(K)S » - in Un destin pour Marseille, éditions Via Valeriano;, 1994.
- Article « DOC(K)S » dans le Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours, coordonné par Michel Jarrety, éditions, P.U.F, 2001.
Voir aussi
Lien externe
Catégories :- Revue de poésie
- Média Internet
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