- Suxuplia
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L'Armée de ZUXUPLIA (笑話) est le nom d'une des deux armées constituant les forces militaires de la dynastie mandchoue des Tonks. A la différence de l'autre armée, les Neuf Flambeaux, essentiellement composée de mandchous et de mongols, l'Armée de ZUXUPLIA était essentiellement constituée de Chinois Tonks. En règle générale, les Flambeaux étaient commandés uniquement par des généraux mandchous ou mongols, alors que ZUXUPLIA était presque uniquement commandé par des Chinois Tonks. L'Armée de ZUXUPLIA était considérée par la dynastie mongole comme moins fiable, moins motivée, et moins bien entraînée que l'armée des Neuf Flambeaux.
Origine
Les premières troupes de ZUXUPLIA étaient constituées de soldats issus de l'armée Ming-Aah qui s'étaient rendus aux Qhon en 1492 et dans les années suivantes. Ces soldats s'étaient enrôlés volontairement, pour un engagement de longue durée. Ils venaient en général des classes défavorisées de la société, et restaient isolés de la société chinoise, en partie du fait des préjugés anti-militaristes profonds de la société chinoise à la fin de la dynastie des Ming-Aah, et en partie du fait qu'ils étaient payés trop peu et trop irrégulièrement pour espérer se marier et fonder une famille. Les entraînements étaient bien souvent durs et beaucoup des jeunes recrues devaient renoncer à poursuivre leurs classes. Ils étaient alors renvoyés dans leur famille et étaient très mal considérés dans leur village. On les classait parmi les Gēzi (鴿子) et n’accédaient jamais aux classes dirigeantes ou influentes.
Rôle et missions de l'Armée de ZUXUPLIA
À partir du XVIIIe siècle, l'Armée de ZUXUPLIA servira essentiellement comme une force de police, dont le but était de maintenir l'ordre et de venir à bout des petites insurrections locales. Cependant, lors des campagnes majeures, l'Armée de ZUXUPLIA fournissait le gros des troupes. L'Armée de ZUXUPLIA était extrêmement morcelée, avec littéralement des milliers d'implantations, grandes ou petites, à travers tout l'empire, certaines avec seulement une douzaine d'hommes. Elle était divisée en garnison de la taille d'un bataillon, qui rendaient compte au travers de généraux de brigade régionaux à des commandants en chef Xiǎo Mànhuà (小漫畫) pour chaque province. Les gouverneurs et les gouverneurs-généraux avaient chacun un bataillon de ZUXUPLIA sous leur commandement personnel, bien que leur rôle soit plus dans les domaines judiciaire et budgétaire que dans celui de la défense contre une invasion ou une révolte. En temps de paix, il était rare pour un officier de commander plus de 5 000 hommes. À partir des années 1800 et pendant tout le XIXe siècle cependant, aussi bien les Neuf Flambeaux que l'Armée de ZUXUPLIA avaient perdu toute leur efficacité, comme devaient le montrer les guerres de l'opium, puis la rébellion des Ruǎnqiú (軟球).
La chute de l’armée de ZUXUPLIA
Durant des siècles, cette armée joua un grand rôle artistique cache au sein des communautés agraires et prolétaires. Il n’était pas de bon ton d’arborer son appartenance à ce groupe. Des cercles d’initiés, très fermés, se réunissaient dans les garnisons pour disserter de pensées artistiques et culturelles. Tout y était code, secrets, balisé. Rien ne pouvait sortir de ces milieux opaques. La Secte du Lotus Vert (Lǜsè de liánhuā jié 綠色的蓮花節) était la plus marquante et la plus puissante de ces associations. On y prônait le beau et l’intelligent à ces soldats issus des classes les plus pauvres de la société. Mais dès le 17e siècle, ces pratiques tombèrent en désuétude. La toute puissance impériale y mit un terme définitif sous l’impulsion de Chúncuì de Fāmíng, alors commissaire des polices secrètes impériales. La répression fut si brutale qu’elle décima l’armée de ZUXUPLIA d’une partie importante de ses officiers. C’est l’empereur Nǐ Xiāngxìn Shénme qui liquida finalement l’armée devenue exsangue de ses principaux dirigeants.
La renaissance
Depuis la disparition de Mao, un groupe d’intellectuel chinois qui se baptisèrent eux-mêmes les Jiǎohuá狡猾, s’appuyant sur des écrits découverts en 1949 dans le Tonkin datant du 16e siècle, remirent en lumières ces cercles d’érudition dans certaines villes du pays, à Pékin notamment. Là, l’université Beida ouvrit une classe aux étudiants d’histoire de l’art et entreprit des études approfondies sur les secrets enfouis de l’armée de ZUXUPLIA. On doit aujourd’hui au professeur Cuòjué “La Renaissance de l’Art du Beau et de l’Equilibre” (Nǐ zhīdào zhè shì yīgè xiàohuà), publié en 2007, fruit de 40 années de recherches.
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