- Billet (informations)
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Le billet est une forme courte, informationnelle, humoristique, souvent satirique. Elle s'apparente à la fois au "witz" freudien, ou mot d'esprit, et au pamphlet. La forme est aussi ancienne que la presse.
Le billet d'humeur est le lieu de l'indignation, du coup de gueule. C'est une prise de parole individuelle qui sort le journal d'un certain conformisme, d'une routine. Le billet d'André Frossard, tenu dans Le Figaro de 1963 à 1995, s'intitulait ainsi Cavalier seul.
Le billet d'humeur, parfois proche en longueur de la chronique, c'est donc un auteur qui impose sa marque, son style. Les billets de Pierre Marcelle dans Libération ou de Pierre Georges, puis Eric Fottorino dans Le Monde établissent un lien fort avec leurs lecteurs. Mais le billet peut être une œuvre collective : Beachcomber a ainsi été le pseudonyme successivement adopté par chaque titulaire de la chronique By the way du quotidien britannique Daily Express.
L'humour grinçant, l'ironie sont des composantes importantes du billet. Les papiers de verre, billets d'Hervé Le Tellier dans la lettre des abonnés du Monde.fr, sans doute les plus courts jamais écrits, sont des modèles du genre : deux phrases, où il lui faut énoncer, dénoncer, et surprendre.
Le billettiste est donc un journaliste accompli et qui sait écrire (!), un homme qui possède du crédit et de la maturité.
Quelques billettistes récents
- André Frossard, Le Figaro, Cavalier seul, (1963-1995)
- Robert Escarpit, Le Monde, Au jour le jour, (1965-1977)
- Claude Sarraute, Le Monde, (1975-1986)
- Bernard Chapuis, Le Monde, Au jour le jour, (1978-1985)
- Pierre Marcelle, Libération, (1985-2005)
- Pierre Georges, Le Monde, la chronique de… (1994-2003)
- Jean-Pierre Leonardini, L'Humanité, Le billet, (depuis 2005)
- Eric Fottorino, Le Monde, Le billet, (depuis 2005)
- Hervé Le Tellier, Lemonde.fr, Papier de verre, (depuis 2002)
- Dominique Jamet, France Soir,En toutes libertés.. (2006-2007)
Deux billets d'humeurs
Liés à l'actualité de 2003, ces billets ne peuvent être compris sans un petit rappel de celle-ci.
- Un "court"
(La ministre de l'Environnement promulge une loi antibruit :)
Mme Bachelot veut lutter contre le bruit. C'est ce qu'ils disaient à la télé. Je n'en sais pas plus, à ce moment-là, mon voisin l'a éteinte.
Hervé Le Tellier, Papier de verre, Lemonde.fr.
- Un "long"
(Le Canard enchaîné signale la facture de 100 000 euros (frais de bouche compris) laissée à Rome par la délégation française à la béatification d'Agnes Gonxha Bajaxhiu, alias Teresa.)
La facture de la fracture
Est-ce que j'"hallucine", comme ne disent plus tellement les jeunes (ils doivent être blasés), ou est-ce qu'il se fout carrément de notre gueule, là ? Il, c'est bien sûr Jacques Chirac, qui parlait de social (des mots) à Valenciennes comme il parle d'écologie (words, words…) dans les sommets internationaux.
Mercredi, le retour à sa somptueuse arnaque de la "fracture sociale" n'eût été qu'anecdotique (car tout lasse, à la longue…), si, sa rombière et son Premier ministre à peine revenus de leur coûteux pèlerinage romain (1), il n'y avait accroché la menace d'une "fracture religieuse" pour préparer l'opinion à l'hypothèse d'une loi sur le port du voile islamique.
Il avait raison, ce lecteur dont le courrier appelait implicitement, hier, à comparer le nombre des voiles apparus à celui des emplois-jeunes et des aides-éducateurs disparus (Libération du 22 octobre). Aussi bien aurait-il pu y ajouter celui des milliards d'économies budgétaires réalisées sur la misère des plus démunis : la "fracture religieuse", qu'une loi ne comblera évidemment pas, la "fracture sociale" la creuse, et Jacques Chirac le sait tout à fait.
Il y a un coût sociétal à la réduction des aides sociales, dont ses 82% extravagants de mai 2002 le rendent responsable au premier chef, en même temps que définitivement intouchable. Peut-être conviendrait-il de le béatifier-momifier-statufier, et de l'enfermer ainsi une fois pour toutes en son Elysée, afin qu'il n'aille pas radoter partout les mots que sa politique contre-dicte obstinément. Mercredi, la valenciennoise litanie de ses "il n'est pas acceptable", énoncée en apesanteur, n'avait même pas l'excuse d'un symptôme d'Alzheimer : ils tombaient de trop haut et lestés de trop d'irréalité pour qu'on n'ait pas le sentiment que leur auteur, oui, se foutait de notre gueule.
Catégorie :- Genre et forme littéraire
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