De La Recherche De La Vérité

De La Recherche De La Vérité

De la recherche de la vérité

De la recherche de la vérité

Illustration de De la recherche de la vérité

Édition de 1712 chez Michel David


Auteur Malebranche
Genre Métaphysique cartésienne
Pays d'origine France France
Lieu de parution Paris
Éditeur André Pralard
Date de parution 1674-75

De la recherche de la vérité. Où l’on traite de la Nature de l’Esprit de l’homme, et de l’usage qu’il en doit faire pour éviter l’erreur dans les Sciences (1674-75) est une œuvre de Nicolas Malebranche. Elle est composée de six livres, et d’Éclaircissements.

Au chapitre IV du Livre I, Malebranche expose ainsi le programme du traité : « Premièrement, on parlera des erreurs des sens ; secondement, des erreurs de l’imagination, en troisième lieu, des erreurs de l’entendement pur ; en quatrième lieu, des erreurs des inclinations ; en cinquième lieu, des erreurs des passions ; enfin après avoir essayé de délivrer l’esprit des erreurs auxquelles il est sujet, on donnera une méthode générale pour se conduire dans la recherche de la vérité ».

Sommaire

Livre I

Dans le premier Livre, consacré aux erreurs des sens, Malebranche commence par poser en philosophe chrétien que la liberté, c’est à dire le mauvais usage de la volonté, est la véritable cause de nos erreurs.

Puis, il analyse les erreurs de la vue à l’égard de l’étendue en soi, les erreurs des yeux touchant les figures (les limites de la perception concernant les plus petites et l’inexactitude concernant les grandes), les erreurs visuelles concernant la grandeur ou la vitesse du mouvement considéré en soi ainsi que le repos. Puis il passe au erreurs touchant les qualités sensibles. Ici, Malebranche montre que se sont les faux jugements qui accompagnent nos sensations et que nous confondons avec elles, qui sont la cause de ses erreurs, et non la sensation elle-même.

Dans le chapitre XVI, Malebranche montre que les erreurs des sens nous servent de principes généraux pour tirer de fausses conclusions qui servent de principes à leur tour. Il en déduit que les formes substantielles et autres erreurs de la scolastique en furent la conséquence.

En morale, il pense que les sens n’offrent que de faux biens, lesquels sont l’origine des erreurs des épicuriens et des stoïciens qui préfèrent ses faux biens à Dieu, le seul Bien.

Les sens sont donc l’origine d’erreurs dont les conséquences vont bien au-delà de la sensation et s’étendent aux domaines de la connaissance et de la morale.

En conclusion du Livre I, Malebranche pense que nous devons douter de ce que nos sens nous rapportent et autant que possible limiter leur usage à la conservation de notre corps.

Livre II

Le livre II est consacré aux erreurs de l'imagination. Malebranche commence par élaborer une théorie purement physiologique de l'imagination reposant sur la théorie des esprits animaux de Descartes. L'aire, Le chyle, les nerfs, mais aussi le vin sont des causes du changement des esprits indépendants de la volonté mais soumis à la providence.

Malebranche analyse ensuite les causes psychologiques qui influencent à plus long terme les fibres du cerveau, telles que la mémoire, les habitudes... Soumettant cette analyse aux variations de l'âge et du sexe, il examine les communications entre le cerveau de la mère et de son enfant, entre le cerveau et les autres parties du corps et voit dans l'influence de l'imagination une explication de la génération des enfants monstrueux.

Il analyse ensuite les changements de l'imagination de l'enfant par l'influence de sa mère et de ses proches. Puis viennent les changements de l'imagination sous l'influence des études et de la lecture. Là, il critique la soumission à l'autorité, les commentateurs serviles et au contraire les inventeurs de nouveaux systèmes qui le plus souvent ne se préoccupent que de leurs propres fantaisies et enfin les sceptiques qui « regardent toutes choses qu'on leur dit comme de simples opinions ».

Enfin, après avoir considéré la faculté d'imitation comme l'origine de la communication des erreurs qui dépendent de la puissance de l'imagination, Malebranche analyse « la communication contagieuse des imaginations fortes ». Distinguant les fous véritables et les autres, il analyse leur puissance de persuasion à travers la critique sévère de certains auteurs (Tertullien, Sénèque et Montaigne qu'il exècre particulièrement), mais aussi des sorciers et des loups-garous qui sont de purs produits d'une imagination déréglée. Le livre se termine par une mise en garde contre les visions de l'imagination et leur communication aux autres hommes.

Si le Livre II, typique de la philosophie classique et du rationalisme se caractérise par une critique virulente de l'imagination, toujours sucpectée de perturber le bon fonctionnement de l'entendement, Malebranche se singularise par son approche positive et physiologique des fonctions cérébrales, la finesse de ses analyses et le sens de l'observation et enfin par la volonté de concevoir l'imagination et ses déréglements comme un signe de la chute de l'homme et de la présence en lui du péché originel dont il défend, comme Augustin, la théorie de la propagation sexuelle.

Livre III

Dans la première partie, Malebranche expose une théorie de l'entendement ou esprit pur assez proche de Descartes.

Considérant la pensée comme l'essentiel de l'esprit dont la sensation et l'imagination ne sont que des modifications, Malebranche pense comme Descartes que la limitation de l'esprit qui est borné et incapable de comprendre ce qui vient de l'infini est à l'origine des erreurs de l'entendement. Mais il en tire une conclusion peu cartésienne : Dieu étant infini, il faut soumettre l'esprit fini à la foi afin d'éviter de tomber dans l'hérésie.

Critiquant ensuite les philosophes qui sombrent le plus souvent dans la confusion par manque de méthode et d'application dans leurs études, il loue, à la suite de Descartes, les géomètres « principalement ceux qui se servent de l'algèbre et de l'analyse » et pense que la méthode géométrique, contrairement à la logique d'Aristote, augmente la force de l'esprit. Enfin, la volonté, par son inconstance entrenne l'esprit vers les plaisirs de la terre et l'éloigne de la contemplation des idees pures parmi lesquelles les plus grandes vérités de la morale chrétienne.

Livre IV

Livre V

Livre VI

Éclaircissements

Lors de la publication du traité, le premier publié par Malebranche, ses contemporains en retinrent surtout le cartésianisme : dualisme de la pensée et de l'étendue, règle de l'évidence, méthode utilisant les Regulae de Descartes, influence de la Dioptrique et du Traité de l'homme, physique cartésienne. Même la conception de l'âme, simple occasion des mouvements du corps, pouvait être tirée des cartésiens La Forge et Cordemoy. Malebranche apparaît encore comme l'un des nombreux cartésiens essayant de se relier à l'augustinisme. La rupture avec le cartésianisme intervient avec la publication des Eclaircissements (1678). Si le 10e Eclaircissement critique directement la thèse cartésienne de la création volontaire des vérites éternelles tout en plaçant en Dieu « l'étendue intelligible », d'autres insistent sur la transmission du pêché originel (11e) ou développent pleinement l'occasionalisme et ses conséquences (15e). Mais sutout, la pensée de Malebranche, jusqu'ici centrée sur l'homme opère un retournement théocentrique. Désormais, tout part de Dieu. Tous les rapports, physiques, toutes les valeurs morales ne sont que l'expression de l'Ordre immuable. Dieu ordonne toute chose par sa volonté qui se règle sur sa sagesse. Les vérites sont incréées, elles sont coéternelles à la substance divine. Comme l'homme ne perçoit toutes choses qu'en Dieu, son devoir est de connaître l'univers comme Dieu le connaît, en y decouvrant les vérités éternelles. Selon l'ordre de ses vérités, les lois qui règlent l'univers sont générales. La raison en est que la loi la plus simple est la plus générale. Dieu gouverne donc le monde par les voies les plus simples qui seules sont conformes et dignes de sa Sagesse éternelle et immuable. Tout, des corps jusqu'à Jésus-Christ, est conduit par cette Sagesse et cet Ordre immuables dont le dessein est la meilleure expression possible des perfections divines. La création n'est donc pas une fin en soi. Elle n'est qu'un moyen permettant le retour de l'esprit vers son créateur. Ce n'est pas la création, mais Dieu qui est parfait. À la fin des fins, Dieu n'a d'autre fin que lui-même.

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